La 32e Convention des intercommunalités se tenait cette semaine au Palais des Congrès de Bordeaux. Invitée, la Première ministre Elisabeth Borne a tenté de répondre aux élus qui demandaient un bouclier tarifaire face à l’explosion du prix de l'énergie.
Le silence se fait. L’équipe de la Première ministre, Elisabeth Borne, vient d'entrer dans le Palais des Congrès de Bordeaux. Sur scène, la conférence de clôture de la Convention des intercommunalités, dédiée aux relations entre l’Etat et les collectivités, se suspend quelques secondes.
Véronique Pouzadoux, maire de Gannat et présidente de la communauté de communes de Saint Pourçain Sioule Limagne (Auvergne-Rhône-Alpes) conclue par ces quelques mots : "aidez-nous à agir".
De fortes attentes
Avec la crise climatique et la guerre en Ukraine, les défis sont nombreux pour les 1800 participants de la convention. Au sein des intercommunalités, la transition écologique est engagée mais il faut réussir à la coordonner à des budgets serrés. En cause plusieurs facteurs : l’explosion des factures d'énergie, la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires, ou encore la suppression de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt local sur les firmes.
Bruno Lafon, maire de Biganos et président de la communauté de communes d’Arcachon Nord se désole de financements qu’il juge trop faibles : "On nous donne des prérogatives, comme la gestion de l’eau dans les communautés d'agglomération, mais il nous faut les moyens pour aller avec. Ce n’est pas le cas pour le moment." D’autres, comme Jean-René Etchegaray (divers centre), maire de Bayonne à la tête de la communauté de communes du Pays Basque, est en désaccord avec l'objectif "zéro artificialisation nette" de la loi climat et résilience.
Interview de Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne à la tête de la communauté de communes du Pays Basque, par Marie Neuville
“Il nous faut trouver une solution pour répondre à des injonctions [...] de développement, de création de logements sociaux et notre volonté de participer à la sobriété foncière”.
Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne et président de la communauté de communes du Pays Basque
La plupart des élus demandent l’instauration d’un bouclier tarifaire sur l’énergie pour toutes les communes, à l’image de celui limitant les hausses de prix à 15% pour les ménages. "Il faut qu'Elisabeth Borne ait conscience que nous, les maires, avons des difficultés à mettre en place des politiques publiques avec ce que coûte l’énergie. Nous ne pouvons pas supporter la charge de tous nos équipements, comme les piscines", ajoute l’homme politique bayonnais.
L'absence d'un bouclier tarifaire
Alors lorsque la Première ministre monte sur l’estrade, les élus sont tout ouïe. Le vocabulaire se veut dynamique. "Face à l’ampleur de la tâche, nous devons nous doter d’un plan de bataille", lance-t-elle. Pour ce faire, la Première ministre rappelle la mise en place, annoncée en septembre, d’un fond vert doté d'1,5 milliard d'euros pour financer la transition écologique.
Elle a également acté la pérennisation du versement mobilité financé par les entreprises de plus de 10 salariés pour les transports en commun (équivalent à 500 millions d’euros supplémentaires l’an prochain), ainsi que l’augmentation de la dotation de fonctionnement de 110 millions d’euros.
"Ce sont des annonces intéressantes, mais qui ne sont pas à la hauteur de la détresse des communes. Beaucoup ne savent pas comment boucler leur budget l’an prochain", estime Philippe Buisson (gauche), maire de Libourne et président de la communauté d’agglomération du Libournais. Même réaction du côté de Val de Garonne Agglomération : "Elisabeth Borne a du prononcer une quinzaine de fois le mot concertation. Elle a fait un discours très scénique, mais sans grande vision politique", regrette le président Jacques Bilirit (gauche), agacé par la rhétorique de la Première ministre.
Pour lui, une fois redistribuée à l’ensemble des communes, l’augmentation de la dotation de fonctionnement ne sera plus représentative. Il constate que le bouclier tarifaire tant attendu ne sera appliqué qu’aux plus petites communes. "Libourne n’est pas concernée", illustre lui aussi Philippe Buisson. Il a vu sa facture d'énergie s'accroître de 300 à 400%, et redoute comme de nombreuses autres communes qu'elle n'augmente encore.