Fermées depuis mars 2020, les boîtes de nuit françaises n'ont toujours pas d'horizon. Aucune date n'a été arrêtée à ce jour, et pour Patrick Malvaës, président du syndicat national des discothèques, "la date du 1er juillet n'est pas souhaitable".
Oui ? Non ? Avec un pass sanitaire ? Une jauge à 50 % ? Des distanciations sociales sur la piste de danse ? Avec un test salivaire à l'entrée ? La date de réouverture des discothèques n'a pas été fixée, le protocole sanitaire non plus. C'est "le flou total" pour la profession qui s'agace.
Réunion le 12 mai avec Bercy, la Santé et les discothèques
Ce mercredi 12 mai à 20 heures, une réunion en visio est prévue avec notamment Alain Griset, ministre des PME, Marie Francolin, directrice adjointe du cabinet du Ministre de la Santé Olivier VERAN et les représentants des discothèques. L’ordre du jour porte sur les questions relatives aux protocoles sanitaires dans les discothèques.
"Elle doit -nous l’espérons- permettre simplement de connaître la position du Ministère de la Santé et du Conseil Scientifique sur les conditions de notre réouverture puisque leur positionnement à l’égard de notre profession est étroitement lié", écrit Patrick Malvaës sur le site du syndicat national des discothèques et des lieux de loisirs dans une lettre adressée aux adhérents ce 12 mai. "Si nos interlocuteurs de la Santé jouent le jeu de la transparence, alors nous y verrons probablement plus clair. En tout état de cause, c’est le souhait que nous formulons".
Contacté par France 3 Aquitaine, Patrick Malvaës a démenti une information donnée par plusieurs médias concernant une réouverture le 1er juillet des boîtes de nuit. "Non ce n'est pas vrai, aucune date n'a été fixée. Et, selon moi, rouvrir le 1er juillet n'est pas souhaitable si c'est dans des conditions dégradées, des jauges réduites ou des distanciations imposés dans l'établissement".
Ouvrir le 1er juillet, ce serait ingérable et surtout pas du tout rentable. Autant attendre le mois de septembre pour accueillir notre clientèle normalement
"Encore une fois, le contenu d’un protocole sanitaire peut s’avérer suicidaire en termes économiques. C’est pourquoi, nous devons absolument traiter ce sujet au plus vite. Le seuil de rentabilité est la seule donnée qui compte réellement". Patrick Malvaës pointe du doigt des incohérences du gouvernement concernant les lieux habilités à rouvrir notamment "certains bars, les saunas ou encore les clubs échangistes et libertins qui ont le droit de rouvrir alors que la promiscuité y est certaine ! C'est n'importe quoi ! Et c'est une injustice ! Et nous discothèques, on est la seule profession toujours fermée depuis 14 mois en continu. On a d'ailleurs saisi avec l'UMIH le Conseil d'Etat pour discrimination".
Colère et discrimination
Patrick Lalanne est propriétaire depuis 22 ans de la discothèque"La plage" à Bordeaux. Il partage la colère de Patrick Malvaës. "Les restaurants vont rouvrir, les bars aussi et même les clubs échangistes et nous, on n'a toujours pas d'horizon ! Le gouvernement voudrait nous imposer des mesures sanitaires intenables comme les toilettes en extérieur !"
Je suis très en colère car cette situation est très injuste ! Je me demande si le gouvernement ne veut pas fermer définitivement les discothèques en France.
Le gérant de"La plage" n'a plus de salaire depuis 14 mois. Les aides de l'Etat lui ont permis de tenir trois mois. Sa discothèque emploie 83 personnes et a enregistré 8 millions d'euros en 2018. "En 2019, nous avons fait 6 millions d'euros de chiffre d'affaires, deux millions en moins car tous les samedis il y avait les manifestations de gilets jaunes à Bordeaux qui dégénéraient en fin de journée", raconte Patrick Lalanne. "J'ai dû utiliser mon argent personnel pour continuer à investir dans l'établissement. C'est dur de se dire que cet argent, c'est foutu pour la retraite après 25 ans de travail !" lance-t-il très amer. "Cet été, les bars mettront de la musique et en avant ! Et nous on sera toujours fermés !
Avant la pandémie, nous avions des entreprises florissantes et maintenant, après 14 mois de fermeture, on est endettés ! C'est dur.
Un plan de relance pour les discothèques
Les discothèques sont fermées depuis le 15 mars 2020 à cause de la pandémie. Jugés établissements très à risques, elles sont restées fermées l'été dernier. Le combat de Patrick Malvaës porte aussi sur les compensations financières pour aider les propriétaires qui "sont au bord de la faillite personnelle". "Ils ont dû donner des garanties aux banques mais au bout de 14 mois de fermeture, ils ne peuvent plus rembourser les mensualités et les banques ne veulent pas échelonner les remboursements de prêt. Et en plus, au bout de 14 mois de fermeture, leur discothèque n'a plus de valeur, le chiffre d'affaires est à zéro. J'ai négocié avec la ministre des PME une compensation financière".
Le syndicat national des discothèques a recensé 131 liquidations sans avoir connaissance de toutes les procédures d’observation, de redressements ou encore de sauvegarde. Il estime que "25% de la profession est en difficulté financière extrêmement préoccupante. Ce dernier chiffre à lui seul justifie la nécessité de mise en œuvre d’un plan de soutien d’accompagnement dans la durée et de relance de notre activité".
Le syndicat a proposé un plan de relance des discothèques au gouvernement "qui ne nous a pas répondu", assure Patrick Malvaës.