Le procès en appel de Bassam El-Asbi, ancien radiologue de Langon, condamné en première instance pour viols et agressions sexuelles, touche à sa fin. Ce jeudi 5 décembre, l’avocat général a requis 17 ans de réclusion, à l’instar de la condamnation précédente.
La peine requise ne change pas. Ce jeudi 5 novembre, après des heures d’audience, l’avocat général, Jean-François Couret a requis dix-sept ans de réclusion. Il s’agit de la même sentence, prononcée, en février 2023, à l’encontre de l’ancien radiologue langonnais, Bassam El-Absi. À défaut, et en raison de l’âge du prévenu, il a requis “de ne pas prononcer une peine inférieure à 15 ans, ce qui avait été requis en première instance”.
“34 plaignantes”
Dans la salle, tous les regards sont tournés vers l’avocat général, Jean-François Couret. Il est le premier à prendre la parole, cet après-midi, au cinquième jour de procès. Lui, s’attache d’abord aux chiffres : ceux des plaignantes. “Ce sont au total 34 personnes qui successivement ont dénoncé des agressions sexuelles et des viols dans le cadre de ses fonctions”, rappelle-t-il.
En effet, si depuis lundi 29 novembre, huit femmes font face à l’ex-radiologue, quinze autres sont absentes du fait de la prescription des faits. Onze femmes se sont également signalées après le procès en première instance. Le parquet de Bordeaux a d’ailleurs ouvert une instruction pour six nouveaux faits, absents des débats de cet appel.
Un chiffre qu’il met ensuite en perspective. “Il y a 226 000 médecins en France. Entre 2014 et 2017, il y a eu 150 plaintes pour des gestes sexuels auprès des chambres disciplinaires. Ce n’est donc pas banal d’avoir autant de plaignantes dans ce dossier”, souligne l’avocat général.
Peu importe ce qu'il dira, il ne sera plus cru ni entendu.
Peggy AmbeauL'une des victimes
À la sortie de l'audience, l'une des victimes, Peggy Ambeau, la voix tremblante, ne cache pas son soulagement d'être "encore une fois reconnue". "Je n'en espérais même pas tant. Je voulais juste qu'il retourne en prison. Tant qu'il est reconnu coupable, ça me suffit, explique-t-elle, émue par les mots "touchants" de l'avocat général. "Les femmes qui vont venir, et dramatiquement il y en aura, sauront qu'elles seront entendues".
Massages et pénétrations
À 71 ans, Bassam El-Absi est accusé de six viols et plusieurs agressions sexuelles sur de nombreuses femmes, en majorité des anciennes patientes, mais aussi une secrétaire médicale ou la fille de sa compagne, mineure au moment des faits.
Les faits se seraient à chaque fois déroulés dans le cadre des examens médicaux qu’il pratiquait, entre 2000 et 2019. Si Jean-François Couret reconnaît l’importance de la peine “à son âge”, il refuse d’en réduire sa durée. “La gravité des faits la justifie”, assure-t-il.
Un "pacha"
Même s'il salue le parcours "particulièrement méritoire" de l'accusé, de "son milieu modeste en Syrie à son diplôme de médecin en Gironde grâce à son seul travail", l'avocat général revient sur les mots de Bassam El-Absi lors d'un entretien avec une psychologue, lorsqu'il se qualifie de "pacha".
"La définition du pacha dans le Larousse, c’est une personne qui aime ses aises et se fait servir par son entourage… C’est peut-être un peu ça" tance Jean-François Couret.
Il est temps de se décentrer de soi-même Monsieur El-Absi.
Jean-François Couret,Avocat général
En conclusion, l'avocat général a d'ailleurs choisi de s'adresser directement à Bassam El-Absi. "Il n'est jamais trop tard pour reconnaître ses fautes, c'est difficile mais possible", lui enjoint-il.
Dans un autre propos en direction des victimes, il se dit "impressionné par la dignité" des plaignantes, saluant "leurs témoignages bouleversants".
Dans sa plaidoirie, l'avocate de la défense Véronique Vouin pointe "une peine requise qui n’est pas adaptée", rappelant que son client "est un primo délinquant".
En s'adressant à l'avocat général, elle estime "qu'il manque un mot dans votre réquisitoire : dangerosité. La dangerosité ? Il va être condamné mais il est dangereux pour qui ?" s'interroge la robe noire. "Même si c’est le mec le plus immonde ou le plus dégueulasse, pour des patientes éventuelles ? Il n’exerce plus, il n’a plus de cabinet… Soyez juste !" lance-t-elle.
Deux jours auparavant, le radiologue avait reconnu des “gestes maladroits” issus de “la vieille école”, sans pour autant reconnaître le caractère criminel de ces actes. Ces gestes, des pénétrations avec son sexe, une sonde ou ses doigts dans les vagins et anus de certaines patientes, mais aussi des massages intégraux durant les consultations, ont été évoqués lors de ces derniers jours d’audience.
Seulement six mois
En février 2023, l’ancien radiologue de Langon est condamné à 17 ans de prison. Il n’en fera que 6 mois et 28 jours, pour des raisons médicales. Sous contrôle judiciaire depuis, il comparaissait libre dans ce procès, qui se tient depuis lundi 29 novembre, la Cour d’assises de Charente.
Suite aux plaintes déposées et à l’ouverture d’une enquête, l’Ordre des Médecins avait radié, en 2019, le radiologue.