Depuis le 9 novembre 23019, plusieurs dizaines de familles occupent des bâtiments vacants à Cenon, à l'est de Bordeaux. Une procédure d'expulsion est en cours, un collectif de soutien se mobilise et appelle les pouvoir publics à reloger les habitants.
Ils sont environ 300, originaires des Balkans, d'Afrique sub-saharienne ou du Mahgreb. Depuis déjà un an, ils occupent les bâtiments de l'ancienne résidence pour personnes âgées, avenue Roger Schwob à Cenon, en Gironde.
Fiona Gjeta, Albanaise en attente d'un titre de séjour, qui vit dans ce squat surnommé la Zone libre, avec son mari et ses deux enfants scolarisés, le décrit comme "une grande famille". "Nous faisons tout ensemble. On se connaît bien, on fait des fêtes, on reste ensemble. Même si nous sommes de pays différents et d'origines différentes, ça se passe très bien".
Procédure d'expulsion
Les 80 logements de la Zone libre sont occupés par des immigrés sans papiers depuis le 9 novembre. Le site est co-géré par les familles, qui se savent depuis quatre mois sous la menace d'une procédure d'expulsion. En juin, le maire de Cenon expliquait à France Bleu son souhait de voir les lieux évacués, tout en recherchant pour les occupants une solution pérenne.De son côté Enéal, (ex-Logévie), propriétaire des bâtiments et bailleur social, souhaite les vendre à un promoteur. Le terrain devrait permettre d'agrandir le centre commercial tout proche.
"S'il doit y avoir un expulsion, il doit y avoir un relogement"
Sur place, un collectif de soutien s'est créé, avec pour objectif d'empêcher que l'usage de la force soit déployé pour évacuer les lieux.Raymond Blet, avocat retraité et membre du collectif se défend d'être "un jusqu'au-boutiste". "On sait très bien qu'il y a une opération immobilière qui est prévue sur le lieu. Elle aura lieu un jour, mais ce n'est pas imminent. Nous demandons aux élus de prendre leurs responsabilités. S'il doit y avoir une expulsion, il doit y avoir un relogement".
Logévie est un organisme social. Je pense qu'ils peuvent comprendre que vu la situation sanitaire actuelle, et avec l'hiver qui arrive, il n'est pas question de laisser 80 familles errantes dans les rues de Bordeaux. Ce serait inhumain!
Le collectif bordelais pour le droit des femmes s'est fendu d'une lettre ouverte à la préfecture, qui n'a pas souhaité répondre aux sollicitations de France 3 Aquitaine. " Cette expulsion constitue une violence d’Etat insupportable contre ces femmes qui avec leur famille se mobilisent depuis des mois pour s’insérer dans notre société, notamment par la scolarisation des enfants et les démarches administratives en cours.", écrit le collectif à l'intention de la préfète Fabienne Buccio (…)
Se retrouver à la rue signifie pour ces femmes et leurs enfants une grande vulnérabilité qui les expose à nouveau aux violences de genre.
Pour le maire de Bordeaux Pierre Hurmic la question des squats ne peut être traitée individuellement. "Chacun doit prendre ses responsabilités, et notamment l'Etat et les collectivités locales", a-t-il déclaré.
"Moi je milite depuis le début pour qu'on ne laisse pas les maires seuls face à cette situation sur leur territoire communal, mais que ce soit la métropole qui s'empare ses solutions concrètes à apporter sur le terrain.
Sinon on évacue un squat à Cenon, le lendemain on retrouve les mêmes à Bordeaux, Mérignac ou Bègles. Cela mérite un traitement métropolitain et le Conseil de Bordeaux métropole a compris qu'il fallait aller très vite dans cette direction, et je suis persuadé que nous allons y arriver", a-t-il assuré.
Ce dimanche, un concert était organisé afin de sensibiliser le plus grand nombre sur leur sort, et dans l'espoir de repousser l'échéance.
Voir le reportage de France 3 Aquitaine