Changement climatique. La culture du sorgho moins gourmande en eau fait son chemin

Comment s’adapter au manque d’eau ces prochaines années dans l’agriculture ? La culture du sorgho, plus économe en eau que le maïs ou le blé, gagne du terrain en Lot-et-Garonne. La graine bien résistante est destinée en majorité à l'alimentation animale.

L'eau manque et les pluies des derniers jours ne changent pas la donne. C'est un phénomène général aux conséquences de plus en plus majeures. Les précipitations de pluie ont été nettement moins généreuses en 2022 : en moyenne 26 % de moins en 2022 pour la station météo d'Agen en Lot-et-Garonne. 

Directement touchés par ces changements conséquents, les agriculteurs. Aux cultures traditionnelles doivent aujourd'hui s'ajouter d'autres cultures plus adaptées. Qui sait peut-être un jour les remplacer ?

C'est le cas de nombreux producteurs en Lot-et-Garonne qui ont semé davantage de sorgho ces dernières années, une céréale de la famille des poacées comme le blé, le riz ou le millet. Elle est originaire d'Afrique, probablement d'Éthiopie, et pousse très bien dans les régions tropicales et méditerranéennes.

"On parle de plus en plus du sorgho en France, mais on le cultive en fait depuis les années 60 par chez nous" indique Denis Maurel, céréalier installé à l'est du Lot-et-Garonne, qui en cultive 10 hectares. Le département a été pionnier en la matière avec la Haute-Garonne.

L'agriculteur, également responsable technique d'Agri Agen, négociant en céréales et oléoprotéagineux parle de "développement fort" du sorgho ces dernières années avec 1500 hectares de cultures. "C'est l'espèce la plus vendue après le tournesol et devant le maïs. C'est une culture rustique et sécurisante. Pas dévorée par les palombes au semis, moins gourmande en azote et en eau" précise Denis Maurel. 

Il y a deux fois moins de cycles d'irrigation que le maïs.

Denis Maurel, Agri Agen

France 3 Aquitaine rédaction web

Une solution pour faire face au réchauffement climatique. L'an dernier, du fait de la sécheresse bien marquée en Aquitaine, le rendement a été moindre, mais il est plutôt stable. Le producteur doit s'adapter.

"J'essaie de choisir des variétés plus précoces, grâce aux progrès de la génétique, pour raccourcir le cycle de culture. Il faut désormais semer plus tôt pour diminuer la période de stress hydrique".

Nombreux débouchés

À Agen, l'essentiel du sorgho grain part en Espagne dans l'alimentation des élevages porcins. La céréale est aussi utilisée couramment dans l'élevage avicole, en oisellerie, en pisciculture.

Il entre également dans la composition d’aliments pour le bétail qui consomme aussi du sorgho fourrager, l'autre espèce moins répandue. Des éleveurs la cultivent en complément d'autres céréales pour nourrir leurs cheptels.  

La consommation humaine est aussi un nouveau marché. "On voit poindre un usage alimentaire avec notamment la fabrication de farine" dit Denis Maurel. Le sorgho est transformé aussi en bière par exemple. 

En Nouvelle-Aquitaine, 1700 producteurs en tout cultivent dorénavant du sorgho actuellement sur 13 000 hectares en 2022, selon Arvalis, l'institut du végétal. Une surface encore très réduite après le blé et le maïs -presque 500 000 hectares chacune-, le tournesol, -presque 200 000 ha-, le colza ou l'orge.  

Toutefois, le sorgho gagne du terrain avec tous ses atouts et est devenu la cinquième céréale dans le monde après le maïs, le blé, le riz et l'orge.  

La France est le deuxième plus gros producteur d'Europe, juste derrière la Russie, grâce au sud-ouest, mais le réchauffement climatique a élargi la zone de culture vers le nord, notamment l’Indre-et-Loire, deuxième département producteur. 

Le sorgho n'est pas l'unique culture qui peut faire son chemin dans le Sud-Ouest. Thomas Solans, élu à la chambre d'agriculture de Gironde, viticulteur et éleveur, évoque d'autres pistes de cultures moins consommatrices d'eau comme l'olivier, le houblon ou le chanvre.

Il faut anticiper, car on ne va pas créer de filière du jour au lendemain et aller vers la polyculture.

Thomas Solans - chambre d'agriculture de la Gironde

France 3 rédaction Web

Autant dire que l'anticipation est la clé pour beaucoup, associée à la diversification. Les techniques en agriculture ne s'improvisent pas.

Quand la pluie vient à manquer dans la région : 

Voici une infographie qui vous permet en choisissant votre département de connaître le niveau de température moyenne pour certaines villes durant l'année 2022. Pour ces différents sites, vous retrouvez également le cumul de précipitations. Le déficit oscille entre 20 et 30 % selon les territoires. 

Voici une carte qui permet de retrouver l'année la plus chaude par secteur en cliquant sur les points.