Bordeaux veut plus d'égalité filles-garçons dans les cours de récré

La municipalité de Bordeaux souhaite réaménager les cours de ses écoles en y intégrant un nouveau partage de l'espace entre les filles et les garçons. De nombreux jeux de ballons, dits de "garçons", occupent systématiquement la place centrale de la cour, au détriment des autres activités. 

La cour de récréation, la sonnerie de l'école, les cris de joie des enfants qui s'évadent des classes, les bruits des ballons… Le schéma est connu de tous. Tout comme la répartition des enfants dans ladite cour. 

Très souvent, son centre est transformé en terrain de foot, voire de basket. Une vingtaine de garçons y prennent place et s'adonnent aux joies du ballon. Les autres élèves, soit souvent plus d'une centaine, sont exclus pour des raisons de genre, d'appétence, de capacité sportive… Ils se partagent alors les espaces restants, qui constituent, bien souvent, 20 % seulement de la surface de la cour.

Un partage plus équitable

Ce partage, genré et non-équitable, de la cour de récréation, la majorité municipale de Bordeaux entend bien y mettre fin. Dans une délibération adoptée au Conseil municipal de décembre, l'équipe de Pierre Hurmic a présenté son projet de réaménagement des cours des écoles et crèches de Bordeaux. Sont prévus une révégétalisation des lieux, une meilleure accessibilité et un partage "équitable d'usages entre tous". 

Des inégalités apparaissent dès la crèche

Si le projet d'un diagnostic des 142 écoles et crèches municipales avait été lancé par l'ancienne majorité, c'est la municipalité EELV qui a voulu y ajouter cette notion d'égalité filles–garçons. "Nous avons voulu aller plus loin, intégrer cette volonté d'une cour non genrée, explique Sylvie Schmitt, adjointe à la mairie chargée de l'éducation, de l'enfance et de la jeunesse. L'élue note que cette inégalité dans le partage apparaît dès le plus jeune âge. 
 

On connaît le stéréotype du bleu pour les garçons et du rose pour les filles, mais on remarque aussi que dès la crèche, l'occupation de l'espace et le choix des jeux sont différents selon que l'on est l'un ou l'autre.

Il est important d'agir sur les comportements au plus tôt, afin de ne pas induire un comportement classique, qui veut que les garçons occupent naturellement l'espace central. 

Sylvie Schmitt, adjointe à la mairie de Bordeaux, en charge de l'Education


"Les jeux de garçons sont plus valorisés"

"L'égalité, que ce soit entre filles et garçons ou même entre petits et grands, c'est quelque chose qui s'apprend. On ne peut pas amorcer de changement sans travailler sur cette notion", renchérit Edith Maruéjouls. 
Cette géographe bordelaise est à l'origine de l'Arobe, Atelier recherche observatoire égalité, qui accompagne les collectivités souhaitant mettre en œuvre des politiques d'égalité. 

Depuis une dizaine d'années, elle travaille sur la répartition des espaces dans les cours d'écoles. "Il existe beaucoup de jeux d'enfants qui prennent de la place, mais qui ne peuvent se jouer, car cette place est déjà prise, note-t-elle. 
Cela renforce les stéréotypes et la hiérarchisation : les jeux de garçons sont plus valorisés que les autres." 

Diviser la cour en trois ambiances

Edith Maruéjouls a notamment travaillé avec la ville de Mérignac autour d'un diagnostic, suivi d'une expérimentation d'une semaine, dans l'école élémentaire des Bosquets en septembre 2020.

Différents espaces ont été définis : un pour le "temps calme" réservé à la lecture, la discussion ou pour s'assoir seul; des "espaces intermédiaires" pour les jeux de société, les billes, le dessin, l'épervier… et enfin un espace pour les jeux collectifs, qui n'est plus systématiquement central. 


Une initiative mise en place avec le personnel de l'école et du périscolaire, qui a permis aux enfants d'apprendre à partager la cour, mais aussi de se laisser tenter par de nouvelles activités.
 

L'idée ce n'est pas de faire disparaître le foot de la cour de récré. Le foot et les jeux de ballon sont toujours là. 
Mais c'est de donner une place aussi aux autres jeux. Les rendre visibles va favoriser la mixité et l'inclusion

Edith Maruéjouls, géographe


Les premiers travaux dès l'été 2021

A Bordeaux, 35 cours de récréation "prioritaires" pour un réaménagement ont été identifiées. Le budget est estimé en moyenne à 130 000 euros par site. "Nous souhaitons dégager 3 millions d'euros, avance Sylvie Schmitt. Une somme qui comprend la végétalisation, la mise en place d'ombrières, les réparations et travaux éventuels, mais aussi la redéfinition des espaces au moyen de mobilier amovible, des modules de permacultures… On peut imaginer beaucoup de choses". 

Un bureau d'étude a pour charge la modélisation des lieux, en collaboration avec des architectes spécialistes des questions d'inclusion et de mixité. Deux écoles et deux crèches, seront choisies dans les prochains jours pour un lancement des travaux prévu, dès cet été.

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