La DFCI (Défense des forêts contre les incendies) d’Aquitaine fête ses 90 ans. Sur le devant de la scène depuis les grands incendies de l'été 2022 qui ont frappé la Gironde, elle s’est vue octroyer de nouvelles missions de surveillance, ainsi que des moyens deux fois plus importants que les années précédentes.
Le printemps n’est pas encore installé et pourtant, dans la forêt des Landes de Gascogne, les patrouilles sillonnent déjà le domaine. Au volant de son véhicule jaune et rouge, Claude Desbats scrute les bois de Saint-Aubin-de-Médoc. “On patrouille tous les week-ends pour voir s’il n’y a pas des personnes et, le cas échéant, faire de la prévention.”
À quelques mètres, un véhicule stationné est repéré, pourtant interdit dans le domaine en cette période d’alerte. “On va s’arrêter et relever le numéro d’immatriculation”, détaille le bénévole de la DFCI de Saint-Aubin-de-Médoc.
Nouvelle mission, nouvelle légitimité
Malgré la météo pluvieuse de ces derniers mois, le risque incendie est bien présent. “Il n’est pas uniquement en été. Les fougères sont desséchées par l’hiver et les terrains sont humides. Dans ces conditions, s’il y a un départ de feu au milieu, les pompiers ne pourront pas intervenir avec leurs véhicules”, explique Bernard Barbeau, président de l'antenne saint-aubinoise de la DFCI.
Cette particularité du massif des Landes de Gascogne, les 2 500 bénévoles de la région la connaissent bien. Depuis 1934, ils entretiennent les 150 km de pistes et les massifs, tout en surveillant l’état du domaine forestier.
Cette année, l’association s’est vue confier une nouvelle mission : la surveillance et la prévention auprès des usagers de la forêt qui mobilisera jusqu’à 600 bénévoles. “Elle officialise ce qu’on faisait jusqu’à présent de façon indépendante”, précise Bruno Lafon, le président de la DFCI de Gironde. Sous la coordination de leur fédération, les agents de l’association vont “occuper du terrain” pour observer et renseigner les gendarmes lorsqu’ils assisteront à une scène “suspecte”, comme un véhicule abandonné. “Il y a une certaine légitimité aujourd’hui. Nos véhicules deviennent clairement identifiés, tout comme nos équipes grâce à leurs tenues”, avance Bruno Lafon, qui précise qu’il s’agit d’opération de prévention et de sensibilisation, la répression restant du domaine des gendarmes.
Si on tombe sur un départ de feu, on peut procéder à un premier arrosage en attendant les pompiers. Sans ça, ce serait de la non-assitance à foret en danger.
Bruno LafonPrésident de la DFCI de Gironde
De nouvelles missions, assorties d’une flotte de 19 nouveaux véhicules, octroyés aux mairies au travers du Fonds vert. Le dispositif du ministère de la Transition écologique vise à accompagner les collectivités territoriales pour, ici, adapter le territoire au changement climatique et à l’amélioration du cadre de vie.
Quatre millions d'euros
Pour autant, l’annonce majeure cette année concerne la nouvelle dotation, promise par Emmanuel Macron, en novembre 2022, à l’issue de grands incendies de l’été. L’Aquitaine a reçu près de quatre millions d’euros cette année, contre 1,8 million, les années précédentes. “Les pouvoirs publics nationaux et régionaux ont pris conscience du risque qu’il y avait”, se réjouit Bruno Lafon. En France, l’État a ainsi débloqué 39 millions d’euros aux régions soumises au risque incendie.
On aura toujours besoin de moyens supplémentaires, mais c’est un très bon début.
Bruno LafonPrésident de la DFCI de Gironde
Pour lutter contre les feux, la Gironde détient neuf points d’eau ainsi que deux citernes, surveillés par la DFCI. Le département reste le premier en nombre d’incendies déclaré chaque année.