Ils seraient un millier à parcourir les rues de la métropole pour délivrer des repas. La colère gronde chez les plus anciens. Deliveroo veut changer leur contrat avec pour conséquence la baisse de leur rémunération. Des rassemblements sont prévus dimanche et lundi pour interpeller les politiques.
Impossible de ne pas les croiser dans les rues de Bordeaux et de la métropole. Ils sont un millier à arpenter les rues, surtout aux heures de pointes le midi et en soirée. Ils transportent des petits plats collectés dans des restaurants au domicile des clients, sac vert sur le dos. Bordeaux deuxième ville d'implantation et un bilan au printemps : la direction nationale notait :
Et il y a eu de beaux jours pour les coursiers. Une belle époque où les coups de pédale se transformaient en argent " comme je n'en ai jamais gagné " se souvient Maël, coursier pour Deliveroo à Bordeaux.Ces douze derniers mois, nous avons enregistré une croissance de nos commandes de 388 %.
Mais rien n'est plus comme avant. Un représentant de la plate-forme explique pourquoi c'était plus attractif avant :
Mais voilà. L'entreprise d'origine britannique a décidé de changer les conditions de contrat pour ses 7500 livreurs en France. La direction propose un seul et unique contrat à 5 euros la course. Les plus anciens ont des conditions plus favorables selon eux. Ceux qui ont commencé après septembre 2016 sont payés 5 euros la course, alors que ceux qui avaient débuté avant cette date gagnent 7,50 euros de l’heure plus une prime à la course de 2 à 4 euros selon les cas. Un coup dur pour ceux qui comptent sur ces rentrées d'argent, voire qui en ont fait leur unique activité.Cétait l'époque de l'implantation dans la capitale girondine et il fallait recruter des livreurs avec des contrats incitatifs.
Sara Zerouali, coursier Deliveroo, précise :
Ca représente une perte qui peut atteindre 30 % de revenus selon les contrats.
La direction de Delivroo France n'a pas la même lecture des chiffres :
Ces calculs de Deliveroo n'ont pas convaincu d'où cette levée de bouclier sur Paris, Lyon et Bordeaux depuis plusieurs semaines. Les coursiers en colère seront à nouveau dans la rue dimanche prochain et lundi. Arthur Hay de la CGT coursier, branche du syndicat qui a vu le jour en février dernier, dresse le constat :Cette tarification permet aux livreurs de générer un chiffre d’affaires moyen de 14 euros de l’heure en France ce qui correspond à 40% de plus que le SMIC horaire brut. Le revenu moyen d’un livreur partenaire de Deliveroo travaillant 22 heures par semaine est de 1320 euros par mois. Deliveroo propose ainsi la tarification la plus compétitive du marché.
On est des produits. on se fait mener en bateau. Les correspondants locaux de la marque nous disent simplement qu'ils vont faire remonter nos doléances...
L'équipe nationale de Deliveroo minore le mouvement de grogne :
La dernière manifestation parisienne des « bikers », le 11 aout dernier, n’a regroupé qu’une vingtaine de coursiers collaborant avec Deliveroo. Ce mouvement est extrêmement minoritaire au regard des 7500 livreurs avec qui nous collaborons. Il est le fait de personnes ayant un objectif politique et cherchant à exacerber la rentrée sociale. Deliveroo, pour sa part ne fait pas de politique et ne s’impliquera pas dans ce débat. Nous constatons que la plupart des manifestants ne collaborent même pas avec Deliveroo.
Alors si Deliveroo ne s'implique pas dans ce débat, ce sont les politiques que les coursiers en colère voudraient voir s'impliquer. Ils comptent les interpeller pour qu'ils légiférent sur ces pratiques de la "Foodtech" où les coursiers mobilisés mettent surtout en avant la précarité.
Ecoutez Sara Zerouali, coursier et membre de la CGT coursier créé en février dernier à Bordeaux :1000 bikers virés par mail!! #deliveroo #Bordeaux #coursier pic.twitter.com/WhIxRRmHvz
— SCVG (@SyndicatCG) 31 juillet 2017