Danse : le chorégraphe Angelin Preljocaj présente le ballet « Mythologies » à l’Opéra de Bordeaux, sur une musique de Thomas Bangalter

Le ballet mélange danseurs du ballet bordelais et ceux du célèbre chorégraphe contemporain. Ensemble, ils travaillent depuis près de deux mois pour livrer une œuvre unique. Les représentations débutent le 1er juillet 2022.

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On les aperçoit en transparence. En bas, à gauche, dans les escaliers, Alice Leloup profite d’une marche pour exercer sa cheville fragile. Plus haut un bras, gracile, cache un chignon. Celui de la soliste Ahyun Shin. Dans le bâtiment fait de verre et de béton, ils répètent. Non, ils créent. A la baguette : le chorégraphe Angelin Preljocaj.  Nous sommes à Aix-en-Provence au Pavillon Noir. Le fief du chorégraphe signé Rudy Ricciotti.

Le projet  été officiellement lancé l’été dernier. Et il n’est pas passé inaperçu. Le chorégraphe annonçait qu’il allait créer, pour l’Opéra de Bordeaux, une œuvre. Un ballet nommé "Mythologies" et dont la musique serait composée par Thomas Bangalter, ancien membre du duo électro mondialement connu Daft Punk. Il n’en fallait pas plus pour déchaîner la sphère culturelle aussi bien en France qu'à l'étranger.

 

Durant plusieurs mois le projet a germé. Angelin Preljocaj a notamment dû faire des choix. Il a sélectionné dix danseurs du ballet de l’Opéra de Bordeaux. Certains, avec qui, il avait déjà collaboré. Pour d’autres, c’était une première, mais il les avait vu danser et avait été convaincu. En avril, les Bordelais ont pu monter dans un avion direction Aix-en-Provence. Ils allaient intégrer le Pavillon Noir, fief d’Angelin Preljocaj, où les danseurs de son ballet les attendaient.

Quand école classique et contemporaine s’unissent

« Eux, ils sont vraiment gracieux », sourit Verity,  « j’adore regarder les danseurs de Bordeaux. Ils sont vraiment top ». La danseuse australienne du ballet Preljocaj est la preuve incarnée que ces deux écoles s’admirent. Deux mondes, classique et contemporain, que le chorégraphe avait à cœur de réunir. « J’ai une petite histoire avec le ballet de l’Opéra de Bordeaux,  rappelle le chorégraphe.

"Cela fait trois ans que je travaille avec eux régulièrement, avec une sorte de fidélité et de filiation. Et c’était un beau projet que de ponctuer cette collaboration avec une création mêlant ces deux compagnies ».

" Si ça se trouve, ça finira à la poubelle "

Les techniques de travail d’Angelin Preljocaj sont connues. Rien n’est figé. Ce jour-là, il ne répète pas, il créé. Tricote, puis détricote, tente, pour mieux mettre finalement de côté. « Tout ce que vous voyez, cela a jailli devant vous, ça n’existait pas hier », explique-t-il. A quel moment sera-t-il satisfait ? « Jamais ! Si cela se trouve cela finira à la poubelle ».

Le chorégraphe divise les vingt danseurs en quatre groupes de cinq. Il leur demande de se mettre côte à côte et de former ainsi quatre traits. Ils se rejoignent en deux lignes, puis en une. Forment finalement un cercle. Corps collés et visages souriants. Ils sont heureux. Heureux de participer à ce travail de création. Heureux de travailler avec l’un des plus grands chorégraphes au monde.

« Nous pouvons être un peu perdus »

Mais les débuts ont été parfois difficiles et déstabilisants. Riku Ota est premier danseur au ballet de l’Opéra de Bordeaux. A son arrivée à Aix, il a légitimement perdu ses repères. « Au début c’était difficile pour moi de capter le style de sa chorégraphie. J’avais déjà fait des pièces contemporaines avant, mais jamais les siennes. Et ce n’était pas évident de lui faire des propositions ».
Le danseur japonais a été nommé premier danseur à l’Opéra de Bordeaux peu de temps après son arrivée en 2019. Aujourd’hui il revient d’une blessure au pied. « J’ai toujours un peu cette peur dans un coin de ma tête mais c’est en train de passer. Si bien qu’aujourd’hui, danser est plus une joie qu’un stress ». Les premières semaines de travail n’ont donc pas été évidentes.

On est pas habitués à créer avec le chorégraphe. A Bordeaux, on n’a pas vraiment de création. Ici, les danseurs ont l’habitude de danser pour lui. Ils savent ce qu’il aime et ce qu’ils peuvent lui proposer.

Riku Ota, premier danseur au ballet de l'Opéra de Bordeaux

Source : France 3 Aquitaine

"Mais nous, parfois, nous pouvons être un peu perdus. Mais maintenant ça y est. Je me sens libre de danser et de proposer même s’il n’aime pas", poursuit le danseur.

Apprendre à improviser

Tangui Trevinal est le plus jeune. Il a 20 ans à peine. Une tête d’enfant, posée sur le corps d'une statue grecque. Le danseur natif de La Rochelle a déjà été sélectionné par de nombreux chorégraphes. Tête brûlée ? Pas du tout, nous dit-on. Un gros bosseur, talentueux évidement.
"Pour l’instant, on créé beaucoup de matériel chorégraphique et c’est ensuite qu’Angelin va décider où il va mettre tout cela dans le ballet. Il aime bien voir comment on réagit et décider, je crois, presque au dernier moment, qui va faire quoi pour nous laisser le temps de travailler et de proposer ce qu’on a à proposer".

Qu’a-t-il à proposer à seulement 20 ans ? « Pour moi c’est surtout beaucoup d’apprentissage. C’est une toute nouvelle expérience et du coup j’essaie de prendre un maximum d’informations. C’est super. J’avais déjà fait une création pour le prix de Lausanne il y a quelques années. Mais cela n’avait pas du tout la même ampleur. On était pas sur un ballet de plus d’une heure et demie ». Le jeune homme est donc confronté à un sacré défi, qu'il relativise : « Je crois qu’en étant jeune, je suis plus malléable. Je vais plus m’adapter à toutes les situations. Et cela me permet d’engranger un maximum de technique ».

Retour à Bordeaux

Ce jour-là, dans le studio résonne Vivaldi.  Le chorégraphe préfère travailler sur une autre musique que celle de Thomas Bangalter, prévue pour la représentation. «C’est pour ne  pas installer les danseurs dans un confort et pour expérimenter le même mouvement mais avec des qualités différentes », explique-t-il.

On arrive à développer presque musculairement d’autres sensations et après on met Daft punk. Et à chaque fois il y a quelque chose qui se passe de différent. Tout cela est mémorisé, inconsciemment ou non, dans le corps du danseur et cela enrichie finalement l’interprétation .

Angelin Preljocaj, chorégraphe

Source : France 3 Aquitaine

 

Depuis peu, tous sont désormais de retour à Bordeaux. Ils finalisent « Mythologies ». La musique de l’ex duo de Daft Punk est introduite au compte-goutte au processus de création. La première représentation aura lieu le 1er juillet.

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