Elles sont peut-être déjà dans vos jardins. En Nouvelle-Aquitaine, plus de 300 espèces invasives ont été recensées. Pour les spécialistes, un retour en arrière est inenvisageable, seule la régulation est aujourd’hui possible.
Raisins d’Amérique, jussie, arbre papillon : leurs noms sont aussi jolis que leurs fleurs et pourtant, toutes ces espèces sont dites invasives.
Destruction des milieux, impact sur la santé
Importées d’Asie ou d’Amérique, elles se sont installées dans les paysages aquitains, devenant parfois une menace pour la biodiversité locale. Comme ici, la jussie, qui se développe à la surface de l’eau, va “créer un tapis dense, de l’envasement, et empêcher la bonne oxygénation de l’eau”.
“Ces plantes vont entrer en concurrence avec les espèces locales, émettre des substances qui vont appauvrir la biodiversité. Elles peuvent même avoir un impact sanitaire en menaçant notre santé au quotidien. L’ambroisie à feuille d’armoise peut notamment créer de très fortes crises d’asthme”, illustre Audrey Prampart, responsable du Pôle biodiversité au Centre permanent d'initiatives pour l'environnement du Lot-et-Garonne.
Elles peuvent même avoir un impact sanitaire en menaçant notre santé au quotidien. L’ambroisie à feuille d’armoise peut notamment créer de très fortes crises d’asthme
Audrey Prampartresponsable Pôle diversité - CPIE 47
Si ces plantes invasives sont difficiles à réguler, le combat est le même du côté de la faune. Outre le frelon asiatique, désagréablement célèbre, des centaines d’espèces s’immiscent dans les populations locales.
Ultra-résistantes
En Lot-et-Garonne, c’est le cas de l’écrevisse de Louisiane. Introduite dans le département dans les années 70, elle est aujourd’hui un prédateur redoutable, grâce à une résistance à toute épreuve.
“Elle a un caractère agressif, territorial, qui va mettre les autres espèces dehors pour prendre leur place. Elle peut également se reproduire très vite et parcourir plusieurs kilomètres en nageant ou en creusant des tunnels”, détaille Quentin Molina, responsable technique de la Fédération de pêche du Lot-et-Garonne.
Pour preuve : la disparition de l’écrevisse à patte blanche, directement liée à la présence de ses cousines américaines. Aujourd’hui, elle a atteint les piscicultures de la fédération de pêche et menace directement le repeuplement des cours d’eau. “Elle va consommer une partie de notre production comme les œufs, les alevins”, regrette Quentin Molina.
En France, 3500 espèces invasives sont désormais répertoriées et difficiles à canaliser. “On n'a plus de moyens pour les retirer complètement. Il faut contrôler leur dispersion, qu’on maîtrise de mieux en mieux grâce aux connaissances qu’on acquiert sur leur mode de vie”, précise Audrey Prampart. Ces plantes invasives sont aujourd’hui l’une des premières causes de disparition des espèces indigènes.