Conseil Régional : En mémoire de tirailleurs sénégalais, naufragés en 1920, puis "oubliés"

Il y a 98 ans, le 9 janvier 1920, le paquebot « Afrique », parti du port de Bordeaux, faisait naufrage le 12 au large des Sables d’Olonne. Parmi les 600 victimes, 192 tirailleurs sénégalais. L'exposition de "Mémoires et partages"(jusqu'au 30/01) met en lumière ces "oubliés" de l'Histoire.

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C’est la plus grosse catastrophe maritime en France. Et pourtant, il nous semble n'en avoir jamais entendu parler. L'exposition, qui s'appuie sur une enquête historique et administrative de l'association, permet de découvrir l'identité des victimes et replace la catastrophe dans le contexte.

Pour l'association c'est le résultat de longues recherches et l'aboutissement d'un plaidoyer en faveur de la mémoire de toutes les victimes. A terme, Karfa Sira Diallo, fondateur-directeur de Mémoires & Partages et concepteur de l'exposition, souhaiterait qu’un mémorial soit créé, en souvenir de ces morts « oubliés de tous ».


La catastrophe

Le 9 janvier 1920, le paquebot « Afrique » (construit en 1907), quitte le quai des Chartrons à Bordeaux, direction le Sénégal. Les conditions de mer sont difficiles, la houle et les vents forts.

A bord, sur les 599 occupants du navire, on compte :
  • 135 membres d'équipage
  • 282 passagers. Parmi eux des familles, femmes et enfants dont les maris officiers, fonctionnaires retrouvaient leur poste en Afrique, mais aussi 17 missionnaires de la Congrégation du Saint-Esprit ainsi que l'évêque de Dakar, emmené par Monseigneur Hyacinthe Jalabert.
  • mais aussi 192 soldats de l'armée coloniale, tirailleurs sénégalais pour la plupart, qui, nous sommes en 1920, après avoir échappé à la mort sur le front, tentaient de rallier leur pays natal.


Le 10 janvier, le paquebot aborde la pleine mer après de nombreuses pannes et incidents déjà lors de sa descente vers l'estuaire de la Gironde. Il prendrait l'eau après avoir heurté une épave. Un premier SOS est lancé.
Mais la mer est très mauvaises : les secours ne peuvent s'approcher.

Le 11 janvier en fin de matinée, de l'eau s'engouffre dans la cale de la chaufferie. Prévenu, le Commandant ralenti l'allure mais ne semble pas croire à une grosse voie d'eau car les pompes ont été activées. Hélas, elles ne marchent pas et le niveau monte pendant la nuit du 12 au 13 janvier. Le bateau est à la dérive...

Le bateau croise alors à quelques miles entre l'île de Ré et les Sables d'Olonne.
Le commandant Le Dû ordonne l'évacuation mais les passagers, effrayés, refusent d'embarquer sur les canots pensant le paquebot plus solides que les coques de noix...
Le commandant, les missionnaires, passagers et soldats africains restent à bord, abîmés dans la prière ou l'espérance... Seul l'équipage et un passager grimperont dans les chaloupes chahutées violemment par les vagues de la tempête.

L'Afrique se disloque finalement sur les roches de Rochebonne et sombre, emportant son commandant et 563 âmes au fond de l'eau... 

Il n'y eu que 36 survivants.


Les jours et mois qui suivent, des corps seront repêchés sur les plages alentours (de la Vendée, l'Ile de Ré ou celles de l'île d'Yeu) sans qu'on sache alors quelle est l'identité de qui...


Ecoutez la conseillère régionale Naïma Charaï, déléguée à l'égalité homme-femme, à la lutte contre les discrimination et à la solidarité.

Déléguée à l'égalité homme-femme, à la lutte contre les dicriminations et à la solidarité

Des victimes "oubliées"

Nous sortons de la Première guerre mondiale, la "der des der", qui tient son nom car elle devait être la dernière tellement elle avait fait de nombreuses victimes : 18,6 millions de morts (9,7 millions de militaires et 8,9 millions de civils).
Une des explications qui auraient pu occulter les centaines de victimes du naufrage, même si la catastrophe et la recherche de responsabilité du naufrage fait débats et polémique à l'époque.
Mais aussi en filigranes le peu de cas qu'on pouvait faire de ces victimes, sans ou loin de leur famille : tirailleurs sénégalais, missionnaires et autres gens de mer...


Une exposition jusqu'au 30 janvier 2018:

A l'Hôtel de Région Nouvelle-Aquitaine
14, Rue François de Sourdis
Ouvert du lundi au vendredi de 8h30 à 17h30

Des visites guidées de l'exposition sont organisées :
  • Mardi 16 janvier à 16h30
  • Mardi 23 janvier à 15h
  • Lundi 29 janvier à 15h
Inscriptions et informations auprès de memoires.partages@gmail.com

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