Le Bordelais était l’un des deux derniers compagnons de la Libération. Il est mort à l’âge de 100 ans, selon plusieurs sources officielles.
C'est un homme au destin extraordinaire : il fut le secrétaire particulier de Jean Moulin durant la seconde guerre mondiale. Il lui voue toute sa vie une fidélité et admiration.
C'est aussi le parcours d'un jeune militant maurrassien, monarchiste et antisémite devenu "Français libre" de la première heure.
Elevé dans une famille de négociant aisé, il naît Bouyjou-Gauthier à Bordeaux le 10 août 1920.
Dès le lycée, il est militant d'extrême droite à l'Action française mais, révolté à l’annonce de l’armistice par le maréchal Pétain, il quitte la France car il refuse la défaite. Il nous le relate dans un entretien réalisé en 2017.
Il vit alors des moments tumultueux qui le conduisent à Londres. Membre des services secrets de la France Libre, il est parachuté en 1942 et rencontre Jean Moulin à Lyon, la rencontre qui bouleverse sa vie :J'étais à Bescat en Béarn avec ma mère et mon beau-père : nous étions tous les trois devant le poste de radio. J'avais 19 ans. Ce fut le choc de ma vie : je me précipite vers l'escalier et monte vers ma chambre, je m'effondre et je pleure... Puis je me lève d'un bond et je me dis c'est pas possible, cette guerre contre les Allemands il faut la gagner!
Il deviendra marchand d'art de premier plan, ouvre des galeries à Paris et à l'étranger, devient le marchand officiel de Dubuffet. Il était l'un des derniers compagnons de la Libération encore en vie.Quand il m'a embauché comme secrétaire je ne savais pas que c'était Jean Moulin. Pour moi c'était Rex. C'était un homme très élégant et très exigeant. Je relevais le courrier et distribuais les lettres pour les mouvements de la résistance. Je distribuais aussi de l'argent beaucoup d'argent. La nuit je vidais et décidais les messages. Pour ne pas éveiller les soupçons, il me parlait aussi d'art. Je n'y connaissais rien, il était grand amateur d'art contemporain.