Un millier de personnes s'est rassemblé sur le Parvis des droits de l'Homme à Bordeaux mardi 17 novembre à 18 heures contre le nouveau délit que vise à créer la proposition de loi Sécurité globale qui interdira toute diffusion d’images non-floutées de policiers ou de gendarmes.
Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux journalistes et de jeunes, ( un millier selon les organisateurs), se sont données rendez-vous à 18 heures sur le Parvis des droits de l'Homme devant la palais de justice à Bordeaux en ce 17 novembre, premier jour du vote à l'Assemblée de ce texte.
Resteindre le droit d'informer
Le nouveau délit que vise à créer la proposition de loi Sécurité Globale interdira toute diffusion, soi-disant malveillante, d’images non-floutées de policiers ou de gendarmes."Son objectif réel est de restreindre le droit des journalistes et de la presse, et plus largement le droit d’informer, notamment des observateurs et observatrices ou des simples citoyens et citoyennes. Derrière cette proposition de loi, il s’agit d’empêcher la dénonciation des violences policières que les images professionnelles et amateurs ont permis de révéler ces dernières années", selon Jean Berthelot, le président du club de la presse de Bordeaux qui a pris la parole lors de la mobilisation.Dans un communiqué, selon les organisations de ce rassemblement, "cette disposition, censée viser la protection des policiers, est disproportionnée par rapport à la réalité de la menace qui pèserait sur eux".
La protection des forces de l’ordre, objectif légitime dans une société démocratique, est déjà assurée dans le Code pénal et la loi de 1881 qui sanctionnent le cyberharcèlement, la provocation à la commission d’un crime ou d’un délit et les menaces de commettre un délit ou un crime. "La condition posée à la constitution du délit, relatif au but de porter atteinte à l’intégrité « physique ou psychique » des policiers ou gendarmes est un leurre. Derrière l’intégrité psychique, notion vague, se cache en réalité toute image qui dérangerait les forces de l’ordre, à commencer par celles qui font état de violences commises par elles".
Cette proposition de loi est gravement attentatoire à la liberté de la presse donc c'est important de ne pas la laisser passer sans rien dire. Et ce soir, il y a beaucoup de personnes présentes à cette mobilisation qui se sentent concernées.
"Des procédures-baillons contre les journalistes"
Selon les manifestants, ce nouveau délit permettrait d’interpeller tout journaliste ou toute personne qui filme et est soupçonnée de diffuser en direct une opération de police, de le placer en garde à vue et de l’envoyer devant un tribunal en saisissant son matériel professionnel.Seul le tribunal sera à même de déterminer si l’intention malveillante est établie. Le mal serait déjà fait. Un simple soupçon de diffusion malveillante servira ainsi à mettre en place "des procédures baillons ou d’intimidation". "Ces procédures auront tout de procédures-baillons. Elles dissuaderont les personnes qui voudraient dénoncer les atteintes aux droits humains de le faire. La vidéo est pourtant le seul outil de protection contre ces violences commises par ceux qui doivent en protéger".
►Les signataires comptent l’Observatoire girondin des libertés publiques (OGLP), Ligue des droits de l’Homme (Bordeaux et Gironde), FSU 33, SAF Bordeaux, AC! Gironde, C.L.A.P 33, Club de la presse de Bordeaux- Nouvelle Aquitaine, CFDT-Journalistes, SNJ-CGT 33, La Clé des Ondes, Libre Pensée Fédération de la Gironde, Collectif Macadam Press, Greenpeace Bordeaux, Amnesty International Bordeaux, Union Juive française pour la Paix - Aquitaine, Collectif Bienvenue.