Bordeaux : Un an après, les habitants de la rue de la Rousselle retrouvent leur domicile

Plus d’un an après l’effondrement de deux immeubles rue de la Rousselle à Bordeaux, les habitants des bâtiments voisins ont pu retrouver leur logement ce vendredi, entre soulagement et inquiétude.

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Des tasses figées sur des tables basses, des plantes vertes asséchées par le temps et des lits portant encore la marque d’un réveil en sursaut. Plus de douze mois après avoir dû quitter en urgence leur domicile, les propriétaires et certains locataires d’appartements voisins des immeubles effondrés rue de la Rousselle à Bordeaux, ont enfin pu retrouver leur logement.

“On voit la lumière au bout du tunnel, même s'il va être long, se réjouit à demi-mot un propriétaire, conscient du chemin qu’il reste à parcourir. Cela risque de durer dix à quinze ans d'expertises, de contre-expertises… C’est nous qui allons payer la lenteur de la justice.” Il loue cinq appartements, dont trois ont déjà été désertés. “Je n’ai plus qu’un couple d’architectes qui tient à revenir, et une coiffeuse à domicile qui me dit que si elle n’a pas de garage – parce qu’il va être condamné –, elle ne pourra plus travailler. Les autres sont partis.”

Si j’avais le choix, je vendrais cet appartement, mais aujourd'hui je ne peux plus. Il ne vaut rien.

Une propriétaire d'un appartement voisin

Pour certains, revenir n’était pas une option. "Financièrement, nous n’avons pas le choix, assène cette autre propriétaire. On s’est relogé en urgence, on a dû prendre une location en plus de notre crédit. Si j’avais le choix, je vendrais cet appartement, mais aujourd'hui je ne peux plus. Il ne vaut rien. Cela m’angoisse de revenir dans cet immeuble.”

D’autres, comme les voisins directs des immeubles éventrés, sont encore plus mal lotis et craignent de ne plus jamais pouvoir rentrer chez eux. “C’est une grosse déception pour les numéros 17 et 23 qui sont mitoyens, regrette une habitante. J’attends l’arrêté de péril, mais a priori nous n’allons pas pouvoir réinvestir nos appartements.”

Les assurances toujours inflexibles

En attendant, les locataires continuent de payer leur loyer, les propriétaires leur crédit. Ils reçoivent par ailleurs des factures à plusieurs dizaines voire centaines de milliers d’euros, que les assurances refusent de prendre en charge tant qu’elles n’ont pas reçu les résultats complets de l’expertise. “Une ou deux compagnies ont accepté de financer des relogements, ou de faire des avances sur les expertises et les frais d’avocat, reconnaît cette même riveraine. Mais la plupart nous tournent le dos, et nous disent qu’il n’y a pas de sinistre tant qu’on ne connaît pas les responsables. Il n’y a toujours aucun dédommagement, aucune aide actuellement."

De son côté, la mairie, qui a avancé jusqu’à deux millions d’euros juste après l’effondrement, a “l’obligation légale de les récupérer”, affirme Pierre Hurmic, mais dit travailler en concertation avec les principaux concernés. “Nous ne laisserons pas les propriétaires seuls face aux assurances”, poursuit le maire de Bordeaux, qui annonce par ailleurs être en négociations avec le trésor public pour recouvrer cette somme. En signe de bonne volonté, le maire a confirmé que les 400 000 € déboursés pour la sécurisation et le gardiennage du site resteront à la charge de la ville.

Les conclusions de l'expertise, qui doit déterminer les responsabilités et permettre de déclencher de nouvelles procédures judiciaires, seront rendues courant août.

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