Huit jeunes sur 10 souhaitent créer ou reprendre une entreprise mais le financement et la complexité administrative peuvent être des obstacles. L'Adie, l'association pour le droit à l'initiative économique les soutient, par un accompagnement individuel. Comme Melek, qui a ouvert son salon de coiffure.
Elle a baptisé son salon Ange. C'est la traduction de son prénom. Mélek est d'origine turque. Dans son pays, elle avait suivi une formation d'avocate mais en France, la barrière de la langue l'a obligée à changer son projet. Parce qu'elle aimait coiffer, elle rêvait d'ouvrir son salon. "J'en voulais, je me suis lancée" résume-t-elle. Mais sa seule détermination n'aurait pas suffi.
Elle a été soutenue par l'Adie, l'association pour le droit à l'initiative économique qui lui a accordé un micro crédit de 10 000 euros. Elle a trouvé un local à Villenave d'Ornon près de Bordeaux. Elle y a fait des travaux avec l'aide de son mari. Et en juillet 2020, elle a accueilli ses premiers clients, et n'a pas renoncé malgré la pandémie de Covid-19.
"Bien sûr que je me suis dit peut-être, ça va pas marcher mais je ne me suis pas laissée aller. Je n'ai jamais baissé les bras. Je me suis dit, ça va aller. On va faire les choses bien. On va surmonter ça" explique-t-elle dans un français presque parfait.
Un an et demi plus tard, elle a fidélisé une clientèle de quartier plutôt âgée et a noué avec elle des liens particuliers. Elle dégage un salaire, rembourse son micro crédit et à 28 ans, voudrait ouvrir un deuxième salon. Et elle est fière de son parcours.
Pour moi, c'est une réussite !
Sonia, elle en est encore au stade de projet : ouvrir un salon de tatouage semi permanent de sourcils. Elle a travaillé dix ans en tant que salariée dans le domaine de la finance et de la banque puis de l'énergie.
A 27 ans, elle change radicalement d'orientation et veut créer sa propre entreprise. Elle a trouvé la confiance en soi qui lui manquait jusqu'alors " Je ne suis pas soutenue par ma famille, mes proches. Je suis toute seule dans ce projet-là. Et puis en tant que femme, ce n'est pas évident. Il y a toujours des gens pour vous mettre des bâtons dans les roues, pour vous décourager. J'ai mis du temps à gagner la confiance en moi. Aujourd'hui, je l'ai pour me lancer et assurer mon avenir." confie-t-elle
Sarah veut lancer sa marque de skateboards et de planches de surf. Elle veut imaginer les dessins qui illustreront les planches, les faire imprimer et vendre ensuite en e-commerce. Un projet bien abouti. Elle n'a pourtant que 24 ans.
"Des interrogations, forcément j'en ai. Est-ce que ca va fonctionner ou pas, est-ce que mes designs vont plaire ou pas. Le monde du skate est assez inaccessible mais se développe. A ce niveau-là, c'est compliqué mais si je n'essaye pas, je ne pourrai pas savoir et si çà ne marche pas, j'aurai une autre idée et puis voilà !"
Sonia comme Sarah suivent la formation gratuite "je deviens entrepreneur" : trois jours par semaine pendant trois semaines dispensés par des bénévoles de l'Adie. Tous les aspects de la création d'entreprise, jusqu'à l'élaboration du business plan y sont abordés. La session est exclusivement féminine et traduit une tendance actuelle. 45 % des entrepreneurs aidée par L'Adie en Gironde sont des jeunes femmes.
A l'issue de leur formation, elles pourront bénéficier d'un suivi individuel et des ateliers selon le besoin et le temps nécessaire. Elles pourront surtout demander un micro-crédit pour démarrer leur activité. Jusqu'à 12 000 euros quand les banques classiques n'ont pas donné suite.
Huit jeunes sur 10 de moins de 35 ans souhaitent créer ou reprendre une entreprise mais seule une minorité passe à l'acte. Ce sont eux que l'Adie veut prioritairement aider rappelle Thomas Tignon Directeur Territorial Gironde.
"A l'Adie, on estime que tout le monde doit pouvoir entreprendre et réaliser ses initiatives. On doit pouvoir aider les femmes, les hommes dans leur démarche. Même sans capital, sans diplôme, sans trop de réseaux de soutien, on doit pouvoir soutenir le micro entreprenariat."
Selon une étude publiée en septembre dernier , 37% des personnes aidées percevaient les minima sociaux, 49% vivaient sous le seuil de pauvreté. Après la création de leur micro entreprise, 87% étaient toujours en activité deux ans plus tard, 93% étaient insérés professionnellement.
En Gironde, l'Adie a soutenu, cette année, 375 entrepreneurs en Gironde.