VIDÉO. Intercités Bordeaux-Marseille : 450 millions d’euros pour de nouveaux trains, mais le réseau doit être modernisé

C’est la ligne Intercités la plus mal aimée de la SNCF : Bordeaux Toulouse Montpellier Marseille. Les vieux Corail en service sont à bout de souffle. L’Etat va débourser 450 millions pour de nouveaux trains. Cela, sera-t-il suffisant pour redonner le sourire aux voyageurs confrontés à des retards à répétitions ?

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Ils portent le poids de leurs années. Ce sont des trains fatigués, souvent jugés inconfortables avec des équipements régulièrement hors service. Mélissa habite en Gironde et rejoint régulièrement la cité phocéenne.
"Je les prends moins qu’avant. Aujourd’hui, je fais davantage de covoiturage. C’est plus pratique. Ils ne sont jamais à l’heure, et bien souvent les toilettes sont inutilisables !"

"Une des lignes les plus en difficulté de France"


La liste des reproches est longue. Francy, la soixantaine, fait des allers-retours plusieurs fois par an. C’est une ligne qui n’a plus de secret pour lui.
"Il y a toujours un problème et les raisons sont multiples. Pas de conducteur à la dernière minute. Pas de locomotive. Le train n’est pas prêt. Les retards sont systématiques. C’est une ligne ancienne, mais importante. Elle est énormément pratiquée par les trains de marchandises, et cela crée un problème de régulation de trafic entre les voyageurs et le fret, les voies sont dans un état lamentable".
Un avis tranché que ne conteste pas le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune." C'est une des lignes les plus en difficulté de France. Elle accuse beaucoup de retard et a de vrais problèmes en termes de qualité de service. Elle ne doit pas être fermée, bien au contraire. On doit réinvestir dans tous les domaines."

C’est comme mettre des Ferrari sur des chemins de terre !

Christian Broucaret, Fédération nationale des usagers de Nouvelle-Aquitaine

France 3 Aquitaine

En cause la vétusté des rames. Quarante-quatre ans en moyenne. L’État a donc annoncé investir 450 millions d'euros dans l'achat d'une vingtaine de nouveaux trains.
"C’est plutôt une bonne nouvelle", indique Renaud Lagrave, élu socialiste en charge des transports à la région Nouvelle-Aquitaine.
"L’État qui a autorité sur l’organisation des transports sur cette ligne fait son boulot, comme le fait la région qui a commandé 18 rames nouvelles pour les TER. Il commande de nouveaux trains pour Bordeaux-Marseille, c’est très bien pour les voyageurs".
Un avis partagé par le président de la Fédération nationale des usagers de Nouvelle-Aquitaine. Les usagers auront un meilleur confort. Pour Christian Broucaret, cet investissement doit être accompagné d’une modernisation du réseau.

"On est sur une ligne qui date de 1850, et on ne peut pas faire de miracle avec quelque chose qui a été réalisé au milieu du XIXe siècle. C’est comme mettre des Ferrari sur des chemins de terre !"

Le réseau doit être modernisé


Le réseau est en mauvais état. En trente ans, ces intercités ont perdu de la vitesse. Ils sont aujourd’hui bien moins rapides.
Dans les années 90, le trajet entre les deux grandes métropoles se faisait en 5 h 20. Aujourd’hui, c’est 47 minutes de plus. Les voyageurs peuvent espérer rejoindre l’une des deux villes en six heures et sept minutes quand le train n’accuse aucun retard.
"Les passages à niveau sont un gros problème. Il y en a une centaine entre Bordeaux et Toulouse. Les gens sont de moins en moins civiques, respectent de moins en moins les feux de signalisation, du coup, il y a beaucoup d’accidents de personne et cela provoque d’importants retards. Si vous ne modernisez pas le réseau, vous aurez beau avoir de nouveaux trains, les problèmes de ligne persisteront !", insiste Christian Broucaret.

Renaud Lagrave fait le même diagnostic. De nouveaux trains n’auront qu’une utilité limitée si le réseau n’est pas modernisé.
"Dans le ferroviaire aujourd’hui, le sujet, c’est le réseau. C’est central et il nécessite des investissements massifs à l’échelle nationale et particulièrement dans notre région. SNCF Réseau a beaucoup de retard sur sa régénération. C’est très bien de changer le matériel, mais il faut penser à ce réseau structurant. Vous pouvez avoir de nouveaux trains, avec plus de confort et davantage de services. Mais si le réseau n’est pas entretenu, vous n'irez pas plus vite !"

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Les vieux Corail en service sont à bout de souffle. L’Etat va débourser 450 millions pour de nouveaux trains. Cela, sera-t-il suffisant pour redonner le sourire aux voyageurs confrontés à des retards à répétitions ? ©France télévisions

La ligne à grande vitesse, a-t-elle mis en péril les intercités ?


Certains estiment que ces trains du quotidien ont été délaissés au profit des TGV, dans lesquels des milliards d’euros ont été investis pour développer la grande vitesse. Les usagers regrettent d'être des "oubliés".
Fabien s’arrête souvent à Montpellier. Il y a quand même une différence entre les TGV et les intercités. "Quand je vais à Montpellier, je ne sais pas forcément à quell heure, je pars ni à quelle heure j’arrive ! Je suis rarement en retard quand je vais à Paris depuis Bordeaux !".

Pourtant, cette ligne transversale subventionnée par l'État et exploitée par SNCF Voyageurs avant une probable ouverture à la concurrence a une vraie utilité. Pour le président de la Fédération nationale des usagers de Nouvelle-Aquitaine, Christian Broucaret, "ces lignes intercités ont une desserte beaucoup plus fine des territoires que les trains à grande vitesse qui ne s’arrêtent que dans les villes principales. Ces trains intercités peuvent se permettre de s’arrêter dans les gares intermédiaires".

Si les intercités sont exploités par la SNCF, c’est l’État qui gère, décide et paye. Pour le moment, seuls de nouveaux trains ont été annoncés. Ils devraient être livrés début 2027.  " On réinvestit sur le réseau. Des travaux auront lieu dans les prochaines années. Ils se feront par tranche. Certains débuteront avant 2027, ils produiront progressivement leurs effets. C'est un investissement que l'on fait sur tout le réseau français, notamment sur les lignes intercités" indique le ministre délégué aux Transports Clément Beaune sans préciser le calendrier. D’ici là, les voyageurs vont devoir prendre leur mal en patience. 

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