La mobilisation de soutien n'a rien changé. Les trois professeurs du lycée François Mauriac de Bordeaux ont reçu leur lettre les sanctionnant pour avoir participé aux grèves de janvier 2020. Les syndicats qui les soutiennent appellent au rassemblement ce mercredi à 15 h devant le rectorat.
Les sanctions disciplinaires du rectorat de Bordeaux sont arrivées par courrier hier en fin de matinée. Une enseignante mise à pied de façon temporaire, les deux autres écopent d’un blâme.
La mobilisation des équipes du lycée François Mauriac à Bordeaux en novembre n'a donc pas empêché la sentence. Le rectorat reproche aux trois enseignants d’avoir exercé leur droit de grève en janvier 2020, pour protester contre les modalités de passage des nouvelles épreuves du baccalauréat, les « E3C » (épreuves communes de contrôle continu). Les trois enseignants sont syndiqués chez Sud Education.
Zoé Puech, professeure en sciences de la vie et de la terre, a écopé d’un blâme pour des « perturbations » lors des mobilisations liées à la réforme du bac. Son confrère, Jean Hourcade, professeur de sciences économiques et sociales, a écopé d’un blâme pour des « perturbations » et « nuisances sonores » et enfin Véronique Capin, professeure d’histoire-géographie, a été mise à pied trois jours, accusée d’avoir « bloqué l’accès d’une salle d’examen avec une table » et « tenu des propos outrageants et déplacés » à l’encontre d’une inspectrice du rectorat. Ils vont contester ces sanctions devant le tribunal administratif.
Les syndicats d'enseignants demandaient la levée des sanctions. Le Syndicat Sud Education, auquel appartiennent les trois enseignants, conteste. " Ces sanctions, si faibles soient-elles au regard de l’ambition initiale de la rectrice, sont néanmoins inacceptables. Sud Education exige le retrait immédiat des sanctions de nos camarades du lycée François Mauriac de Bordeaux."
Le SNES relève que "l'administration a changé de ton envers des enseignants."
" Nous sommes en colère, tempête Mathieu Dumoulin enseignant au lycée François Mauriac et référent du syndicat SNES. Il évoque "un autoritarisme ambiant".
C'est à sa connaissance la première fois en France qu'un enseignant.e est santionné.e, en l'occurence une suspension de trois jours, sans qu'une commission discplinaire ne soit réunie. Un effet de la nouvelle loi de 2018, sur la transformation de la fonction publique.
Des collègues sont sanctionnés pour avoir manifesté leur désaccord. Notre liberté de ne pas être en accord est mise à mal. Notre expertise de professeur est mise à mal.
Dans un communiqué, la communauté enseignante se dit « indignée par les méthodes employées, l’absence de dialogue et la précipitation contre-productive qui nous impose un calendrier délétère alors que les faits se sont déroulés il y a dix mois ». rapporte nos confrères de Bastamag.
Une pétition a été lancée pour demander la levée des sanctions. Elle a recueilli 20 000 signatures. Ce mercredi 16 décembre, les organisations appellent au rassemblement à 15 h devant le rectorat pour une conférence de presse. Ce sera aussi l'occasion de déposer la pétition.
Des sanctions qui ne sont pas sans rappeler celles visant des enseignants de Melle dans les Deux-Sèvres. En novembre dernier, quatre professeurs ont écopé de blâme, mutation d'office, suspension de salaire et rétrogradation. Ils étaient poursuivis pour avoir perturbé le déroulement des épreuves E3C en février 2020.