Bordeaux : une "fête de la génération sacrifiée" pour dénoncer la précarité des jeunes

Un grand rassemblement pour dénoncer la précarité des jeunes et étudiants, est organisé ce mardi à Bordeaux. Les organisateurs de cette " fête de la génération sacrifiée" demandent des mesures urgentes, et rappellent la détresse d'un grand nombre de jeunes adultes.

Une quinzaine d'organisations étudiantes, de syndicats, de formations politiques de gauche ou d'association de parents d'élèves se retrouvent à partir de 12 h 30 place de la Victoire, à Bordeaux, pour une "fête de la génération sacrifiée". Des lâchers de ballons, des ateliers et une cérémonie. S'il semble bien festif, ce rassemblement organisé ce mardi  a pour but de rappeler une douloureuse réalité. Celle de la précarité des étudiants et jeunes adultes.
 

L'appel au rassemblement est national, mais les organisateurs bordelais ont tenu à y ajouter une pointe d'humour. Au programme donc, un atelier "trouve du travail en traversant la rue", une "cérémonie d'enterrement du service public de l'éducation" et une activité "relaxation" sur le thème "regarde s'envoler ton avenir". "L'objectif est de clamer nos revendications sur un ton plutôt festif, tout en discutant entre jeunes de nos problématiques, précise Amandine Baesel, présidente de l'Unef Gironde. 


Les organisateurs demandent notamment une augmentation des APL et des bourses, la mise en place d'un système de protection de la santé mentale des jeunes ou encore la réouverture des universités à 50%, avec des moyens supplémentaires permettant de limiter le risque sanitaire. 

Des étudiants dans leur voiture

La crise a en effet privé de nombreux étudiants de leurs boulots d'appoint, fragilisant grandement leurs finances. Les images de ces derniers faisant la queue pour obtenir une aide alimentaire ont fait réagir. Pour autant, la réponse gouvernementale est jugée inadaptée. "Beaucoup d'étudiants rapportent que les APL ont baissé ces derniers mois", souligne Amandine Baesel. 

Les étudiants sont nombreux à avoir dû lâcher leur appartement, et rentrer chez leurs parents. Quand ils ne dorment pas dans leur voiture sur le parking du campus. Le phénomène n'est pas récent et est dénoncé depuis longtemps. Mais il s'est sévèrement accentué.

Amandine Baesel, Unef Gironde


Conditions dégradées

Etudiante en 2e année de droit, la jeune femme dénonce les conditions dans lesquelles les cours se déroulent. "Nous avons réussi à obtenir une jauge de 20% d'étudiants en présentiel. Mais les cours ont lieu dans des salles préfabriquées, non chauffées. Ce matin encore, il faisait encore 4 ou 5 degrés à l'intérieur." 
 

Nous n'avons pas accès à Internet. Il n'est pas rare qu'un professeur doive demander un partage de connexion à un élève présent dans la salle, pour assurer le lien avec ceux qui sont à distance.

Amandine Baesel, étudiante en droit, présidente de l'Unef Gironde

La crise sanitaire a aggravé la précarité financière, le décrochage et la détresse psychologique qui s'installe chez les jeunes. Ecoutez Amandine Baesel, Représentante UNEF Bordeaux et Solën Jouin, Coordinatrice des jeunes communistes de Gironde

Une santé mentale en péril

Ces difficultés jouent aussi sur la santé mentale de ces jeunes adultes, rappelle Yann Olivier, militant de Onzième Thèse. 
L'association bordelaise, qui organise une distribution de colis alimentaires pour les précaires, a fait passer un questionnaire auquel plus de 4 000 étudiants de Bordeaux-Montaigne ont pu répondre. "Un étudiant sur deux rencontre des difficultés, que ce soit d'ordre financier, psychologique ou familial, détaille Yann Olivier. Nous avons 47 personnes qui se sont déclarées sans domicile fixe.

Nous avons également appris que la moitié des étudiants sondés a déclaré avoir songé à abandonner son cursus universitaire. Et ils sont 75% à appréhender le second semestre. 

Yann Olivier, Onzième thèse



Lui-même étudiant en psychologie, il raconte avoir vu des étudiants "péter un plomb" le jour des partiels. "Nous avons suivi nos cours en distanciel. C'est déjà très compliqué d'étudier 8 heures par jour sur zoom. Ensuite, la seule préoccupation de l'université a été d'organiser, en présentiel, des examens très sélectifs avec une énorme pression", dénonce-t-il. 

"Il ne reste que des miettes"

Le rassemblement veut également dénoncer l'inaction du gouvernement. "On nous annonce des mesures cosmétiques, regrette Yann Olivier. Le plan "un jeune une solution" ne promet que des emplois précaires. Le gouvernement a injecté des milliards pour les grandes entreprises, et pour les jeunes, ne reste que des miettes". Le repas à un euro du Crous ou la gratuité des protections périodiques, décidés pour venir en aide à cette population, apparaissent largement insuffisants pour juguler la détresse de ces jeunes adultes.

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