Pour la première fois en France, une étude va se pencher sur la pollution des paquebots en ville. Des capteurs ont été placés sur le pont Chaban-Delmas à Bordeaux jusqu'au 5 octobre pour mesurer l'impact environnemental de ces géants des mers.
Que rejettent exactement les paquebots près des villes urbaines ? C'est à cette question que va répondre l'étude Capnavir, lancée en septembre 2021. Elle a pour objectif de caractériser la nature et les concentrations des particules fines émises par les navires passagers et le trafic fluvial.
Une "signature" pour chaque bateau
Ce projet cible particulièrement les particules fines (PM2,5 et PM1) et le rejet de dioxyde de souffre, caractéristique des fiouls marins. Mais contrairement à une étude déjà réalisée en 2018 par ATMO qui avait analysé la qualité de l’air durant la présence de paquebots à quai, ici le but est de créer une sorte de "signature" de chaque bateau qui passe sous le pont Chaban-Delmas.
Capnavir permettra aussi de différencier les émissions des navires des autres pollutions du centre-ville :
On va vraiment aller au plus profond de la caractérisation et de la nature des particules, donc ça va permettre d’améliorer la connaissance et d’effectuer le distinguo entre ce qui est émis par les navires et ce qui est émis en ville par le transport urbain.
"Élever nos exigences"
Une bonne intiative pour la mairie de Bordeaux, partenaire du projet. La ville, qui a déjà mis en place une charte des bonnes pratiques environnementales pour la croisière en 2019, pourrait utiliser les résultats de cette nouvelle étude dans ses décisions concernant les bateaux de croisière :
C'est très intéressant parce que ça va nous fournir des enseignements complémentaires par rapport aux études déjà existantes. [...]On tiendra compte des résultats de cette mesure : notre objectif, c'est d'élever nos exigences.
Pour l'instant, dans la charte mise en place par la ville, les armateurs s’engagent à utiliser un carburant avec 0,1 % de soufre. Mais cette dernière pourrait évoluer selon les résultats de Capnavir. Certains bateaux de croisières pourraient-ils être interdits d'entrée à Bordeaux ? Difficile de le savoir pour le moment. Mais selon Brigitte Bloch, les croisiéristes représentent une part assez basse des touristes qui visitent la ville.
Nous accueillons chaque année 40 000 passagers de navires de croisières pour quatre millions de touristes. Mais leur contribution économique est plus élevée car ils ont une capacité de dépense plus importante.
"On a besoin d'actions"
Depuis quelques années, la pollution de ces énormes bateaux de croisière fait débat et est régulièrement dénoncée par les associations environnementales.
Pas plus tard que le samedi 2 octobre, des membres d'Extinction Rebellion à Bordeaux ont réveillé les touristes du paquebot Silver Spirit avec une fanfare pour dénoncer l'impact environnemental de ces paquebots.
Pour le collectif, cette enquête n'est pas suffisante :
On est très content qu’il y ait une enquête mais on trouve qu’elle est déplacée dans le sens où avant de tester les paquebots, il faudrait que Bordeaux arrête de les accueillir. [...] On a besoin d'actions.
Les mesures de particules seront terminées mardi 5 octobre. Reste à attendre les résultats de cette enquête, et voir si des décisions seront prises par les acteurs publiques en conséquence.