Les motifs de détatouage comprennent principalement l’insatisfaction du tatouage depuis le début, l’embarras/honte et les raisons professionnelles. Des solutions existent comme le laser mais ce n'est pas sans inconvénient. Regardez notre reportage et les explications d'un spécialiste...
Invité plateau : Dr Olivier Cogrel, responsable de l’Unité de dermatologie chirurgicale interventionnelle, pôle oncologie, radiothérapie, dermatologie, hématologie et soins palliatifs - CHU de Bordeaux
Date de diffusion : lundi 26 juin 2017
Aujourd'hui, il est possible de se faire retirer un tatouage grâce à des lasers de haute précision.
Les tatouages définitifs : les complications, le détatouage
Complications cutanées et systémiques associées au tatouageLe tatouage peut être associé avec un grand nombre de complications, dont la prévalence et l'incidence restent encore mal connues à ce jour. L'allergie à l'encre de tatouage (le rouge principalement) est la principale complication à craindre, mais elle est actuellement encore imprévisible. Les infections sur tatouage sont directement dues au manque d'asepsie ou d'hygiène durant la séance ou lors de la phase de cicatrisation. Les patients avec une dermatose chronique doivent être prévenus des possibles risques de localisation de leur dermatose sur tatouage. Une éruption sur tatouage peut révéler une sarcoïdose. Tout patient avec une pathologie chronique et/ou une immunodépression doit prendre contact avec son médecin pour discuter de la possibilité de se faire tatouer.
Les réactions dites « allergiques » à une encre/une couleur sont la principale complication actuelle sur tatouage, qui poussent un individu tatoué à consulter. Selon la littérature récente, les complications des tatouages concernent de 2 % à plus de 20% des sujets tatoués (cette extrême variabilité est expliquée par les limites méthodologiques des études publiées, qui sont presque exclusivement des études rétrospectives basées sur les dires des patients, en l’absence d’examen clinique et de définition précise des signes et symptômes rapportés).
En Allemagne, 6 % d’une cohorte de 3411 tatoués interrogés sur Internet rapportent des « problèmes de peau persistant sur les zones tatouées ». À Central Park (New York, États-Unis), 6 % (18/300) des tatoués interrogés rapportent une réaction chronique durant depuis plus de quatre mois sur une couleur spécifique du tatouage. Nous avons même trouvé un chiffre proche parmi les tatoueurs français, puisque 8 % d’entre eux (34/402) signalent l’existence d’une « allergie » sur au moins un de leurs propres tatouages. Si l’on s’intéresse à des symptômes plus mineurs, tels un prurit récidivant ou une réaction photo-induite (avec tuméfaction et prurit), ce chiffre augmente encore… Les réactions dites «allergiques» à une encre ou une couleur sont de loin les principales complications qui peuvent amener un patient à consulter pour son tatouage...
Il n’existe pas de définition consensuelle de ce qu’est une réaction « allergique » ou « d’hypersensibilité » à une encre ou une couleur de tatouage. Elle pourrait être définie empiriquement ainsi : une réaction chronique et constante ; restreinte à un ou des tatouages ; limitée à une couleur ; survenant dans des délais variables, d’immédiatement après la réalisation du tatouage jusqu’à de nombreuses années plus tard ; caractérisée cliniquement par une tuméfaction touchant une partie de cette couleur ou sa totalité, réalisant une infiltration diffuse permanente ; très souvent associée à un prurit, parfois invalidant ; la réaction est en revanche rarement douloureuse…
Les réactions sur tatouage, comme toute dermatose chronique, ont un impact sur la qualité de vie, principalement en raison du prurit local qui peut devenir invalidant ou de l’aspect totalement inesthétique de la réaction. Les patients qui se présentent en consultation de ville ou hospitalière pour la prise en charge d’une réaction sur tatouage souffrent réellement et cet aspect ne doit pas être négligé.
Les motifs de détatouage comprennent principalement l’insatisfaction du tatouage depuis le début, l’embarras/honte et les raisons professionnelles. Les autres motivations sont l’amélioration de l’estime de soi, les raisons sociales (changement de style de vie), les raisons personnelles (âge et la maturité du sujet, valeurs personnelles), la pression familiale ou le (classique) changement de partenaire. Cependant, il faut rappeler qu’il existe un délai entre la décision de faire retirer le tatouage et le retrait lui-même, délai qui varie grandement selon les individus.
Sources : extraits des publications de Nicolas Kluger University of Helsinki and Helsinki University Central Hospital
Contact CHU de Bordeaux : Dr Olivier Cogrel
Rresponsable de l’unité de dermatologie chirurgicale interventionnelle
CHU de Bordeaux – mai 2016
Contact CHU de Bordeaux : Dr Olivier Cogrel
Rresponsable de l’unité de dermatologie chirurgicale interventionnelle
CHU de Bordeaux – mai 2016