Changement climatique : "Cette floraison précoce, dans cet hiver doux, a un impact sur toute la chaîne alimentaire"

Des pruneliers déjà en fleurs, des papillons dehors et des oiseaux très actifs tôt dans l'année interpellent vis-à-vis du changement climatique. Ces températures douces et répétées ont un impact sur la biodiversité. Agriculteurs et spécialistes de l'environnement témoignent.

Des rainettes chantent en ce début janvier, des mésanges construisent leurs nids, des papillons volent avec le soleil très présent en Gironde.

Ces faits sont peut-être anecdotiques pour la plupart des êtres humains, mais pas pour Alexandre Liger, chargé de projets à l'association Cistude Nature.

La biodiversité, il l'observe tous les jours depuis des années. Et cet hiver, les températures sont très douces, avec parfois 20 degrés au thermomètre. 

"Il y a des risques effectivement avec le réchauffement climatique et certaines espèces en profitent aussi, notamment celles qui ont un potentiel adaptatif assez élevé comme certaines invasives. À l'inverse, des décalages répétés de floraison, c'est toute la chaîne alimentaire qui subit", rapporte Alexandre Liger.

Floraisons précoces répétées = capital de reproduction entamé

Quand le chargé de projets de Cistude Nature arpente les marécages, les bois, son regard se porte sur l'ensemble de la faune et de la flore.

"Des floraisons précoces répétées impactent la reproduction des plantes. Il faut s’attendre à un effet en cascade sur les insectes pollinisateurs puis les insectivores que sont certains oiseaux par exemple."

Tout est étudié, rien n'est laissé au hasard. Avec ses équipes, il prend des photos, mesures, c'est un travail de fourmi. Tout doit être comparé avec ses observations des années précédentes.

"Il s'agit vraiment d'objectiver et de recontextualiser ces observations ponctuelles, sur un laps de temps plus large, pour mesurer réellement l’importance et la nature de ces impacts".

La diversification comme seule solution

Des impacts, le réchauffement climatique en a sur une grande partie des agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine, notamment en Gironde. À Cadillac, au sud de Bordeaux, Jérémy Bertin, arboriculteur et maraîcher, s'est installé en 2018. Presque chaque année depuis, il est touché par le gel. 

"Avec cette douceur, comme lors des années précédentes, on risque d'avoir du gel au printemps. On commence à en avoir l'habitude", indique l'agriculteur.

Aujourd'hui, sur ses pommiers, les bourgeons gonflent. Une situation précoce qu'il prend avec philosophie.

"On est obligé de faire avec la nature, c'est elle qui décide. Après, on espère que les températures ne vont pas trop baisser et le gel arrivé, car après financièrement, c'est compliqué". 

S'adapter au réchauffement climatique

Pour faire face, Jérémy Bertin se diversifie, il fait notamment du maraîchage. 

"Pour les futures plantations, on ne sait plus quoi faire, quelles espèces plantées. C'est de l'adaptation", souligne l'arboriculteur.

S'adapter, c'est le maître mot aujourd'hui. Plantes, insectes, oiseaux, agriculteurs, tous subissent le réchauffement climatique sans pour autant pouvoir l'enrayer.

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