"Ça n'a pas été remis en état, c'est toujours pareil" Retour dans les quartiers touchés par les émeutes de juin dernier

Deux mois et demi après les émeutes en réaction à la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre, les dégâts matériels dans les quartiers concernés sont encore bien visibles. A Pessac, près de Bordeaux, les habitants déplorent la lenteur des réparations.

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" Ils devraient remettre en état parce que les personnes âgées comme moi, il faut qu'on aille à Pessac centre pour chercher les sous, alors qu'on avait la Poste à côté. Les gens pour la Caisse d'épargne c'est pareil" se désole cette habitante du quartier de Saige, devant les barrières qui peinent à masquer les vestiges du bâtiment France Service.
Incendié lors des émeutes qui se sont déroulées dans la nuit du 29 juin dernier en réaction à la mort du jeune Nahel, tué par le tir d'un policier à Nanterre, ce bâtiment qui accueillait différents services au public devra être reconstruit. 

Dans les trois quartiers prioritaires de la ville de Pessac, les dégâts occasionnés cette nuit-là sont considérables. La commune estime le montant global des réparations à un million d'€.
Les élus disent comprendre et partager l'impatience des habitants à voir les travaux effectués, et demandent à l'Etat de faire en sorte d'accélérer les procédures. " Nous sommes aujourd'hui dans un temps qui est un temps incompressible, celui des experts et des assurances", regrette l'adjoint au maire de Pessac Naji Yahmdi.

Des commerces toujours fermés

Boulangerie, restaurant, bureau de tabac, plusieurs commerces ont été saccagés lors de cette nuit d'émeute. Deux mois et demi plus tard les rideaux métalliques sont toujours baissés, la moitié des expertises n'a pas encore été réalisée.

L'opticien du quartier Arago a pu rouvrir mi-juillet, au prix de 50 000€ de travaux dont il a dû faire l'avance." J'ai dû mettre la main à la poche, explique-t-il. On a monté tout un dossier avec les assurances, pour l'instant, j'ai été dédommagé à hauteur de 10 000€. C'était un premier acompte, le temps que tout l'administratif se mette en place".

Tous les commerçants ne disposent pas de la trésorerie nécessaire pour avancer de telles sommes, et attendent toujours le passage des experts. Ils étaient reçus en mairie ce mardi 12 septembre. " Nous avons eu une réunion avec les commerçants durement touchés par ces évènements, pour faire un point d'étape avec eux sur l'état d'avancée de leurs dossiers, et également concernant les différentes aides qui leur sont possibles", précise Naji Yahmdi.

Entre colère et résignation, certains habitants relèvent que le sentiment d'abandon qu'ils ressentent aujourd'hui n'est vraiment pas nouveau : "Nous en tant qu'habitants de la cité, c'est toujours pareil, il n'y a jamais rien qui avance", confie une habitante.

Les problèmes d'il y a 10 ans ce sont toujours les mêmes. Vous êtes venus il y a deux mois, vous revenez aujourd'hui, il n'y a rien qui s'est fait.

Une habitante du quartier Arago à Pessac

à France 3 Aquitaine

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Deux mois et demi après les émeutes, les stigmates des dégâts sont encore bien visibles dans les trois quartiers prioritaires de la ville de Pessac ©Candice Olivari et Vincent Piffeteau-France 3 Aquitaine

La municipalité affirme de son côté souhaiter "réinvestir l'espace public", notamment en organisant de nouvelles manifestations culturelles dans ces quartiers où, reconnaît Naji Yahmdi, elles " ont pu par moments connaître un coup d'arrêt". Des promesses " sur du temps long" que ces habitants ont l'habitude d'entendre, et bien du mal croire encore.

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