Coronavirus : la Poste se réorganise pour gérer le versement anticipé des prestations sociales

Depuis le 23 mars dernier, La Poste avait déjà modifié son organisation et s'était recentrée sur ses activités essentielles.  Lundi, elle ouvrira quatre bureaux supplémentaires en Gironde pour accueillir les bénéficiaires des prestations sociales, versées, par anticipation, dès samedi. 

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Elles auraient du être versées le 6 ou le 7 avril. Les allocations et prestations sociales seront disponibles sur les comptes bancaires samedi 4 avril. Cette décision, informe le gouvernement dans un communiqué publié le 1er avril, "s’applique à l’ensemble des allocations et prestations versées par les CAF et la MSA  (RSA, allocation adulte handicapé, prime d’activité, aides personnelles au logement, allocations familiales...)".
Cette mesure de solidarité nationale a été décidée pour que les "personnes les plus précaires continuent de percevoir les aides auxquelles elles ont droit et puissent exécuter les opérations bancaires dont elles ont besoin dans les meilleures conditions".

La Poste est la principale banque de ces personnes précaires. C'est même l'une de ses missions de service public rappelle Pierre-Yves Dahirel, le directeur adjoint en Gironde et Lot-et Garonne.

Ces gens ont un besoin vital de retirer leurs prestations sociales. Depuis une dizaine de jours, ils ont 10 à 15 euros par jour pour nourrir leur famille. Souvent, ils viennent dès le premier jour. 


Un pic d'activité que La Poste a l'habitude de gérer mais qu'elle n'a jamais éprouvé en confinement. 

Elle a fait le choix de fermer exceptionnellement samedi matin pour encourager tous les détenteurs de cartes de retrait à utiliser les distributeurs automatiques de billets et pour éviter le goulot d'étranglement lundi.

Car, depuis le 23 mars, la Poste, service public d'importance vitale, a déclenché son plan de continuité d'activité. Elle a réduit, affirme-t-elle ses missions à l'essentiel : distribution du courrier ralentie, retrait d'espèces, paiement de factures et de western Union et a fermé une partie de ses bureaux.

Seuls 41 bureaux sur les 220 sont restés ouverts en Gironde et Lot-et-Garonne. Évidemment, ils n'accueillent plus leur 35 000 clients quotidiens. Un chiffre qui pouvait grimper jusqu'à 52 000 lors du versement des prestations sociales.
Mais la Poste compte 10 000 bénéficiaires de minima sociaux  dans les deux départements. Pour pouvoir les recevoir,  elle a donc décidé de rouvrir quatre bureaux supplémentaires. Est-ce que ce sera suffisant ? 

Bernard Lavorel, représentant de Sud au Comité d'hygiène de sécurité et de santé au travail en doute :

La distribution des prestations sociales, forcément, on la redoute. On a aucune idée de combien de personnes on va avoir au guichet. Ça risque d’être rock' n' roll. Il va y avoir une file d'attente dehors avec des incivilités possibles. 


La Poste l'assure pourtant, elle a pris toutes les mesures pour garantir la sécurité de ses salariés et de ses clients.  Un marquage au sol matérialisera la distance d'un mètre. Des parois en plastique seront installées dès demain dans tous les bureaux devant les agents pour les protéger d'éventuels postillons détaille Jean-Yves Dahirel.

Dans les 45 bureaux, nous aurons un à deux vigiles à l'intérieur. Seuls ceux qui viennent pour les prestations sociales pourront rentrer.  Les autres seront priés de revenir plus tard. Les vigiles filtreront également le nombre de clients acceptable par bureau de poste. 

La Poste a envoyé plus d'1,2 millions de SMS à ses clients girondins et lot-et garonnais pour les informer que de lundi à mercredi la priorité sera de servir les clients bénéficiaires des prestations sociales. 

Enfin, des gendarmes et policiers seront à l'extérieur des plus gros bureaux, pour calmer les plus impatients dans la file d'attente.  


Miguel Menendez représentant de la CGT dit comprendre que La Poste participe au service public surtout pour les personnes précaires mais redoute que les mesures prises par la Poste ne soient pas applicables partout.

Sur le papier, il y a de bonnes intentions mais elles ne sont pas forcément réalisables notamment en ce qui concerne  la distance de sécurité. Les usagers feront-ils preuve de discipline?  Dans les petits bureaux, les agents émettent des réticences.  On était d’accord pour que des bureaux rouvrent mais si la sécurité était assurée.  Il y a eu du retard à l’allumage sur les équipements de protection. Mais des masques et gel hydroalcoolique ont enfin été distribués.

Ils l'ont été en quantité  "à peu près suffisante" mais "depuis peu" fustige de son côté Bernard Lavorel. Le représentant de Sud au Comité d'hygiène de sécurité et de santé au travail ne comprend pas pourquoi le groupe a préféré donner 300 000 masques aux Forces de l'ordre plutôt que d'équiper prioritairement ses salariés.  Et le geste barrière de se laver les mains n'élimine pas totalement le danger : 

 On va toucher des pièces d’identité, des cartes bleues et de l’argent. Le risque existe

 

Depuis le début du confinement, les bureaux étaient ouverts de 10h à 12h et 14h à 16h. De lundi à mercredi, ils le seront de 9h à 12h30 et de 13h30 à 17h. 

Deux "brigades étanches" se relayeront entre le matin et l'après-midi sans se croiser pour limiter les risques. 

En Gironde et Lot-et-Garonne, 42% du personnel est absent. Comme beaucoup d'entreprises encore en activité, la Poste doit préserver ses salariés autant que ses clients pour tenir sur la durée. 

 Elle a déploré un cas de COVID 19 et 14 cas de suspicion pour 1450 salariés girondins et lot-et garonnais. 




 
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