Coronavirus. Regards croisés d'une psychanalyste et d'un médiateur sur le confinement des plus précaires

Que se passe-t-il dans les milieux où existent déjà de nombreux problèmes de vie quotidienne, de pauvreté, ou encore des milieux où il y a une forte concentration humaine ? Regards croisés entre une psychanalyste et un médiateur social sur le confinement des plus précaires.

→ REGARD DE PSY

Chantal Casarrangue, psychanalyste à Bordeaux, nous livre son regard sur le confinement des plus précaires.  

Confinement : contrainte ou solution

Ce confinement peut être vécu de façons différentes selon les personnalités, les conditions de vies, les milieux sociaux auxquels on appartient. Il s’agit d’une crise sanitaire, le confinement en est une contrainte ou une solution en partie.

Être confiné c'est aussi coexister

Le confinement ce n'est pas forcément la solitude, c’est aussi être coincé dans un espace ou il y a « des autres » auxquels on ne peut échapper et où les conditions d'existence ne favorisent pas des relations paisibles, une vie collective paisible. Là, il y a probablement du travail à faire.

 

Tous ces gens qui sont démunis, qui n'ont pas moins de civisme que nous, mais qui sont confrontés à des conditions de cohabitation difficiles. Alors que va-t-il se passer pour eux ? Comment les consignes sanitaires sont transmises pour qu’elles soient entendues et acceptées ? Comment les acteurs sociaux vont pouvoir relayer les problématiques ? Comment peut-on éventuellement leur venir en aide ?

Appréhender les réalités

Pour pouvoir élaborer des solutions il faut pouvoir appréhender les réalités. Il faut écouter les gens issus de ces milieux « défavorisés », dire leurs conditions, leurs besoins, leurs difficultés, leurs problèmes. Comment faire pour qu’ils participent à la résolution de cette crise ? Je crains qu’ils n’en soient des victimes silencieuses.

Pour ces populations, non pas en marge mais en autarcie du fait de processus d’exclusion, qui étaient déjà confinés avant le confinement et il ne s'agit pas de focaliser sur les cités, il y a aussi les sans domiciles fixes, les squats, les camps de réfugiés, la promiscuité dans les prisons… Tous ces espaces qui étaient déjà en crise (comme l’hôpital) souffrent davantage et révèlent encore plus LA crise.

Agir et réfléchir en un même temps

Cette crise sanitaire creuse des problèmes déjà existants et nous oblige à en prendre encore plus conscience. La difficulté est d’agir urgemment et de réfléchir en un même temps alors même que nous sommes confrontés à de nombreuses inconnues.

Propos de Chantal Casarrangue, psychanalyste à Bordeaux, recueillis par Nadia Adell
 

→ REGARD DE MÉDIATEUR

Entretien avec Charles Brandebourger du Centre Social du Grand Parc à Bordeaux.

Beaucoup de services d’aide et d’associations sont sur le pont et viennent en aide aux plus précaires, c’est le cas du Centre Social du Grand Parc à Bordeaux qui soutient et informe les plus précaires depuis le début du confinement.
France 3 : "Quelle est votre mission au sein du CSC ?"
Charles Brandebourger : "Je suis Médiateur Adulte Relais, c’est un contrat aidé et financé par les préfectures. Il découle de ce que nous appelions les « femmes relais » à l’émergence des quartiers, il s’agissait de femmes issues de l’immigration parlant et écrivant français qui facilitaient de manière bénévole l’accès à leurs droits des personnes arrivant sur le territoire." 
 
France 3: "Quel regard portez-vous sur le confinement des plus précaires ?"
Charles Brandebourger : "Le confinement n'est pas toujours simple pour des populations entassées dans des logements parfois insalubres ou exigus."

France 3 : "Pourquoi le CSC se devait de rester ouvert durant le confinement ?"
Charles Brandebourger : "Le rôle du Centre Social, durant cette période de confinement est de rester présent pour l’ensemble des personnes du quartier, notamment ceux  faisant partie des plus précaires. Maintenir un accès aux droits, permettre à chacun de ne pas se retrouver laissé pour compte pour des raisons qui pourraient être l’illettrisme (y compris l’illettrisme numérique), le handicap, l’âge, l’isolement…etc.
Nous sommes en relation étroite avec notre réseau partenarial, le maillage associatif du territoire bordelais et métropolitain afin de relayer toutes informations essentielles et les communiquer (et trouver le moyen de communication adapté) le plus largement possible."
 

Le Centre Social diffuse sur sa page Facebook : les attestations dérogatoires de déplacement et l’explicatif pour les remplir. Les numéros utiles, les infos de la CAF et de Pôle Emploi. L’accès à l'aide alimentaire.