Les professionnels sont inquiets. Comme les particuliers, ils feront face aux délestages de cet hiver. Chambre froide, caisse enregistreuse : ces coupures d’électricité annoncent de lourdes pertes financières.
Artisans et petites entreprises ne seront pas épargnés. Si les coupures venaient à se mettre en place, ils devront fermer boutique pendant deux heures. Les groupes électrogènes déjà installés pour pallier ces heures à vide pour les plus chanceux. Les autres craignent un nouveau coup dans un budget déjà serré.
"Il faudra jeter"
Daniel Eutrope est boucher à Sosse, en Lot-et-Garonne. Entre sa boutique et les marchés, l’électricité, c’est ce qui fait fonctionner son commerce.
On a les chambres froides, les trancheuses, les hachoirs…. Même les balances sont électriques”
Daniel Eutrope, boucher en Lot-et-Garonne
Impossible donc d’imaginer travailler pendant une coupure. Et si le boucher craint une perte des ventes, les matières premières sont sa première préoccupation.
“En deux heures, la surface de la viande s’est réchauffée, elle n’est plus bonne et il faudra la jeter, si ce n’est, parfois, le morceau entier”, envisage le boucher.
Des angoisses, que la Chambre des métiers et de l’artisanat tente de gérer, quotidiennement. “Même s’ils sont prévenus à l’avance, leur organisation fait qu’il y aura indéniablement des pertes”, explique Marianne Caritez, chargée de développement économique à la Chambre des métiers et de l'artisanat (CMA). Les horaires, de 8 h à midi et de 18 h à 20 h sont pour ces petites entreprises le cœur de leur activité et les pertes s’estiment pour certains déjà à plusieurs milliers d’euros.
Dirigeants et parents
Mais les contraintes vont bien au-delà de la gestion des stocks, qui concernent particulièrement les métiers de bouche.
Ils se demandent comment ils vont rémunérer leurs salariés, leur dire de venir ou non, comment ils vont gérer les enfants si les écoles ferment.
Marianne Caritez, chargée de développement économique dédiée à l'environnement à la CMA
La chambre, réunie en assemblée générale régionale, a écrit une motion de censure pour alerter le gouvernement sur des pertes colossales. Car si les métiers de bouches sont les premiers à venir à l’esprit, le secteur du bâtiment qui envisage déjà d’annuler des rendez-vous ou l’administratif qui utilise l’informatique seront également concernés.
En cas de coupure, c’est la connexion aux serveurs et aux imprimantes qui sera suspendue, et, dans ce cadre, même le partage de connexion ne sera pas une solution évidente.
“Nous sommes tous dans le même panier”
Artisans ou grandes industries : les coupures inquiètent à tous les niveaux. “Nous sommes tous dans le même panier”, assure Marianne Caritez. De son côté, la chambre de commerce et d’industrie rejoint ce propos.
Les petites entreprises attendent de notre part qu’on aille à la pêche aux informations, qu’on fasse entendre les voix individuelles. Ils ne veulent pas se sentir seuls. Les grandes, ont déjà prévu plusieurs scénarios.
Jean Dumesnil, membre associé en charge de l’industrie à la CCI
Des scénarios qui ne permettront pas de passer ces coupures sans dommage, malgré la présence de groupes électrogènes. “Ils visent plutôt une réduction de leur activité, tout en préservant leurs secteurs-clés.”
Informer et accompagner
La chambre a mis en place un site internet, Quipeutaidermaboite.fr, sur lequel des rendez-vous confidentiels peuvent être organisés pour répondre aux questions des entrepreneurs. “On fait aussi beaucoup de réunions où les chefs d’entreprises donnent leurs astuces pour limiter la consommation énergétique avec des achats groupés, ou pour mieux isoler ses locaux”, détaille Jean Dumesnil. Un sujet dont s’emparent particulièrement les petites entreprises.
Comme chaque trimestre, leur baromètre reflète l’état d’esprit des entreprises du département. “Il y a des dirigeants qui ont confiance dans le futur de leur entreprise, mais leur maître mot pour cette fin d’année, c’est la prudence avec une trésorerie qui est de plus en plus en tension”, résume Jean Dumesnil.
Lorsque des coupures seront annoncées sur le territoire, la chambre des métiers et de l'artisanat promet d’être au rendez-vous. Elle promet de relayer sur ses réseaux et par mail les informations “au plus tôt”.