Dépistage, gestes barrière, auto-confinement. Ce mercredi 16 décembre, le CHU de Bordeaux et l'ARS de Nouvelle-Aquitaine ont tenu une conférence de presse pour faire le point sur l’évolution de la pandémie et livrer leurs recommandations à l’approche des fêtes de Noël.
Le 8 décembre dernier, Yann Bubien s'inquiètait sur les réseaux : la tendance n’était pas bonne, les chiffres montraient une hausse des cas. Le Directeur Général du CHU de Bordeaux incitait à être vigilant plus que jamais et à respecter les gestes barrière. Ce jour-là, 121 patients COVID étaient hospitalisés. Huit jours plus tard, la reprise de l'épidémie semble se confirmer. Le nombre de patients COVID a grimpé à 143 et 43 en réanimation. Le CHU veut mettre en place une stratégie orientée vers les plus fragiles notamment pour la vaccination. Il prépare déjà la logistique nécessaire en lien avec l'ARS et l'Etat.
Ces chiffres ne sont pas alarmants mais, à l'approche des fêtes, il convient de maintenir une vigilance accrue.
Se rapproprier les gestes barrière
Le Professeur Denis Malvy, responsable de l’unité des maladies tropicales et du voyageur au CHU de Bordeaux l'a rappelé :
En cette période de fête, chaque citoyen doit se rapproprier les mesures barrières.
Selon lui, la situation pourrait être comparable à celle de fin août où le nombre d'hospitalisations avait, à nouveau, augmenté après les brassages de l'été et avait conduit à "qualifier Bordeaux de zone à risque".
Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic a participé à la conférence de presse en sa qualité de Président du conseil de surveillance du CHU de Bordeaux. Il a noté la fin de l'exception bordelaise et estimé "la situation préoccupante" sur Bordeaux et plus globalement en Gironde. D'autant que cette nouvelle augmentation affecte les plus de 75 ans. "Il faut redoubler de vigilance dans les centres commerciaux en particulier" ", où des médiateurs sociaux invitent les clients à ne pas être trop proches les uns des autres. La municipalité a également installé des chalets dans la ville pour éviter les attroupements dans les magasins au moment de faire emballer les cadeaux.
S'auto isoler
Au terme employé par le Conseil Scientifique de "s'auto-confiner", le professeur Malvy préfère la notion d'auto-isolement :
Si l'on a prévu, pour le réveillon, d'aller voir ses parents ou ses grands-parents, il faut, la semaine précédente, limiter ses contacts, ne pas prendre le risque de se retrouver dans des situations où l'on pourrait plus facilement être contaminé.
Télécharger l'application TousAntiCovid
Patrick Dehail, le conseiller médical du directeur général de l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine a fortement encouragé à utiliser l’application "TousAntiCovid", lancée par le Gouvernement, le 22 octobre 2020, pour casser les chaînes de transmission. Il résume :
Il faut télécharger TousAntiCovid, se faire dépister en privilégiant les tests RT-PCR et surtout appliquer gestes barrière.
Utiliser les tests mais ne pas en abuser
A l'instar du professeur Malvy, tous les interlocuteurs qui ont pris la parole ont rappelé que les tests n'étaient pas "un passeport d'immunité".
Patrick Dehail insiste de son côté : quelque soit le test choisi, ce n'est "qu'une mesure complémentaire", mais pas une "garantie" de ne pas être contagieux.
Les tests antigéniques réalisés par les laboratoires mais également par les pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes, sages-femmes et chirurgiens dentistaires soient moins fiables a-t-il expliqué :
"Les tests antigéniques ont une qualité, ils sont rapides. Lorsqu'ils sont positifs, ils permettent de confirmer qu'on est contagieux. Le souci, c'est que leur sensibilité varie selon le contexte. Si l'on est dans les premiers jours de symptômes compatibles à la COVID, on sait qu'ils sont efficaces. Si l'on n'a pas de symptômes mais qu'on a pris des risques dans la semaine précédante, leur sensibilité est acceptable. En revanche, si l'on n'a pas de symptôme et que l'on n'a pas pris de risques dans la semaine précédente, leur sensibilité chute. Et un résultat négatif ne signifie rien".
Le conseiller médical du directeur général de l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine a déclaré qu'il ne fallait donc pas se faire dépister systèmatiquement, les tests antigéniques pouvant induire une fausse sécurité.
Protéger le personnel soignant épuisé
De son côté, la Professeure Nathalie Salles, cheffe du pôle de gériatrie du CHU de Bordeaux, a jugé la situation très tendue. Plusieurs foyers de contamination sont actifs en gériatrie et en Ehpad. Il ne faut pas mettre "sous cloche" les personnes âgées qui pourraient développer des troubles psychologiques. Mais si les règles de visite se sont assouplies dans les établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes, "il faut garder son bon sens" pour protéger nos aînés et se protéger en maintenant les gestes barrière.
Une hot line "pour accompagner les professionnels de santé et améliorer la prise en charge Ehpad et à domicile" a été mise en place "avec agilité". Des équipes mobiles multidisciplinaires se déplacent d'Ehpad en Ehpad, de domicile en domicile" ce qui a permis de "fluidifier la prise en charge. Mais Nathalie Salles décrit une "souffrance émotionnelle forte, un grand stress et une anxiété" chez le personnel soignant dans les 3/4 redoutent une contamination.
Le Docteur Catherine Fleureau, Présidente de la Commission Médicale d’Etablissement du CHU de Bordeaux indique que les capacités en réanimation vont diminuer parce que le personnel a posé des congés. S'il fallait à nouveau les augmenter, il faudrait reporter ces congés alors que le personnel soignant à grandement besoin de souffler et de se reposer.
Les vaccins arrivent. Le CHU qui veut orienter sa stratégie vers les plus fragiles commence à mettre en place la logistique en lien avec l'ARS et l'Etat. Mais prévient Pr Denis Malvy, "ils n'éviteront pas la troisième vague".
Sur les réseaux sociaux, l'ARS liste les gestes à respecter pour réduire les risques pendant les fêtes :
Réduire ses contacts✅, éviter les situations à risques✅, limiter le nombre de convives✅… et après ?? Concrètement, comment on peut réduire les #risques durant les fêtes ?? ?Tous nos conseils dans la Check-list anti#Covid des fêtes de fin d’année? https://t.co/IwHZsWantb pic.twitter.com/bxp9peTiH6
— ARS Nouvelle-Aquitaine (@ARS_NAquit) December 8, 2020
Où se faire tester dans la métropole bordelaise ?
Entre cent et deux cents tests sont effectués chaque jour. Largement en delà des capacités qui s'élèvent à 2000.
Des tests de dépistage PCR sont réalisés gratuitement dans plusieurs lieux en Gironde. A Bordeaux, par exemple, vous pouvez vous faire tester du lundi au vendredi, de 13h à 17h cour Mably, et du lundi au samedi de 9h à 17h parvis de la gare Saint Jean.
Des laboratoires et des établissements sanitaires et médicaux-sociaux proposent également des tests PCR. L'ARS a publié la carte sur son site.
Enfin, 108 pharmacies font des tests anti-géniques dans la métropole.