L'unité d'hospitalisation des urgences a fermé mercredi mais l'accueil reste ouvert. Depuis une semaine plus de la moitié du personnel (infirmières et aides-soignantes) est en arrêt maladie et la grève dure depuis un mois. Le collectif Inter-Urgences, dénonce un "sous-effectif quasi quotidien".
Quelle prise en charge aux urgences de Saint-André
A la communication du CHU de Bordeaux on tient à rassurer : "aucun patient ne sera renvoyé chez lui", assure-t-on. L'accueil d'orientation (aussi appelé le triage) reste ouvert, les premiers examens seront réalisés, en revanche si la prise en charge du patient se prolonge, plusieurs heures voire plusieurs jours, ce sont les autres services d'hospitalisation de Saint-André qui le prendront en charge, ou alors des urgences de Pellegrin ou Haut-Lévêque. Nous avons sollicité la direction du CHU pour une interview, et sommes toujours dans l'attente d'une reponse.Dans un communiqué diffusé en fin de matinée elle a seulement rappelé que "les propositions de la direction générale portent sur des renforts d’effectifs". "Sa priorité est d’aboutir à un consensus rapidement. Ses préoccupations restent : la surveillance des patients admis aux urgences, la garantie de leur sécurité, les conditions de travail".
Contactée par téléphone, Cécile, infirmière en arrêt maladie, ne cache pas son inquiétude. Cet après-midi, les urgences ne compteront que 3 infirmiers et deux aides-soignantes, un chiffre "insuffisant" selon elle pour assurer des soins de qualité même avec une unité d'hospitalisation fermée.
"Une collègue s'est cassé un orteil en deplaçant un brancard, le week-end dernier on est pas passé loin de la catastrophe en terme de prise en charge des patients. Heureusement l'infirmière qui avait à sa charge 15 patients s'est rendue compte de son erreur à temps" raconte-t-elle.
La jeune femme est elle-même en arret maladie, deux jours seulement. "Mon medecin voulais m'arreter 15 jours, j'ai dit non" dit celle qui estime que deux jours suffiront à faire remonter sa tension. Selon elle le service serait touché par 15% d'absentéisme parfios. C'est la raison por laquelle elle souhaiterait que la direction prenne en compte ces chiffres pour calculer les effectifs à mettre en place aux urgences.
"Pour l'instant les personnes en arret maladie sont remplacées par du personnel venant d'autres services et qui n'est pas forcément formé pour travailler aux urgences" explique l'infirmière.
Pour l'infirmère il faudrait "requalifier "le couloir" en zone tampon pour avoir du personnel dédié avec une infirmière et une aide soignante". Cela permettrait selon elle d'éviter "que certains patients se retrouvent sans surveillance entre leur le moment où ils quittent l'accueil et où ils sont pris en charge dans un des boxes".
La moitié des personnels (infirmières et aides-soignantes) des urgences est en arrêt maladie depuis une semaine et la grève dure depuis un mois. Plusieurs hôpitaux d'Aquitaine se sont joints à la grève : celui de Libourne, Agen, ou encore Pau. En cause : les conditions de travail, le manque de moyens et de personnel.
Urgences à Bordeaux : une unité ferme à l'hôpital Saint-André https://t.co/VkdhTl2nHz pic.twitter.com/ySjpVQBJbb
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Des répercussions pour Pellegrin et Haut-Lévêque ?
C'est la grande crainte des personnels des autres structures du CHU de Bordeaux disposant d'urgences, en l'occurence Pellegrin et Haut-Lévêque. Si à Pellegrin, les urgences comptent 180 personnels selon Alain Es-Sebbar de la CGT, c'est à dire bien plus qu'à Saint-André, le doute persiste sur la capacité de la structure à faire face.La grève touche elle aussi les urgences de Pellegrin, et la réorientation possible de patients venus à Saint-André vers les Tripodes inquiète. "Ca va être compliqué, car on est déjà en grève, alors si on récupère les urgences de Saint-André, qu'est-ce-qu'on va faire ? s'inquiète Alain Es-Sebbar.
Selon lui, "les gens sont fatigués, ici aussi on a des arrêts maladie, les vacances d'été arrivent, et des congés ont été refusés à certains au dernier moment, cela va créer une ambiance affreuse" explique-t-il.
"On manque de personnel pour remplacer les arrêts maladie, résultats ils s'auto-remplacent. L'Hôpital a lancé le 7 juin un forum emploi car il n'arrive pas à recruter" dit-il. "Déjà à la base on n'accueille pas dans de bonnes conditions, alors là...Les effectifs sont les mêmes depuis dix ans mais la charge de travail elle a augmenté, le matériel est vétuste" alerte le représentant de la CGT.
70 millions d'euros débloqués par le gouvernement ce matin
En fin de matinée le ministère de la Santé a annoncé le déblocage de 70 millions d'euros afin de tenter d'apaiser les tensions.Au niveau national, la grève sévit depuis trois mois. Aujourd'hui, Angès Buzyn, ministre de la santé, a vait donc décidé de réunir à Paris les médecins, infirmières, syndicats, et directeurs hospitaliers pour lancer une "mission nationale".
Une cinquantaine de personne avait été invitée à y participer notamment les principaux syndicats (CGT, FO, CFDT, SUD et Unsa), ainsi que les trois grandes fédérations d'établissements (FHF, FHP, Fehap). L'ordre des médecins, ainsi que celui des infirmiers ont eux avaient eux aussi été conviés. Le médiatique Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) était présent.
Après trois mois de grève dans les services d'urgences, Agnès Buzyn réunit aujourd'hui les médecins, infirmiers, syndicats et directeurs hospitaliers au ministère de la Santé pour lancer une "mission nationale"
— Agence France-Presse (@afpfr) June 14, 2019
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"L'idée c'est qu'on cherche ensemble des solutions pour améliorer le fonctionnement des urgences, parce qu'on voit bien qu'aujourd'hui, elles sont totalement inadaptées aux besoins de la population", a affirmé Mme Buzyn jeudi. La semaine dernière les propositions faites par la ministre avaient été jugées insuffisantes entraînant la poursuite de la grève.