"Je suis là pour comprendre" : un médecin radiologue jugé en appel à Angoulême pour viols et agressions sexuelles sur ses patientes

Condamné à 17 ans de réclusion criminelle en première instance, Bassam El-Absi est arrivé libre ce vendredi 29 novembre pour son procès en appel devant la cour d'assises de Charente. L'ancien médecin radiologue de Langon en Gironde est accusé de viol et agressions sexuelles par au moins neuf femmes.

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Entouré de ses trois avocats, l'accusé de 72 ans a pris place tranquillement dans la salle d'audience. Pour raisons médicales, il n'était pas en détention dans l'attente de ce procès en appel, mais libéré sous contrôle judiciaire depuis septembre 2023. L'ancien médecin comparaît donc libre et présumé innocent devant la cour d'appel des Assises de Charente. 

L'ex-radiologue de Langon est à nouveau devant la justice avec une nouvelle équipe de défense composée aujourd'hui de son avocat, Me Pierre Sirgue, qui l'avait accompagné en première instance, auquel se sont ajoutées deux consœurs.
Son attitude sera sans doute observée de près. En première instance, il était apparu arrogant, désinvolte, niant les faits, criant au complot et raillant ses accusatrices.

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"Je suis là pour comprendre"

"Le bon professionnel, le bon père, le bon patron,... C'est presque un cas d'école !", soulignait, amère, la présidente du Planning familial lors du premier procès. Est-ce la même impression qui se dégagera de cette première journée consacrée à l'étude de la personnalité de l'accusé ?

Pour cela, il s'agit d'entendre notamment les proches de Bassam El-Absi, dans sa vie personnelle et professionnelle: sa fille, un chirurgien, une manipulatrice radio. Mais aussi des experts psychiatres et psychologue.

Sa fille de 35 ans, Célia, est appelée à témoigner ce vendredi. "C’est mon papa, forcément je l’aime, je l’accompagne, commence-t-elle. Mais elle tempère : je suis là pour avancer, pour comprendre. On ne peut pas mettre un drap sur ce qui est dit".

J’ai un doute. C’est surprenant, il y a beaucoup de femmes qui sont là…

Célia

Fille de Bassam El-Absi

Pour évoquer son profil professionnel, c'est un confrère chirurgien de Langon, également à la retraite qui prend la parole. Une connaissance de plus de quarante ans qui décrit l'homme, dans son activité de radiologue échographe. Un professionnel dont il vante les qualités de diagnostic. Il tempère également le comportement du septuagénaire. "Il n'est pas le Pacha décrit lors du premier procès. C'est tout le contraire de ce que je connais du docteur El-Absi".

Quant à l'usage des sondes endo-vaginales lors des échographies, le chirurgien livre une réflexion pour le moins atypique. Il décrit l'examen interne comme pouvant "provoquer des douleurs, s'il est mal pratiqué, qui met la patiente dans une position qu'elle peut trouver humiliante, mais pour lequel, d'un côté comme de l'autre, il peut y avoir une forme de plaisir..." Stupeur et flottement dans l'assistance.

L'expert psychologue rapporte, lui, le fait que l'accusé lui-même se qualifie de pacha expliquant qu'il voulait "être le pacha qui assumait tout pour tout le monde". Bassam El-Absi est jovial, charismatique, légèrement narcissique, avec un discours disqualifiant pour les victimes présumées, selon l'expert. 

L'audition des témoins devait se poursuivre jusqu'en fin de journée. Le procès en appel de l'ancien radiologue reprendra lundi 2 décembre pour encore trois jours de débats. Le jeudi sera consacré au réquisitoire et plaidoiries.
Le verdict est attendu le 6 décembre.

Six nouveaux dossiers

Le septuagénaire, radié par l'ordre des médecins en 2019, doit répondre aux accusations de viols et agressions sexuelles, entre 200 et 2019, par des anciennes patientes, une secrétaire médicale et la fille de sa compagne, qui était mineure au moment des faits. Toutes dénoncent des faits dans le cadre des examens médicaux qu'il pratiquait.

Depuis le premier procès, les témoignages de ces femmes ont fait écho à d'autres faits similaires aujourd'hui rapportés par une dizaine de victimes présumées. Le parquet de Bordeaux a ouvert une instruction pour six nouveaux faits, mais ils ne seront pas évoqués lors de ces débats en appel.

Une manifestation vise l'Ordre des médecins

À l'ouverture du procès devant les Assises de la Charente ce vendredi matin, comme lors du premier, à Bordeaux en février 2023, le Planning familial manifestait devant le palais de justice d'Angoulême pour dénoncer les violences faites aux femmes. Sur la banderole, un message pour critiquer l'ordre des médecins, qui n'avait radié l'accusé qu'après sa retraite, en 2019.

Ils n'ont radié cet auteur de viols, ce criminel, qu'au moment où il a été à la retraite. C'est inadmissible. Il faut de ça change !

Annie Carraretto

Coprésidente du Planning familial 33

Annie Carraretto, la coprésidente du Planning familial de Gironde, estime que l'attitude de l'ordre des médecins a contribué à ce que l'on appelle la "culture du viol". "La société savante a protégé le professionnel, c’est-à-dire le médecin, au lieu de protéger les victimes. Depuis les années 2000, ils étaient au courant de cette situation : ils avaient déjà plusieurs plaintes entre leurs mains", déplore-t-elle.

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