Le radiologue n’échappera pas à la prison. Ce vendredi 6 décembre, à l’issue de six jours d’audience, Bassam El Absi a été condamné à dix-huit de réclusion par la Cour d’appel de Charente. Une peine allongée d’un an, par rapport à la première condamnation, en février 2023.
La cour a tranché. Ce vendredi 6 décembre, la cour d’appel de Charente a condamné, en appel, l’ex-radiologue langonnais, Bassam El-Absi a 18 ans de prison. L’homme, aujourd’hui âgé de 71 ans, était accusé par huit femmes de viols et agressions sexuelles.
"C'est enfin fini"
À la sortie du tribunal, dans leur regard, le soulagement est criant. Après des années de procédures, leur statut de victime est définitivement reconnu. "C'est enfin fini, c'est la fin, on en voit enfin le bout, c'est terminé, on n'en parle plus", déclare Peggy Ambeau, l'une des victimes du radiologue.
"Je n'avais pas de chiffre en tête. Je voulais juste qu'il y retourne", glissait-elle la veille du verdict, comme un vœu pieux. C'est chose faite. L'ancien radiologue de Langon, en Gironde, accusé de multiples viols et agressions sexuelles lors des rendez-vous médicaux, retourne ce soir en prison.
Il est reconnu coupable, c'est ce que j'attendais.
Peggy Ambeau,Victime de Bassam El-Absi
Pour autant, les années de procédures, le poids de deux procès ont entamé l'énergie et le sourire, ce soir indélébile, de Peggy. "Il a pris encore plus, mais je trouve dommage d'avoir fait tout ça pour ça, regrette la victime. On aurait mieux fait d'en rester là, car ça n'a rien changé pour lui, et pour nous malheureusement à part rajouter de l'attente et beaucoup d'angoisse"
Comme les sept autres femmes, patientes et anciennes collaboratrices présentes tout au long de la semaine, Peggy Ambeau veut continuer d'avancer. "On va enfin pouvoir se reconstruire, et pour certaines, pouvoir ouvrir une nouvelle page", espère-t-elle en descendant les marches du tribunal.
"Totalement décalée"
Une peine “tout à fait inappropriée” et “totalement décalée” pour l’avocate de la défense, Me Véronique Vouin. “Chacun de nous a dans l’oreille les sanctions réclamées dans d’autres procès. Est-ce vraiment le cas qui nous est soumis ?, interroge l’avocate de Bassam El-Absi. Les gestes qu’il a commis sont incontestables, mais comment doit-on les interpréter ? A-t-il voulu faire mal, ou générer de la souffrance ? Je ne crois pas.”
Je suis convaincue que la nature des faits ne justifie pas une peine de cette ampleur, qui n’a aucune mesure avec la personnalité de l’accusé.
Me Véronique Vouin,Avocate de Bassam El-Absi
Juedi 5 décembre, l’avocat général Jean-François Couret avait requis 17 ans de prison, à l’instar de la condamnation de l’ancien radiologue en première instance. “Ce sont au total 34 personnes qui successivement ont dénoncé des agressions sexuelles et des viols dans le cadre de ses fonctions”, avait-il alors rappelé, faisant allusion aux quinze plaintes sous le coup de la prescription ainsi que des onze nouvelles victimes, absentes du procès en appel.
Gestes maladroits
Depuis lundi 29 novembre, huit femmes font face à l’ex-radiologue. Elles accusaient Bassam El-Absi de six viols et plusieurs agressions sexuelles sur de nombreuses femmes, en majorité des anciennes patientes, mais aussi une secrétaire médicale ou la fille de sa compagne, mineure au moment des faits. Les faits se sont à chaque fois déroulés dans le cadre des examens médicaux qu’il pratiquait, entre 2000 et 2019.
Mardi 3 décembre, le radiologue avait, de son côté, comme un préambule de mea-culpa, reconnu des “gestes maladroits” issus de “la vieille école”, sans pour autant reconnaître le caractère criminel de ces actes. Ces gestes, des pénétrations avec son sexe, une sonde ou ses doigts dans les vagins et anus de certaines patientes, mais aussi des massages intégraux durant les consultations ont été évoqués lors de ces derniers jours d’audience.
En février 2023, l’ancien radiologue de Langon est condamnée à 17 ans de prison. Il n’en fera que 6 mois et 28 jours, pour des raisons médicales. Sous contrôle judiciaire depuis, il a donc comparu libre dans ce procès, qui se tenait depuis lundi 29 novembre, la Cour d’assises de Charente. Suite aux plaintes déposées et à l’ouverture d’une enquête, l’Ordre des Médecins avait radié, en 2019, le radiologue.