C'est un lieu emblématique de Bordeaux. Une trace visible de la seconde guerre mondiale transformée en musée. La base sous-marine restera fermée au moins jusqu'au 31 mai. Mais les idées bourgeonnent pour préparer la mue de son toit, aujourd'hui en friche. Visite guidée.
Ce jour-là, des locaux étaient invités par la mairie de Bordeaux à se promener sur les toits de l’immense bunker de 41 000 m². A 25 mètres de hauteur, la vue est imprenable sur le nouveau quartier de Bacalan et son port de plaisance. Chacun imagine le devenir de ce lieu insolite :
Un lieu où chacun puisse venir soit faire du sport, soit voir des expos, soit se restaurer. Il y a l’espace pour.
Camille fait partie de la jeune génération sensibilisée à l'environnement, même en ville :
J’aimerais beaucoup que cà devienne un jardin, un potager qu’on puisse montrer aux Bordelais, Bordelaises qui n’ont pas accès à un jardin, qu’ils puissent faire des ateliers ici, que les enfants puissent découvrir ce que c’est que de faire pousser ses fruits et légumes.
Opérationnel en 1943, la base accueillait des sous-marins italiens et allemands pendant la seconde guerre mondiale. La municipalité écologiste de Bordeaux veut redonner vie à ce mastodonte de béton comme l'explique Laurent Guillemin
Adjoint au maire de Bordeaux en charge de la sobriété dans la gestion des ressources naturelles :
Il y a une envie ici qui est celle de redonner un poumon d’oxygène à ce peut-être second type de centre-ville qu’on pourrait avoir. Qu’est-ce que les Bordelaises et les Bordelais ont envie d’y voir ? Du sport ? De la culture ? De événementiel ? De la restauration ? De la productive alternative d’énergie ? Une ferme urbaine ?
Mais le toit est à l'abandon. La végétation a poussé de façon anarchique. Des bombes ont laissé des impacts. Le territoire reste à conquérir. Karim Messaï, urbaniste, fondateur de Map Conseil est séduit par l'idée d'une ferme
Sur le toit, on a parlé de ferme urbaine peut-être alimentée par des panneaux solaires. Ça permettrait d’avoir une culture toute l’année avec des serres chauffées par ces mêmes panneaux.
Le projet de réaménager le toit de la base-sous marine est ancien. Mais les coûts étaient trop élevés. Rachetée par la mairie depuis plus d'un an, une partie de ces onze alcôves, a été transformée en « Bassins de lumières », centre d'art numérique, qui ont accueilli avec succès une première exposition Gustav Klimt, d'or et de couleurs.
La mairie va lancer prochainement un appel à manifestation d'intérêt. La base sous marine pourrait devenir un lieu de culture de son sous-sol à son toit.
La base sous-marine, vestige de la seconde guerre mondiale
Bordeaux tombe aux mains des Allemands en juin 40. La ville et son ouverture sur l'Océan Atlantique est une base stratégique intéressante pour l'occupant nazi. Après 19 mois de travaux, et la mobilisation souvent forcée de 6500 travailleurs, l'une des cinq bases construites sur le littoral atlantique prend forme : 42000 m² de béton, 235 mètres de long, 11 alvéoles (4 bassins à flots, sept asséchables). L'endroit pouvait recevoir jusqu'à 15 grands sous-marins allemands. Les premiers arrivèrent en janvier 1942.