Les forces de l'ordre sont intervenues ce mardi matin pour procéder à l'évacuation d'un important squat, occupé depuis plusieurs années à Bègles.
L'évacuation a débuté vers 6h30 ce mardi 25 février au matin. Les 247 occupants, pour la plupart originaires de Bulgarie occupaient cet entrepôt situé rue Denis Papin à Bègles depuis plus de quatre ans. L'évacuation fait suite à une décision de justice, saisie par le propriétaire des lieux.
"Risque sanitaire"
"Outre l’illégalité de cette occupation, les lieux insalubres représentaient un risque sanitaire important pour ses occupants notamment en raison de la présence d’amiante dans le bâtiment doublé d’un risque incendie.Ce squat, connu défavorablement des services de police pour de nombreux troubles à la tranquillité publique, avait fait l’objet de plusieurs signalements des commerces voisins", argumente la préfète de la Gironde, Fabienne Buccio, dans un communiqué diffusé ce mardi.
À plusieurs reprises, la préfète s'est engagée à poursuivre sa campagne d'évacuation, en dépit des nombreuses protestations des associations. Le squat de la rue Denis Papin, tout proche du centre commercial Rives d'Arcins, était l'un des plus importants de la métropole bordelaise.
Projet commercial en suspens
Ce terrain de 28 000 m2 a été acheté en 2014 par le groupe Chambéry Transactions Investissement. Il doit accueillir une quinzaine d'enseignes et générer selon son propriétaire plus de 400 emplois.
"C'est le propriétaire qui avait demandé cette expulsion depuis de longs mois", assure Franck Joandet, adjoint au maire de Bègles en charge de la vie locale.
Le retard du chantier aurait déjà coûté près de 3 millions d'euros. Le propriétaire des lieux avait sollicité la préfecture pour que les décisions de justice, en l'occurrence quatre ordonnances d'expulsion, soient appliquées.
Solution de relogement
Dans ce squat, beaucoup d'enfants étaient scolarisés dans les établissements voisins. Kamel Babou, habitant le quartier, appréhende la suite pour les camarades de ses enfants.
"Ces enfants étaient scolarisés, ils s'étaient habitués à cette école et y étaient intégrés", raconte-t-il.
Même son de cloche du côté des occupants. Désemparés, ils assurent chercher un nouveau terrain pour se réunir de nouveau.
"Tout le monde ici travaillait dans les vignes, ou en intérim. Les enfants allaient à l'école. Aujourd'hui, je ne sais pas comment les personnes vont faire", se désole l'un d'entre eux.
Difficile accès aux soins
Pour les autres familles, des solutions d'hébergement temporaire ont été proposées. Selon la préfecture de Gironde, les occupants ont préféré repartir en véhicule, "avec leur caravane", plutôt que d'accepter les logements.
Mais pour Aude Saldana-Cazenave, membre de Médecins du Monde, il s'agit d'un "diagnostic trop partiel". L'association suit depuis 2017 les habitants de ce squat, à raison de deux à trois visites par mois, pour leur donner accès aux soins.
"On fait en sorte qu'il n'y ait pas de rupture dans l'accès aux soins. Cela va être plus difficile pour nous de les retrouver maintenant. Même si les conditions étaient insalubres, ce squat avait l'avantage d'être un lieu fixe", regrette la médecin.
En parallèle, 38 personnes seront auditionnées dans les prochains jours par les services de la DDSP et de la Police aux Frontières afin de vérifier leur situation administrative.