A Bordeaux, comme partout ailleurs, les rues se sont vidées après l'allocution du Président de la République, Emmanuel Macron, intimant aux Français de rester chez eux. Une médecin généraliste nous raconte sa première journée dans ce contexte de confinement.
Ce mardi, nous avons contacté plusieurs médecins généralistes, deux d'entre eux ont bien voulu répondre à nos questions sur leur quotidien de médecin depuis le confinement mais aussi ces derniers jours.
Il faut dire que depuis le confinement, c'est eux qui sont en première ligne. La téléconsultation est à privilégiée.
[Point presse #COVID2019] Les consignes évoluent pour orienter les patients en première intention vers leur médecin traitant, et réserver l’appel au 15 pour les urgences. Il faut appeler son médecin plutôt que se déplacer. La téléconsultation va être privilégiée et déployée.
— ARS Nouvelle-Aquitaine (@ARS_NAquit) March 17, 2020
Au cabinet du Dr Elisabeth Jarreau-Pagès, près du stade Chaban Delmas, les portes restent ouvertes pour éviter les manipulations et les contacts. Depuis quelques temps, les chaises sont installées à distance dans la salle d'attente mais le plus souvent les patients préfèrent attendre dans la rue.
Ces consultations ont changé :
Bien-sûr je porte et en mets un au patient si je vois qu'il y a une suspicion
Mais pour l'instant, on n'a pas reçu les bons masques (les masques FFP2, NDLR), ni de gel...
Mais je me lave tout le temps les mains, on isole les patients...
Moins de patients, plus d'appels
Le Dr Jarreau-Pagès passe depuis ces tout derniers jours, beaucoup de temps au téléphone: "peut-être un quart du temps, "et il y a au moins dix patients de moins par jour mais je les garde plus longtemps". Le nombre a baissé "aussi parce que les ordonnances peuvent être renouvelées en pharmacie .Il y a beaucoup d'angoisse... surtout chez les jeunes curieusement.
On essaie de les rassurer, donner des conseils.
Pour les gens fragiles, c'est compliqué le confinement... et cet environnement qui est anxyogène.
J'ai aussi quelques personnes seules, même si certaines ont de la famille, mais pas ici... pour lesquelles on est les seuls contacts... Je propose de les revoir la semaine prochaine, pour leur donner un but...
En cas de suspicion ?
Elle dit aussi assurer le suivi auprès de ces personnes pour l'évolution de la maladie :Comme il n'y a pas de dépistage systématique, si je suspecte une grippe, parce que c'est une forme définie de la grippe, je fais mettre un masque et sinon, je gère au téléphone.
Et elle ? comment va-t-elle?Ce n'est pas une belle médecine, une médecine de diagnostic...
Notre rôle c'est de faire le tri et surtout ne pas encombrer les urgences pour les cas graves...
Bien, bien, c'est un peu stressant.
Vous savez en médecine, on a l'habitude de prévoir, savoir. A une pathologie correspond un protocole qu'on adapte au patient.
Là on voit au jour le jour...C'est moins de satisfaction et plus de pression...
L'angoisse du confinement
Le Dr Brigitte Drouet (dont le cabinet est en centre-ville) a elle aussi bien voulu partager son quotidien même si, elle le dit elle-même, "mon cabinet n'est pas très représentatif", "j'ai une petite patientèle que je reçois seulement sur rendez-vous".La sécurité sociale l'a appelée ce lundi pour savoir comment elle organisait sa consultation. Cette médecin homéopathe poursuit donc, ses consultations, comme avant sur rendez-vous. Mais apparemment,ses patients seraient moins nombreux. Finalement, par sagesse ou par crainte du virus, les patients "semblent s'auto-réguler".
Depuis quelques jours, elle répond à quelques patients notamment au téléphone, certains sont angoissés :
Quant aux personnes âgées, "elles sont déjà un peu autoconfinées, déjà... après il y a les visites, le kiné... Il faut ne faire que ce qui est absolument nécessaire".J'essaie de les rassurer... la Gironde n'est pas une zone trop épidémique, pour l'instant...
Certains, avec des problèmes psychologique,s me demandent un certificat pour pouvoir sortir de chez eux (par rapport à l'enfermement mal supporté, NDLR), je leur dis de remplir leur autorisation de sortie comme indiqué...
J'assure le suivi des personnes, j'avais 3 ou 4 bronchites.
Je renouvelle des prescriptions, j'ai donné mon portable à quelques patients un peu fragile.
Les consultations
Elle poursuit ses consultations tout ayant adapté certaines choses.Quant à sa vie personnelle ?J'ai mon lot de masques, du gel...
J'ai éloigné la chaise à 1m50
les consultations, la médecine se simplifie...
Ca va. Je n'ai pas d'enfants à la maison, juste un chat. Et je viens au cabinet à vélo.
Des cas de coronavirus ?
Parmi les sept cas ou suspicions auquels elle a été confronté, l'un de ses patients a été hospitalisé pour une pneumonie et est de retour chez lui. Il n'a pas encore été testé à ce jour mais son frère et ses parents sont aussi infectés.
A ceux-là s'ajoutent deux autres cas en ville et un autre passé au CHU en attente de test, sous protocole de paracétamol.
[Mémo #COVID19] Que faire si je tousse/ j'ai de la fièvre??
— ARS Nouvelle-Aquitaine (@ARS_NAquit) March 17, 2020
➡️Je n'ai pas de symptôme = #jerestechezmoi
➡️J'ai des symptômes (toux, fièvre) = #jerestechezmoi & je contacte mon médecin traitant (suivi par?ou téléconsultation). Si les symptômes s'aggravent, je contacte le 15 ? pic.twitter.com/hRCZc7Eyix