Bordeaux : les guides conférenciers se retrouvent désœuvrés dans une ville sans touristes en raison du covid-19

Depuis près d'un an, Bordeaux s'est vidée de ses touristes étrangers. Conséquence : les guides conférenciers ne parviennent plus à travailler. Nombreux sont ceux qui envisagent une reconversion professionnelle.

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Ils avaient l'habitude d'emmener les groupes de touristes dans les rues de Bordeaux, leur montrer ses célèbres monuments comme ses trésors cachés, de leur raconter l'histoire de la ville agrémentée de multiples anecdotes…. Ca, c'était avant. Depuis le mois de mars 2020, les touristes boudent la ville et les visites collectives.

"A Bordeaux, on a l'habitude d'avoir des touristes étrangers. Ils ne peuvent plus venir, les croisières sont annulées, et les touristes français ne veulent pas prendre le risque de faire des visites" , explique Frédéric Béchir. Ce membre de l'association des guides de Nouvelle-Aquitaine, se retrouve, comme nombre de ses collègues particulièrement désoeuvré. 

Reconversion professionnelle

D'après ce professionnel, les mois à venir s'annoncent tout aussi moroses. "Les aides ne concernent pas tout le monde et ne sont pas suffisantes pour survivre", assure-t-il.

La profession est menacée. Beaucoup de guides se posent la question de la reconversion professionnelle. Beaucoup de collègues ont déjà changé de voie, environ 10% des professionnels. Et on estime que 50% envisagent de le faire.

Frédéric Béchir, Membre de l'association des guides de Nouvelle-Aquitaine

Des aides insuffisantes, voire inexistantes

"Normalement, dès le mois de janvier, nous avons notre programme pour la saison entière. Or là nous n'avons aucune nouvelle des agences de voyage ou des offices de tourisme ", renchérit Marie-Astrid Van Helden. Guide-conférencière depuis dix-huit ans, elle est passée de 200 visites en 2019, à 9 l'année suivante. 
Et n'a pas pu pour autant bénéficier d'aides.  "Mon statut de salarié en portage salarial ne m'a pas permis de rentrer dans les cases des aides prévues par le gouvernement pour les guides conférenciers", indique-t-elle. 


Originaire du Médoc, polyglotte, Marie-Astrid Van Helden s'est alors tournée vers différents petits boulots : ouvrière agricole dans les vignes, hôtesse d'accueil ou encore standardiste.
"Je gagne trois fois moins sur un mois de travail que ce que je gagne dans mon métier en temps normal", déplore-t-elle.

Choc psychologique

Des guides souvent très diplômés qui se retrouvent sans emplois ni revenus, ou se reconvertissent, quand ils le peuvent dans des petits boulots très éloignés de leur secteur… Le choc est parfois rude, et non sans conséquences.

"Je n'aurai jamais pensé avoir besoin d'une aide psychologique, reconnaît le guide conférencier Hervé Jolis. Il y a des moments extrêmement pénibles à passer. La moindre contrariété dans votre vie personnelle prend des proportions gigantesques." 
 

On ne voit pas le bout du tunnel. Pour moi, 2021 sera comme 2020 : c'est profondément ancré dans l'aspect psychologique, et on a vraiment du mal à s'en sortir. 

Hervé Jolis, guide conférencier


Incompréhension

A ceci s'ajoutent l'incompréhension et un sentiment d'injustice : les guides organisent la majorité de leurs visites en extérieur, dans le respect des gestes barrières et estiment que le risque de transmission est limité. 
"On se sent plus contraint que les autres : on ne peut pas faire des visites à cinq personnes dans Bordeaux, alors que d'autres peuvent organiser des manifestations, des cérémonies religieuses…", déplore Isciane Labatut, guide-conférencière. 

 

Il faut trouver un moyen de permettre le retour de la culture dans certaines conditions. On est en extérieur, à l'air libre, on porte les masques… 

Il n'y a pas de raison qu'on ne puisse pas avoir un groupe de 15 ou 20 visiteurs dans le respect des règles. C'est dommage pour le lien et la culture, qui sont essentiels.

Isciane Labatut, guide-conférencière "Passionnés d'art"




Voir le reportage de France 3 Aquitaine

 

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