Jeudi 11 juillet 2024, le cadavre d'une fillette de 18 mois était retrouvé dans une maison du centre-ville de La Ferté Macé (Orne). Plusieurs jours après le drame, la commune demeure sous le choc, et les langues se délient pour parler de cette famille désœuvrée.
"C'est un choc, pour le voisinage, mais aussi pour toute la population". Michel Leroyer ne se résout pas à accepter la sordide réalité du drame qui s'est produit dans sa commune la semaine dernière. Jeudi 11 juillet 2024, le maire de La Ferté Macé est prévenu qu'un bébé d'un an et demi vient d'être retrouvé mort dans une habitation du centre-ville, à deux pas de l'église Notre-Dame.
Le profil d'une famille "addict", en détresse financière
Dans cette petite maison mitoyenne au crépi défraîchit vivaient trois personnes. "Il y a quatre ou cinq ans, la mère est arrivée avec son fils. Ils venaient de région parisienne", rapporte l'édile. Le procureur de la République de Caen nous précise qu'ils sont respectivement âgés de 45 et 21 ans.
En revanche, le bébé et sa mère - âgée de 36 ans - ne sont arrivés qu'il y a un mois ou deux environ. "Lui était tombé amoureux de la jeune femme et depuis quelques semaines, ils vivaient tous ensemble", raconte Evelyne, une voisine. Elle dépeint une famille désœuvrée, plongée dans la détresse financière, sur fond d'alcool et de drogue.
On savait qu'ils avaient des problèmes financiers, beaucoup. Ils tapaient à toute les portes. C'était sans arrêt dès qu'ils étaient arrivés chez nous. Au début, c'était 2 €, puis 10 €, et les dernières semaines, ils nous réclamaient 20 €. Ils disaient que c'était pour la petite, pour aller à la pharmacie ou acheter à manger.
Evelyne, une voisine
La voisine confie avoir donné au début, puis arrêté ensuite. D'autant que depuis sa fenêtre, elle observait un triste spectacle. "Le matin, jusqu'à 10h, la jeune femme était très bien. Après, heureusement qu'il y avait les murs pour la tenir..."
"Je les voyais très souvent consommer des choses illicites, rapporte une autre voisine souhaitant garder l'anonymat. Dans la rue, j'avais un sentiment d'insécurité par rapport aux gens qu'ils fréquentaient."
Elle rapporte aussi la violence au sein du foyer. "Plusieurs fois, j'ai vu le jeune homme donner des coups de sacs à sa mère, mais je n'ai jamais vu de violences physiques envers la petite", poursuit-elle.
La "famille" encourt 30 ans de prison
"Ce drame est difficile à accepter au niveau de notre petite commune. Ce n'est pas possible à la Ferté Macé, ce n'est pas possible dans une petite ville qu'un drame comme ça puisse exister", se lamente l'édile qui depuis, ne cesse de s'interroger. "Est-ce que les familles ont été suffisamment accompagnées ? Est-ce qu'on a les moyens suffisant pour lutter contre les fléaux de la drogue et l'alcool ? Est-ce que nos services sont suffisamment présents pour éviter ce drame ?"
D'après le maire, des riverains seraient intervenus auprès de la gendarmerie, mais le CCAS n'avait pas de demande précise pour qu'on leur vienne en aide.
Michel Leroyer espère des réponses rapides pour éviter que d'autres tragédies similaires ne surviennent. En attendant, l'enquête avance. Après leur garde à vue, les trois membres de cette "famille" ont été mis en examen du chef de "privation de soins ayant entraîné la mort". Ils encourent une peine maximale de 30 ans de réclusion criminelle.
Les investigations menées jusqu'ici permettent de déterminer que, dans un contexte d'alcoolisation et d'usage de stupéfiants, aucun des trois adultes n'a, durant les jours précédént le décès, fait le nécessaire pour donner à l'enfant les soins essentiels dont il avait besoin.
Communiqué du procureur de la République de Caen
En revanche, l'autopsie pratiquée ce lundi 15 juillet n'a pas permis de déterminer si la mort de l'enfant était due à la seule privation de soins ou si des violences pouvaient aussi être à l'origine du décès. Des investigations médico-légales plus approfondies sont en cours pour en savoir plus.