A peine plus de 10 cm de hauteur pour la Leyre, certains ruisseaux sont encore complètement à sec...jamais les niveaux d'eau n'ont été aussi bas dans les Landes à cette période de l'année. Les conséquences sur la faune, la flore et l'agriculture inquiètent.
"Les niveaux d'eau ne cessent de baisser depuis le mois de juin" assure Laurent Degrave.
Une situation inédite
Ce technicien spécialiste des cours d'eau dans le Parc Naturel des Landes de Gascogne parle de situation inédite.
Il montre un pilier de pont où l'on distingue nettement le manque d'eau. "Toute la partie blanche est habituellement immergée à cette époque de l'année. Depuis 60 ans que nous observons la Leyre, on n'a jamais vu ça".
Le niveau de la Leyre, ce fleuve côtier qui prend sa source au nord des Landes et se jette dans le Bassin d'Arcachon en Gironde, ne dépasse pas les 15 centimètres à Trensacq.
Laurent Degrave explique le phénomène par la sécheresse aigüe de l'été dernier et le remplissage trop faible des nappes phréatiques durant l'hiver 2021 - 2022.
Certains arbres se meurent
Les conséquences sont déjà dramatiques pour l'environnement direct du cours d'eau.
"C'est un problème pour toutes les espèces, autant animales que végétales. Les poissons ont du mal à circuler et les plantent souffrent" affirme le spécialiste.
"Les arbres doivent résister au manque d'eau et se mettent en stress, ils abandonnent leurs feuilles".
On a des espèces comme les chênes qui vont mourir d'un coup
Laurent Degrave - Technicien rivière Parc Naturel des Landes de Gascogneà France 3 Aquitaine
Cette mortalité soudaine est due à une embolie gazeuse. Le phénomène est expliqué dans cette vidéo de l'INRA.
Les arbres pompent de l'air par leurs racines, les bulles empêchent la circulation de l'eau et les végétaux dépérissent par manque d'hydratation.
Inquiétude pour les cultures
Tout autour de la Leyre, la situation des petits cours d'eau n'est guère meilleure.
Certains sont carrément à sec en plein mois de novembre. Là encore c'est du jamais vu. Pareil pour ce fossé en bordure de champs.
Stany Chénu, l'agriculteur propriétaire des champs contigus explique qu'habituellement son fossé se recharge avec la nappe phréatique après l'été. Là, toujours rien.
"C'est la preuve que la nappe est très basse" dit-il, "ce n'est pas normal".
Je suis là depuis 1969, je ne l'ai jamais vu à sec en automne
Stany Chénu - agriculteurà France 3 Aquitaine
Stany Chénu avoue être inquiet pour les plantations à venir. "Si l'hiver n'est pas assez arrosé et qu'on a une nouvelle sécheresse, la nappe phréatique ne pourra pas se refaire".
On aura des restrictions d'irrigation qui peuvent mettre en péril toute la filière légumière de la haute Landes
Stany Chénu - agriculteurà France 3 Aquitaine
Les pluies de ces dernières semaines sont loin d'être suffisantes pour pallier ce manque d'eau. Dans les Landes, comme dans de nombreux départements du sud-ouest, on attend et espère maintenant que des averses abondantes ponctueront ces prochains mois.