Abandon du Dry January : "le lobby des alcooliers a eu peur de perdre des parts de marché"

Alors que le gouvernement recule sur l'idée de lancer un mois de Janvier sans alcool dès 2020, le directeur de l'ANPAA  (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie) en Nouvelle-Aquitaine dénonce une manoeuvre du lobby des alcooliers.

Le "Dry January à la française", soit une campagne gouvernementale pour  mois de janvier sans alcool semble bel et bien condamné. L'initiative s'inspirait des Anglo-saxons qui, chaque année depuis 2013, mettent leurs concitoyens au défi de cesser ou diminuer leur consommation d'alcool pendant le mois de janvier.

Même si elle n'avait pas été annoncée officiellement, une déclinaison de cette campagne était prévue en France pour le mois de janvier 2020 a assuré une source de l'agence sanitaire Santé publique France auprès de l'AFP. 
 

"Dérobade"

Pourtant, le 14 novembre, à l'issue d'une rencontre avec le chef de l'Etat, le co-président du comité Champagne assurait à la presse spécialisée que le "Janvier sec" n'aurait pas lieu. Des propos qui n'ont pas été confirmés par l'Elysée. 
"On a eu de source sûre une confirmation que la campagne ne serait pas portée par l'Etat", assure néanmoins Nathalie Latour, déléguée générale de la Fédération addiction, qui dénonce une "dérobade de l'Etat".
 
 

Lobby des alcooliers

"On a eu des alertes depuis plusieurs mois, reconnaît Philippe Dauzan, directeur de l'ANPAA, l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, en Nouvelle-Aquitaine.

Il n'y a pas si longtemps, le ministre de l'Agriculture a quand même déclaré que le vin n'est pas un alcool comme les autres !"  Le vin est pourtant à 13 degrés, quand la bière n'en compte que 4. Ce n'est pas innocent !"  Didier Guillaume a également déclaré trouver l'idée d'un mois sans alcool "aberrante" 

Pour Philippe Dauzan, il ne fait pas de doute qu'au-delà des viticulteurs, c'est le lobby des alcooliers qui est à la manœuvre dans ce revirement du gouvernement. "Ils sont trop forts, trop puissants, et ils ont peur de perdre des parts de marché, déplore-t-il, rappelant chiffres à l'appui que l'alcool en France est une question majeure de santé publique. 


Réfléchir à sa consommation

"Chaque année, l'alcool fait près de 45 000 morts! Le tabac en fait 78 000 et l'héroïne 1 800..." Le responsable régional de l'association salue la politique volontariste du gouvernement dans sa lutte contre le tabagisme, et la mise en place d'un mois sans tabac. 
 

Un mois sans alcool permettrait de mettre un coup de projecteur sur un produit qui n'est pas anodin. Au-delà des problématiques de santé, il y a aussi la sécurité routière, les violences faites aux femmes…

C'est un produit psychotrope qui a des conséquences importantes sur la vie en société.

Philippe Dauzan, directeur régional de l'ANPAA


Il estime qu'une telle initiative permettrait à tout un chacun de réfléchir à sa consommation, de faire une pause, et si besoin d'arrêter. Et promet que l'ANPAA repartira au combat. 
 

 

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