Depuis le 4 janvier dernier, des militants écologistes ont investi la forêt landaise à Hossegor (Landes), et construit une plateforme dans les arbres pour contrer les travaux de la ligne très haute tension menée par RTE. Malgré la demande de la préfecture de cesser immédiatement l'occupation, leur mobilisation se poursuit. "Un goûter de soutien aux écureuils" ouvert au public était même organisé ce mercredi 8 janvier.
"On veut apporter de la visibilité à la lutte contre la ligne à très haute tension, en soutien aux habitants et au collectif Stop THT 40". Cinq militants qui se font appeler "les écureuils", ont pris place en hauteur, sur une plateforme construite en pleine forêt, entre les communes Capbreton et Hossegor sur le littoral landais. À l'endroit même du tracé de la future interconnexion électrique entre la France et l'Espagne.
Occupation de la forêt
Ces militants grimpeurs ont lancé un appel à occupation sur les réseaux sociaux et un appel au soutien de la population en invitant le public à venir les retrouver sur place pour "un goûter des écureuils". L'idée était de présenter leur combat contre la ligne THT. "Les écureuils" qui ne font pas partie du collectif Stop THT 40, se disent "non violents".
Par le passé, ils ont participé à la ZAD contre le projet d'autoroute A69 entre Castres et Toulouse ainsi qu'à la ZAD de Notre-Dame des Landes en 2010 pour certains d'entre eux.
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"La cabane que nous avons construite est située en plein sur le tracé de la future ligne THT, elle symbolise notre opposition à ce tracé et à ces câbles électriques qui vont passer sous nos pieds", explique Kiwi du mouvement "des écureuils". Depuis le 4 janvier, ils sont cinq à rester sur place. "Nous sommes des citoyens concernés par le respect des principes de la démocratie, de la santé publique et du principe de précaution et de l'environnement. On est indépendants. On se fait appeler les écureuils parce que l'on grimpe aux arbres et qu'on maîtrisent pas mal les systèmes de cordages", résume la jeune femme.
On ne veut pas forcément une ZAD. Ce qui est sûr, c'est que plus, on est de monde, plus il y a de visibilité sur ce combat et on peut freiner l'avancée des travaux.
Kiwi,membre des Ecureuils
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Cessation immédiate de l’occupation illégale
"Ce n'est pas acceptable !" La préfète des Landes a écrit ce mercredi 8 janvier au collectif Stop THT 40 et aux "écureuils", pour leur demander la cessation immédiate de l’occupation illégale de la parcelle boisée située sur la commune de Soorts-Hossegor, sous peine d'avoir recours aux forces de l'ordre.
On ne peut pas s'implanter là sur une propriété d'une collectivité locale ou une propriété privée, selon ses desiderata. Et donc cette situation doit cesser, car cette occupation est illégale.
Françoise Tahéri,préfète des Landes
Dans un communiqué publié ce matin, la préfecture des Landes précise par ailleurs que l’espace boisé occupé "ne fera l’objet d’aucune mesure de défrichement, ni de coupes d’arbres. Seulement de l’élagage si nécessaire, en dehors des périodes de nidification. Le projet d’interconnexion électrique n’entraîne ni artificialisation des sols, ni retrait du trait de côte".
Concernant son tronçon terrestre, "le projet de ligne est enfoui en totalité et positionné majoritairement sous des voiries et chemins. Au vu de l’ampleur du défi que constitue la double transition climatique et énergétique", souligne la préfète des Landes, favorable au projet jugé d’intérêt national.
La mobilisation se poursuit
Les militants écureuils se disent "là pour une durée indéterminée". Leur présence est-elle porteuse pour le collectif Stop THT 40 ?
"L'organisation se fait au jour le jour, explique Coco du collectif Stop THT 40 qui n'est pas à l'origine de cette occupation illégale. On a des gens qui nous arrivent de toutes parts et qui veulent se joindre à nous pour une convergence des luttes. On les accueille et on fait la logistique".
Nous, on veut des gens non violents et pacifistes . On veut du dialogue. Là, on veut nous envoyer les forces de l'ordre, ce n'est pas le but.
Coco,membre du collectif Stop THT 40 (Landes)
Le collectif a envoyé un moratoire à la préfecture et au Premier ministre. Le but du collectif reste "d'informer". "Cette ligne THT reste notre combat".
Depuis trois ans, le collectif Stop THT 40 veut alerter le grand public sur ce chantier aux conséquences jugées dévastatrices sur l'environnement. Les travaux de cette ligne à très haute tension de 400 000 volts ont débuté en novembre 2023 sur les sites de Seignosse, Hossegor et Capbreton.
De leur côté, "les écureuils" ont bien reçu le message de la préfecture."On est conscient de ne pas avoir demandé d'autorisation, reconnaît Kiwi. Néanmoins, nous, ce que l'on demande, c'est d'intégrer la table des discussions, notamment pour étudier la proposition d'alternative du tracé sur l'A63. On restera ici le temps qu'il faudra".
Pour RTE, il s'agit du projet "Golfe de Gascogne". Cette ligne THT de 400 km partira de Bilbao, elle traversera les fonds marins du golfe de Gascogne, puis regagnera la terre par Capbreton pour traverser le sous-sol de la forêt landaise avant d'attendre le nord de Bordeaux.
Sur son site, RTE présente les atouts d'une tel chantier." Cette ligne doublera les capacités d’échanges d’électricité entre la France et l’Espagne (..) de quoi alimenter cinq millions de foyers environ. Elle devrait éviter à nos deux pays la perte de 7 430 GWh/an d’électricité verte, soit l’équivalent de la consommation d’environ 2 millions de foyers. En parallèle, la future interconnexion permettra d’éviter l’émission de 600 000 tonnes de CO2/an."