Quatre jeunes filles ont harcelé durant plusieurs mois une adolescente d'un collège de Gironde. La victime, agressée physiquement, a dû quitter l'établissement. Sa famille envisage de déménager. Son témoignage poignant révèle le cauchemar vécu quotidiennement par un élève sur dix en France.
Elle a 13 ans et a vécu des mois d'angoisse dans son collège près de Bordeaux.
La jeune victime choisit de témoigner anonymement aux côtés de sa mère, en ce 10 novembre, journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire.
Elle raconte les insultes quotidiennes, les brimades et la boule au ventre tous les matins au moment d'aller en cours. Quatre jeunes filles lui font vivre un enfer.
Et puis un jour viennent les violences : cheveux arrachés, griffures et petit doigt cassé.
Y'en a une qui m'a pris par les cheveux, une autre les pieds, une troisième les mains et elles m'ont frappé, griffé, j'ai des cicatrices aux genoux. J'ai essayé de me défendre mais je n'y arrivais pas.
La jeune victime est également harcelée sur les réseaux sociaux. Son quotidien devient invivable. Au début, elle n'en parle pas à sa mère. C'est donc un choc pour sa maman, le jour de l'agression physique de sa fille.
Quand on récupère son enfant dans un état comme ça, avec du sang, les cheveux arrachés, et qu'elle a entendu dire "aujourd'hui tu vas mourir", j'accepte pas!
Face à ces violences, la jeune victime est contrainte de changer d'établissement et sa famille envisage aujourd'hui de déménager.
"C'est la double peine"
Wilfrid Issanga préside en Gironde l'association de lutte contre harcèlement scolaire. Selon lui, pas assez d'établissements scolaires prennent en compte aujourd'hui le phénomène du harcèlement scolaire.
Et il dénonce le fait que ce soit aux victimes de quitter leur établissement, pas aux agresseurs.
En obligeant la victime à quitter son établissement pour échapper à son ou ses agresseurs, on lui impose de quitter ses amis, son environnement : c'est la double peine !
Wilfrid Issanga, directeur de l'association ALCHM
Un élève harcelé n'en parlera pas seul à ses parents, rappelle-t-il. C'est à eux de s'en inquiéter. Les premiers signes de harcèlement scolaire se manifestent par un changement de comportement, une mauvaise alimentation et une peur d'aller en classe. Il faut alors réagir et alerter les autorités.
Un programme pHARe dans toutes les écoles et collèges
Instaurée en 2015, la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire de ce 10 novembre s'inscrit dans le cadre d'un programme de lutte contre le harcèlement à l’école (pHARe).
Ce programme, déployé initialement en 2019 dans six académies, est désormais étendu à toutes les écoles élémentaires et les collèges.
Selon le ministère de l'Éducation nationale, quatre élèves sur dix en primaire estiment avoir été victimes de harcèlement au moins une fois (insultes, mise à l’écart, vol…) et un élève sur dix est victime de harcèlement au quotidien.
Ce programme pHARe permet aux établissements d’élaborer un plan de prévention contre les violences scolaires : des heures de cours sont spécialement consacrées à la sensibilisation des élèves, des "ambassadeurs" sont choisis dans les collèges et une journée "Safer Internet Day" vise à sensibiliser les élèves et leur entourage aux bons usages du numérique.