Un drone et son "colis" ont été pris dans les filets de protection installés au-dessus d'une cour de promenade de la prison de Gradignan. Drogue, nourriture, arme ? On ne sait pas encore ce qui était transporté. Les gardiens s'inquiètent pour leur sécurité.
C'est dans la journée du samedi 28 janvier qu'est survenue cette tentative d'intrusion d'un nouveau genre.
"Tous les coups sont permis pour faire entrer de la marchandise"
Un petit engin volant est repéré par les gardiens en charge de la surveillance extérieure. Il s'agit d'un drone transportant un colis.
"Il s'est échoué sur le filet anti projections de la cour ouest" indique Hubert Gratraud, le délégué FO justice du centre pénitentiaire de Gradignan, pas vraiment surpris.
On savait que ça allait arriver un jour. C'est chose faite
Hubert Gratraud - FO justiceà France 3 Aquitaine
D'habitude, c'est par-dessus les grillages et les murs d'enceinte que les proches des détenus tentent de faire passer toutes sortes de marchandises et en particulier de la drogue.
Les filets ont été posés pour les en empêcher. "Elle arrive aussi à pénétrer par les parloirs" assure Hubert Gratraud, "Tous les coups sont permis pour faire entrer de la marchandise. On sait que les stupéfiants permettent de canaliser la population carcérale. Ils permettent aussi à certaines personnes à l'intérieur de gérer un business".
Le Uber Eat des airs
Le drone est une solution moderne à un trafic établi. "J'appelle ça le Uber Eat des airs. Il peut transporter des stupéfiants, des téléphones portables ou des denrées alimentaires. Mais ce qui nous inquiète, ce sont les armes".
Depuis l'extérieur un drone peut très bien transporter une arme de poing, un couteau, des explosifs
Hubert Gratraud - FO justiceà France 3 Aquitaine
"On demande à l'administration pénitentiaire d'anticiper". Sollicitée, la direction de la prison de Gradignan n'a pas souhaité faire de commentaires.
Moyens de brouille et d'interception
Des "livraisons" aériennes ont déjà été effectuées, avec succès, dans d'autres prisons en France, comme le montrent ces photos issues d'images de vidéosurveillance.
À Fresnes, en région parisienne, quatre téléphones portables et des produits stupéfiants ont été interceptés le 23 octobre 2022. Cinq ans auparavant, en août 2017, à Valence, dans la Drôme, un drone a réussi à atterrir dans la cour de promenade en pleine après-midi. Le contenu expédié n'a jamais pu être retrouvé.
Outils anti drones
Pour contrer le phénomène, des pistolets anti-drones et appareils de brouillage peuvent être efficaces. "Il y a des moyens de fréquences qui permettent de brouiller l'accessibilité du drone au-dessus de l'établissement. On doit y penser, mais il faut le faire vite, avant qu'il y ait un drame" prévient Hubert Gratraud. Il demande une réflexion en urgence alors que les travaux de la nouvelle prison de Gradignan sont en cours.
"L'architecture du nouvel établissement pénitentiaire a été fait pour qu'il n'y ait pas possibilité de projeter des objets depuis l'extérieur. Il va falloir aussi réfléchir au problème des drones".
Celui qui a été pris dans les filets samedi dernier n'a, pour l'heure, pas encore été récupéré. "Il faut faire venir une nacelle" indique le syndicaliste qui ne connaît toujours pas le contenu de la cargaison.
Article rédigé à partir des réactions et images recueillies Karim Djbali et Sylvie Tuscq-Mounet