En visite à l'Ecole Nationale de la Magistrature, le Premier ministre a réitéré son soutien à la Justice et a rappelé son indépendance.
Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a défendu jeudi, à l'Ecole nationale de la magistrature, l'indépendance de la justice, dénonçant " l'irresponsabilité " des
politiques qui portent le " discrédit " sur les juges et exhortant les futurs magistrats à " ne pas se laisser impressionner ".
J'observe, jour après jour, que le principe d'indépendance de la justice ne semble pas aller de soi, y compris dans le moment particulier de l'élection présidentielle
a lancé M. Cazeneuve à plus de 360 auditeurs de justice à l'ENM de Bordeaux, une promotion 2016 qui s'apprête à vivre ses premiers stages juridictionnels.
Dans une allusion claire aux candidats --François Fillon et Marine Le Pen-- qui ont fait l'objet de convocations judiciaires, le Premier ministre a estimé que " la conduite qui consiste, pour un responsable politique concerné par une procédure judiciaire, à tenter de porter le discrédit sur les magistrats ne mérite (...) aucune complaisance ".C'est " la marque d'une absence profonde de sens de l'Etat de droit et des responsabilités face aux exigences républicaines ", une " grande irresponsabilité ", a ajouté, dans
un discours offensif, M. Cazeneuve, le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas à ses côtés.
Garantir l'autorité de l'Etat, lorsqu'on est responsable politique et a fortiori lorsqu'on aspire à exercer les plus hautes responsabilités, c'est donner l'exemple en se conformant de façon scrupuleuse à la loi et en se rendant, sans protestation inutile, si la circonstance vient à se produire, aux convocations de la justice
a-t-il insisté.
" Il est trop commode de crier au complot, sans jamais naturellement apporter le moindre début de preuve de celui-ci, plutôt que d'assumer les conséquences judiciaires de ses actes ", a poursuivi le Premier ministre, pour qui certains " ne parviennent pas à admettre que nous avons changé d'époque et que ce n'est donc pas sur ordre du pouvoir exécutif que des magistrats diligentent des enquête ".
Il a appelé les politiques à une parole publique " maitrisée, exigeante ", qui " à aucun moment ne vienne abîmer l'Etat de droit ". Car la République, a-t-il mis en garde, " est un bien précieux et fragile, que les mots peuvent atteindre ".
" Ne vous laissez jamais impressionner. Les magistrats ne peuvent pas se laisser impressionner ", a enfin enjoint Bernard Cazeneuve aux étudiants et futurs juges.
" Ne vous laissez pas impressionner par ceux qui donnent de la magistrature une image qui abaisse davantage leurs propos et leur personne que la magistrature elle-même. "