Ce lundi matin, les riverains de Pey Berland ont dû se frotter les yeux par deux fois en regardant sur la place. La statue de Jacques Chaban-Delmas avait été habillée d'une robe pourpre et portait à la main un drapeau arc-en-ciel. Une action signée par des militantes féministes.
Une robe pourpre, fendue et asymétrique sur l'épaule, d'imposantes boucles clipsées aux oreilles, et un drapeau aux couleurs LGBT+ à la main. Au sol, des traînées de peinture rouge évoquant des menstruations.
Tel était, pendant quelques heures, le nouveau look de la statue de Jacques Chaban Delmas, qui trône sur la place Pey Berland face à la mairie de Bordeaux.
De quoi susciter sourires, interrogation, et même indignation chez les passants qui se sont exprimés sur les réseaux sociaux.
statue de Chaban-Delmas, ce matin pic.twitter.com/v2BEMB6JDs
— vilain pabo (@Vilain_Pabo) March 1, 2021
Chaban habillé pour le printemps ?
— Olivier Commarieu (@olivier_333) March 1, 2021
Sans juger la communauté LGBT, est ce la meilleure façon de faire passer un message ? pic.twitter.com/0VkL6oTPAP
Une action féministe
Qui est à l'origine de cette transformation de Jacques Chaban-Delmas ? Contactées, la mairie de Bordeaux tout comme les associations Girofard et WakeUp, militantes de la cause LGBT+, expliquent ne pas avoir eu vent d'une quelconque revendication.
A la mi journée, des militantes féministes ont revendiqué leur action, dernière d'une série intitutlée "Dites la vérité". "Cette nuit du lundi 1er mars, la statue de Jacques Chaban Delmas située place Pey Berland à Bordeaux s’est transformée en Jacqueline", écrivent-elles.
"Jacqueline regarde vers unebanderole, préalablement fixée dans son champ de vision, «Ensemble le 8 mars»", en référence à la journée internationnale pour les droits des Femmes.
Ces dernières revendiquent être à l'origine de plusieurs actions dans Bordeaux ces dernières semaines, messages sur les murs ou jets de peinture rouge sur des affiches publicitaires, militent "pour que l’égalité des femmes, et l’égalité des genres soit une priorité, vue sur la même ligne que l’écologie, car l’un n’ira pas sans l’autre".
Une statue régulièrement revisitée
Ce n'est pas la première fois que la statue de l'ancien maire de Bordeaux, inaugurée en 2012, sert d'étendard pour des militants, ou des plaisantins.
Ainsi, en 2018, en plein cœur du mouvement social, son effigie s'était retrouvée affublée d'un gilet jaune
L'année précédente, un canapé avait été hissé sur la tête de la statue, située à plus de 3 mètres de hauteur, et avait déjà suscité beaucoup d'amusement dans la ville.
Quand tu rentres de soirée et que tu vois Chaban la tête dans le canapé ? #plusderespect #Bordeaux #bordeauxmaville pic.twitter.com/99xIJKM3nQ
— OraneTrb (@OraneTr) February 15, 2017
Emplacement stratégique
Alors pourquoi s'en prendre systématiquement à l'ancien maire ? Sans doute pour des questions de visibilité. "La statue se trouve sur la place Pey Berland, qui est depuis longtemps un symbole des manifestations, rappelle la mairie. Même lorsque les revendications sont nationales et n'ont rien à voir avec la municipalité, les gens se rassemblent à cet endroit"
A l'époque du canapé, l'intervention des services de la mairie avait duré deux longues heures et nécessité une grue. Ce lundi, les services municipaux ont déjà procédé au nettoyage de la statue.