Mohamed Benabdelhak, figure du grand banditisme connu pour une spectaculaire évasion et une tentative avortée en Belgique, a été condamné vendredi par le tribunal de Bordeaux à treize ans de prison ferme, pour trafic de cannabis entre le Maroc et la France.
Le ministère public avait réclamé 15 ans de prison ferme contre Mohamed Benabdelhak et des peines de 6 mois de sursis à 12 ans de prison contre 19 autres prévenus. Principalement originaires de Creil (Oise), ils étaient jugés pour ce trafic de drogue organisé entre novembre 2011 et novembre 2012 via dix "go fast". Ils étaient poursuivis pour un ou plusieurs de ces voyages.
On va interjeter appel
"On va interjeter appel. On considère que la condamnation n'est pas le reflet de l'implication de Mohamed Benabdelhak. On a le sentiment qu'on a davantage jugé une réputation que la réalité d'un dossier", a déclaré Me Hugues Vigier, l'un des avocats de M. Benabdelhak.
1,6 tonnes de cannabis saisies à Urdos
Pour le plus important des convois (1,6 tonne de cannabis saisie à Urdos, dans les Pyrénées-Atlantiques), Mohamed Benabdelhak avait obtenu un non-lieu. Il était pourtant considéré dans ce procès comme "l'organisateur, le commanditaire depuis le Maroc des 'go fast' avec un réseau très criminel, dangereux", avait déclaré Me Vigier lors du procès tenu devant la première chambre de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Bordeaux.
Mohamed Benabdelhak, surnommé "bombé", était notamment poursuivi pour complicité de transport et vente de stupéfiants "en récidive" et association de malfaiteurs. Son frère Rachid a été condamné à onze ans de prison, et plusieurs autres prévenus ont également écopé de peines de prison ferme.
M. Benabdelhak avait été arrêté en décembre 2008 au Maroc après s'être évadé un mois plus tôt à Beauvais, lorsqu'un commando puissamment armé avait percuté le véhicule de gendarmerie qui le transférait vers le bureau d'un juge d'instruction.
Le 13 avril 2014, un autre commando lourdement armé avait ouvert le feu en tentant, en vain, de pénétrer dans la prison de Saint-Gilles, près de Bruxelles, où le caïd attendait son extradition vers la France.
L'avocat Olivier Martins, qui fut notamment l'avocat de Brahim Abdeslam, l'un des kamikazes islamistes des attentats de Paris le 13 novembre 2015, a été inculpé en mars 2017 par la justice belge, qui le soupçonne d'avoir pris part à cette tentative d'évasion avortée.