Influenceur sur les réseaux sociaux, Martin Petit est tétraplégique depuis un accident de plongeon en 2017. Il se sert de son audience pour parler ouvertement du handicap et sensibiliser le plus grand nombre.
Sur la dernière photo postée sur son compte Instagram, Martin apparaît tout sourire, dans son appartement bordelais aux cotés de Tibo Inshape. Il y annonce avoir tourné une vidéo avec le Youtubeur, qui figure dans le top 10 des personnalités françaises les plus suivies dans l'hexagone sur la plateforme.
"Evidemment on ne parlera pas de course à pied, mais de la tétraplégie, et [on va, ndlr] un peu partager mon quotidien avec vous, précise Martin, alias @el_marticino sur Intagram, à l'intention de ses 63 000 followers.
Atteint à la moelle épinière
Car Martin Petit, 28 ans, est lui aussi un influenceur. Il poste régulièrement des photos de lui devant le Miroir d'eau à Bordeaux, en train de survoler Barcelone ou de vanter les mérites d'un substitut de repas ... Des posts souvent agrémentés de citations, de pensées, ou d'explications sur sa tétraplégie et très largement likés et commentés."Le plus difficile a été de donner du sens à ce qui m'est arrivé". Ecoutez l'interview de Martin Petit ►
Depuis plus de deux ans, Martin est en fauteuil roulant. Un mauvais plongeon sur une plage landaise en août 2017 rend ce grand sportif tétraplégique "Je me suis fracturé la cervicale C5 , et j'ai eu une atteinte sur la moelle épinière au niveau C6 – C7", précise-t-il.
S'en est suivi un séjour en soins intensifs à Bayonne, puis une longue rééducation à Cambo-les-bains au Pays basque, puis la Tour de Gassies à Bruges en Gironde. Si Martin est atteint aux quatre membres, il peut encore bouger ses épaules, ses biceps ou encore ses poignets. "Ça me donne énormément de possibilités", assure-t-il.
"J'avais besoin de me projeter"
C'est pendant ces mois de rééducation que Martin a intensifié son usage des réseaux sociaux. D'abord pour y chercher de modèles. "J'avais besoin de me projeter, se souvient-il. On avait beau me dire qu'un jour j'allais pouvoir conduire à nouveau, je ne voyais pas comment. Je suis allé chercher des vidéos de mecs en situation de handicap, qui montraient comment ils faisaient pour conduire leur voiture. Et là, j'ai pu m'identifier, me dire que c'était possible".Sur Youtube et Instagram, Martin se met également en scène. Finies les photos de ses séances de course à pied ou de son corps dessiné par la musculation. Il ne cache rien de ses accès de découragement. "Mon compte Instagram n'aura plus le même effet et ne sera plus une galerie de mes beaux moments", prévient-il trois mois après son accident.Je ne sais pas si je remarcherai un jour. Mais je sais que je ne veux pas mettre toute mon énergie à attendre un éventuel miracle.
Dans ses posts, le jeune homme raconte "l'enfer" de la réanimation, "la douleur oppressante", "le bruit des seringues qui se vident" . Il fait un décompte de ce qu'il ne fera plus jamais : le ski, le roller, sabrer le champagne, serrer la main de LA fille… Puis au fil des mois, se fait plus positif et apparaît souriant avec ses proches, au bord d'une piscine, ou dans les rues de Bordeaux.
J'ai eu une phase où j'ai compris que j'allais devoir accepter ma situation, si je voulais avancer
"Je ne sais pas si je remarcherai un jour, explique le jeune homme. Mais je sais que je ne veux pas mettre mon énergie à attendre un éventuel miracle. Si la recherche avance et qu'on trouve quelque chose tant mieux. En attendant, j'essaie de rendre tout ce qu'on m'a donné".
A son tour donc de donner de la visibilité au handicap, ou d'expliquer les troubles associés à la tétraplégie, sans tabou. "Ce n'est pas seulement ne pas pouvoir bouger. Je dois porter une sonde. J'ai souvent froid et je mets du temps à me réchauffer, j'ai aussi des spasmes, des fourmillements, des sensations de brûlure..."
Sur sa chaîne Youtube, Martin Petit raconte son quotidien
Inclusion
Sur les réseaux et dans les médias où il a pu être invité (M6, Touche pas à mon poste…), Martin défend également l'inclusion des personnes en situation de handicap, et espère que sa visibilité en inspirera plus d'un.
"On ne sait jamais, si un boulanger entend mon message, peut-être qu'il aura envie de poser une rampe pliable, pour permettre aux personnes en fauteuil roulant et électrique de venir dans son commerce.
Ou qu'un loueur de vélo proposera des vélos adaptés dans son parc locatif".
"Je sais peut-être un peu plus où je vais que quand j'étais valide"
Et quand on s'étonne de sa résilience, il assure que son accident ne l'a pas transformé. "Je suis le même qu'avant, j'étais déjà assez rêveur et utopiste. Forcément, je suis beaucoup plus porté sur les questions de handicap. Je sais peut-être un peu plus où je vais que quand j'étais valide"
"Le plus difficile, ça a été de pouvoir donner du sens à ce qui m'est arrivé. Et moi je retrouve du sens dans le fait de me sentir utile", poursuit-il dans un sourire.