Plusieurs cortèges se sont élancés ce mardi 1er octobre dans la matinée, à Bordeaux, Pau, Bayonne et Périgueux. Les manifestants entendent faire pression sur le nouveau gouvernement et réclament, entre autres, l'abrogation de la réforme des retraites, des hausses de salaires, le maintien du service public.
Ils étaient plusieurs milliers à défiler dans les rues du pays ce mardi matin, à l'appel de la CGT, FSU et Solidaires, sur le thème des salaires et des retraites. En Aquitaine, des milliers de personnes se sont rassemblées à Bordeaux, Pau, Bayonne et Périgueux.
5 000 à Bordeaux
À Bordeaux, le cortège a réuni près de 5 000 manifestants, selon la CGT Gironde. Une manifestation pour rappeler au gouvernement le contexte de crise économique que certains vivent au jour le jour et la question des salaires, qu'ils veulent voir augmenter pour faire face à l'inflation.
Pour "un SMIC à 2000 euros"
Selon Stéphane Obé, de la CGT Gironde, il faut aborder la question de la répartition des richesses. "On veut la voir revenir dans la poche de ceux qui créent la richesse, les travailleurs et travailleuses, en augmentant les salaires". Le syndicaliste précise qu'à la CGT, on revendique "2 000 euros de SMIC, un point d'indice augmenté de 10 % et une échelle mobile des salaires, c'est-à-dire indexé sur le coût de la vie".
Dans le cortège, un homme en blouse blanche porte une pancarte sur l'épaule. Ce qui le révolte aujourd'hui ? "le manque de moyens à l'hôpital. On a des services entiers qui sont fermés. On ne répond plus besoins de la population, aux missions premières de service public". Pour autant, il veut rester combatif et ne se dit pas encore résigné. "Il faut qu'on se saisisse des négociations qui vont arriver sur les budgets, sur le financement de la sécurité sociale", espère-t-il.
On a besoin de la rue pour peser dans le rapport de force.
Un manifestant à Bordeaux
Un millier à Pau comme à Bayonne
À Pau, le rendez-vous était donné à 10h30. Ils étaient près d'un millier de personnes à avoir répondu à l'appel de la CGT et à défiler dans les rues de la ville. Les enseignants notamment étaient très représentés affichant des banderoles : "Emploi, conditions de travail, salaires".
"Les professeurs sont mobilisés pour dénoncer ce qui se passe : un gouvernement illégitime, des baisses de budget dans tous les ministères dont le ministère de l'Éducation nationale", pointe un manifestant. Il ajoute "nous avons une baisse de budget qui se ressent dès la rentrée et nous empêche de fonctionner : un manque de personnel, des baisses de dotation horaire, des classes surchargées"...
Parmi les manifestants dans le cortège, deux jeunes filles, encore au lycée justifient leur présence. "Même quand on est lycéen, je pense qu'il est important de s'intéresser à la politique de s'engager : c'est pour tout le monde !" affirme l'une d'elle enthousiaste. "La réforme des retraites, ça concerne tout le monde, et même nous, dans quelque temps. Il faut l'abroger !" conclut-elle. Sa voisine du même âge surenchérit : "de plus en plus, les idées politiques se perdent et sont beaucoup influencées par les réseaux. Les jeunes, il faut les inciter à se renseigner et à avoir leurs propres idées".
Une urgence sociale
À Bayonne également, le nombre des manifestants avoisinait le millier. Patricia Glory, secrétaire générale à l'union locale CGT de Bayonne, estime qu’il y a aujourd'hui " une urgence sociale à exiger d'augmenter les salaires, que ce soit en augmentant le smic, sur lequel le gouvernement a la main et l'indexation des salaires sur les prix".
Cette désespérance sociale fait le lit du Rassemblement national
Patricia GlorySecrétaire générale à l'union locale CGT de Bayonne
Et d'ajouter qu'aujourd'hui, les gens qui travaillent "ne vivent pas de leur travail. Revaloriser le travail, ça passe par revaloriser les salaires pour que les gens puissent vivre dignement".
Égalité salariale et défense du service public
En Dordogne, ils étaient entre 300 et 500 à la manifestation de Périgueux ce mardi matin. D'autres mobilisations étaient prévues à Bergerac et Sarlat.
Elodie Lagarde, secrétaire adjointe à la FSU Dordogne, explique la mobilisation sociale par "la défense du service public qui est en grand danger".
Selon Mathieu Leroch, secrétaire général CGT Dordogne, la mobilisation est d'abord politique. "On se retrouve avec un gouvernement issu d'un parti qui a fait moins de 5 % aux législatives". Mais la revendication principale reste "la revendication l'abandon de la réforme des retraites qui a été entérinée malgré l'opposition de 80 % des Français, de la majorité des députés qui n'ont pas pu s'exprimer à cause du 49.3".
"Revalorisation salariale, égalité salariale femme-hommes, perte de pouvoir d'achat" sont sur toutes les lèvres des manifestants.
La pression sur le nouveau gouvernement
Ce 1er octobre, le syndicat CGT annonce une mobilisation soutenue. L'organisation syndicale recense 185 rassemblements ce mardi, contre plus de 200 le 1er mai et 250 lors de la dernière journée de mobilisation contre la réforme des retraites en juin 2023.
Du côté des transports, la CGT et Sud Rail (Solidaires) ont appelé les cheminots à faire grève, mais le trafic semblait "normal" pour les TGV, conformément aux prévisions de la SNCF. Seules quelques perturbations légères sont à noter pour certains trains régionaux et Intercités.
Pour les syndicats, choisir cette date du 1ᵉʳ octobre, jour du discours très attendu de Michel Barnier dans lequel il dévoile le cap de sa politique générale, c'est aussi dans l'idée de "mettre la pression" sur le nouveau gouvernement sur les questions sociales.
Contrairement à la bataille unitaire contre la réforme des retraites, la CFDT, FO, la CFE-CGC, la CFTC et l'Unsa ont refusé de se joindre à la mobilisation. Ils estiment "prématuré" une telle mobilisation le jour du discours du Premier ministre, préférant des "revendications plus ciblées" à l'avenir pour plus d'efficacité.