Fermeture des bars à 3 heures du matin : la préfecture de la Somme lance une expérimentation à Amiens

La préfecture de la Somme lance une expérimentation de 4 jours pour la fermeture des bars à 3 heures du matin. Les établissements du quartier Saint-Leu à Amiens pourront donc fermer une heure plus tard pendant quatre jours. Un test très attendu par les professionnels du secteur.

À la demande de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de la Somme, la préfecture a décidé de repousser d’une heure l’horaire de fermeture d’une douzaine de bars du quartier Saint-Leu, à Amiens. Ces établissements seront autorisés à fermer à 3 heures du matin et non plus 2 heures, comme actuellement. Quatre jours ont été programmés pour cette expérimentation : samedi 3 août et vendredi 30 août, mais aussi les soirées du 7 et du 12 septembre.

Une heure de plus pour une augmentation du chiffre d'affaires

Avant les fermetures longues durées imposées lors des confinements pendant la période du Covid, les gérants des bars d’Amiens étaient autorisés, par dérogation, à fermer leurs établissements à 3 heures du matin, cinq jours par semaine. Mais depuis trois ans, et le dernier confinement, un seul horaire a été retenu : 2 heures du matin pour ces bars. Alors, cette expérimentation est une bonne nouvelle pour la profession. "C’est un engagement économique pour ces bars qui ont été les oubliés du Covid. Nous avons 35 000 étudiants à Amiens qui fréquentent les bars de nuit du jeudi au samedi. En fermant à deux heures du matin, les patrons perdent 16 % à 20 % de leur chiffre d’affaires. C’est un horaire important pour l’activité", explique Bruno Asnar, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de la Somme, qui bataille, aux côtés des établissements, depuis plusieurs années pour rétablir ces fermetures tardives.

Cela va nous permettre de rattraper cette perte de clientèle et je vais pouvoir embaucher quatre personnes.

Jean-Vincent Duret, patron des bars le Délirum et le Rétro.

Les patrons de bar, eux, se réjouissent de pouvoir enfin ouvrir une heure plus tard. "C’est que du bonheur ! Cela va nous permettre de rattraper cette perte de clientèle et je vais pouvoir embaucher quatre personnes en plus dans mes deux bars. Deux barmans et deux agents de sécurité, qui viendront renforcer mes équipes pour la fermeture. Plus on avance dans la nuit, plus il y a d’alcool et la sécurité, c’est notre priorité", assure Jean-Vincent Duret, patron des bars le Délirium et le Rétro.

Une meilleure sécurité pour les consommateurs

D’après ces professionnels, le bénéfice n’est pas seulement économique. "Depuis trois ans, nos clients se plaignent que l’on ferme trop tôt. On est obligé de les faire sortir à 1h45 pour être sûr que le bar sera vidé à 2 heures. Après la fermeture, ils traînent dehors et les jeunes vont souvent se chercher de l’alcool au supermarché. Alors, lorsqu’on va pouvoir ouvrir une heure de plus, ils se sentiront davantage en sécurité dans nos bars et cela provoquera moins de nuisances sonores dans la rue", explique Julie Carlier, gérante du French, dans le quartier Saint-Leu qui a déjà fait de nombreux investissements pour isoler son bar. "Le chiffre d’affaires que va nous apporter cette heure supplémentaire va nous permettre de compenser les dépenses faites pour être aux normes acoustiques. Nous avons dû nous adapter à de nombreuses nouvelles normes ces dernières années", ajoute-t-elle.

Quand on reste dehors après une certaine heure, on s’expose à des agressions. On ne se sent pas vraiment à l’abri.

Paul, un client habitué des bars de nuit à Saint-Leu

Côté consommateurs, cette expérimentation de quatre jours était très attendue. Depuis que les bars ferment à deux heures du matin, nombreux sont les clients qui organisent leur propre after devant les bars, après la fermeture. "Avant que le bar ferme, on prend une dernière conso et on se pose sur la terrasse dès la fermeture. On y reste parfois une heure ou deux. On est souvent une vingtaine, des petits groupes", raconte Paul, 28 ans, un habitué des bars du quartier Saint-Leu. Pour lui et son groupe d’amis, ce n’est pas la solution. "Quand on reste dehors après une certaine heure, on s’expose à des agressions. On ne se sent pas vraiment à l’abri. Vivement que l’on puisse rester plus longtemps dans les bars. On est là pour boire des coups, autant que ça dure", confie Paul.

La solution des discothèques n’est pas non plus du goût des jeunes trentenaires et plus qui préfèrent les bars de nuit. "Les boîtes ne nous intéressent pas. La clientèle y est vraiment très jeune, la musique parfois inaudible et l'alcool très mauvais", témoigne Emeline, une autre cliente qui apprécie l’ambiance des bars à Saint-Leu.

Une heure de plus, cela paraît peu, mais d’après les patrons et leurs clients, le nouvel horaire de fermeture pourrait changer bien des habitudes. Les patrons de bars et la préfecture se sont mis d'accord sur les modalités du test : la fermeture à trois heures du matin se fera trois soirs par semaine, du jeudi au samedi.

Avant de pérenniser cette fermeture tardive, la préfecture souhaite, dans un premier temps, évaluer les conséquences en matière d’ordre publique et de tranquillité de voisinage. Une étude "quantitative et qualitative, basée notamment sur l’activité de la police nationale et municipale sera réalisée. Elle permettra d’envisager ou non cette autorisation à d’autres périodes de l’année", précise-t-elle dans un communiqué.

La réunion bilan avec tous les acteurs concernés est prévue mi-septembre.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité