À partir de ce jeudi 24 février, les médecins libéraux pourront vacciner leurs patients, âgés de 50 à 65 ans et présentant des risques, contre le coronavirus. Comment cela va-t-il se passer ? Réponse avec trois médecins en Nouvelle-Aquitaine.
"Il aura fallu attendre presque deux mois pour y arriver, et aujourd'hui, enfin, nous avons accès au vaccin dans le cadre de notre activité professionnelle, c'est une excellente chose" se réjouit Philippe Arramon-Tucoo, président des médecins libéraux de Nouvelle-Aquitaine.
À partir de ce jeudi, en théorie, tous les médecins libéraux de France qui le souhaitent, pourront vacciner certains de leurs patients dans leur cabinet : les personnes âgées de 50 à 65 ans, présentant des co-morbidités, avec le vaccin AstraZeneca.
"Chaque médecin est en capacité, pour cette semaine, d'avoir réservé un flacon de dix doses", précise le médecin.
Dans les semaines qui suivent, il est probable, et c'est ce que nous espérons, qu'on passe à deux ou trois flacons par médecin, pour pouvoir élargir cette vaccination le plus rapidement possible.
En théorie, tous les médecins libéraux pourront vacciner, généralistes comme spécialistes.
Mais en pratique, d'après Arnaud Gaunelle, médecin à Lormont, en Gironde, et représentant du syndicat MG France en Nouvelle-Aquitaine, ce seront surtout les généralistes qui vaccineront, pour des questions d'habitudes et d'équipement : "il faut surveiller le patient pendant 15 minutes après la vaccination, et disposer d'adrénaline, au cas ou il y a aurait une réaction allergique".
Le généraliste salue cette extension de l'offre vaccinale. Mais il regrette que les doses de vaccins à ARN pour les plus de 75 ans ne soient pas plus disponibles : "C'est complet partout, il n'y a plus de rendez-vous disponible dans les centres de vaccination depuis fin janvier. Je dis à mes patients d'arrêter de chercher en vain un rendez-vous, parce que c'est impossible et trop stressant".
Des vaccins en retard en Nouvelle-Aquitaine ?
Il semblerait, d'après le médecin Arnaud Gaunelle, que toutes les doses d'AstraZeneca réservées par les médecins ne soient pas encore arrivées dans la région.
"Les informations que l'on reçoit sont un peu chaotiques" regrette-t-il. "J'ai commandé des doses, et établi une liste d'attente pour mes patients, mais pour le moment, les pharmacies que j'ai contactées ne les ont apparemment pas reçues" ajoute-t-il.
C'est une question de jours, précise le médecin : "il semblerait qu'on reçoive les doses jeudi ou vendredi". Un petit décalage qui pourrait poser problème à certains médecins. "J'ai des confrères qui ont prévu une demi-journée de vaccination vendredi. Si le vaccin n'arrive pas à temps, ils vont devoir appeler leurs dix patients pour décaler" explique Arnaud Gaunelle.
"Nous avons reçu plus de soixante doses"
De son côté, Eugénie Dulbecco, médecin généraliste à Gradignan, va pouvoir vacciner ses patients dès demain. Les doses qu'elle a commandées sont parvenues ce mercredi dans sa pharmacie référente.
Je travaille dans un cabinet qui compte six médecins, et nous avons organisé deux demi-journées de vaccination, ce jeudi matin et vendredi après-midi. Nous avons reçu plus de soixante doses, et tous les rendez-vous ont été pris.
Elle indique avoir elle-même contacté ses patients susceptibles d'être vaccinés. "L'accueil a été positif, les gens sont très contents qu'on les appelle directement, et certains préfèrent éviter de devoir aller dans un centre de vaccination" souligne-t-elle.
Dès la semaine suivante, Eugénie Dulbecco et ses collègues s'organiseront pour vacciner deux fois plus de patients, si les doses suivent comme prévu.
→ Nous avons contacté l'ARS de Nouvelle-Aquitaine au sujet de la disponibilité des vaccins AstraZeneca, qui ne nous a pas encore répondu.
Quid des effets secondaires ?
Le vaccin AstraZeneca a été le troisième autorisé dans l'UE, après ceux élaborés par Pfizer-BioNTech et Moderna. Depuis le début du mois de février en France, il a déjà été proposé aux professionnels de santé.
Mais dans plusieurs centres hospitaliers, comme en Dordogne, en Normandie ou Bretagne, les soignants vaccinés ont déploré avoir subi des effets secondaires, comme un syndrome pseudo-grippal.
"Il faut informer les patients"
Le médecin Arnaud Gaunelle tempère, et évoque une gêne relativement courte, de 12h à 24h.
Lorsqu'on est cas-contact, ou qu'on attrape le covid, il faut prévoir, au mieux, dix jours d'isolement. Si le vaccin provoque des effets secondaires qui durent 12 à 24 heures pour les plus réactifs, la balance reste largement en faveur de la vaccination.
Pour convaincre ses patients de se faire vacciner malgré ces désagréments, il insiste sur la nécessité de les prévenir et les informer. "Dans les hôpitaux, il y a eu un effet de surprise, parce que les personnes vaccinées ne s'attendaient peut-être pas à ces effets secondaires", souligne-t-il.
Ses patients n'ont pas évoqué de craintes particulières sur cette question, et sont majoritairement volontaires pour se faire vacciner, ce que confirme aussi Eugénie Dulbecco : "quand les gens sont informés, ils sont d'accord".
→ Regardez l'interview de Philippe Arramon-Tucoo :