Avec la hausse des prix de l'électricité, de plus en plus de communes décident d'éteindre leur éclairage public, pendant une partie de la nuit. La ville de Bordeaux a franchi le pas dans certains quartiers. Les avis des habitants sont partagés.
Une ville plongée dans le noir, la nuit. Il va falloir s’y habituer. À Bordeaux, les lampadaires sont désormais éteints de 1 heure à 5 heures du matin. La mesure ne concerne pas toute la commune, mais 57 % de l'éclairage public.
"Ce sont des quartiers résidentiels où le mode de déplacement ne nécessite pas ou peu d’éclairage urbain entre 1 h et 5 h du matin. Cela a été le fruit de concertations avec les acteurs économiques de la vie nocturne" explique Laurent Guillemin, adjoint au maire, chargé de la sobriété dans la gestion des ressources naturelles.
Cette décision de la municipalité doit surtout permettre d’alléger la facture énergétique et de faire des économies conséquentes. Objectif affiché : 880 000 euros d'économies sur une facture totale qui est d'environ 7,5 millions d'euros.
Sans oublier l’aspect écologique. Bordeaux, qui rejoint ainsi les 14 villes de la métropole qui appliquent déjà ce dispositif, espère aussi préserver la biodiversité malmenée par la pollution lumineuse.
Avis partagés
Mais la mesure ne fait pas forcément l'unanimité parmi les habitants, qui se préoccupent de leur sécurité. Suzan est étudiante et travaille comme serveuse la nuit dans un pub de la ville. Elle quitte l’établissement à 2 heures du matin. "C’est tellement sombre qu’on ne voit pas grand-chose, excepté les éclairages des vélos, s’il y a un danger, je ne peux pas le savoir, je pense qu’il devrait avoir des lumières, car on ne se sent pas en sécurité", estime-t-elle.
Les cyclistes, nombreux à Bordeaux, doivent également adapter leur conduite. Pour Ludovic Fouché, le président de l'association Vélo-Cité, " la nouveauté, c’est qu’ici, à Bordeaux, il y a plus de monde, plus de circulation, un centre urbain plus dense. Les vélos vont devoir s’adapter avec des difficultés d’un nouveau type comme le mauvais état de la route. On voit moins les trous, les ornières ".
Louise n’est pas non plus opposée à l’extinction des feux, "mais cela doit dépendre des quartiers". Chez elle aux Chartrons, la jeune femme explique n’avoir aucune crainte "mais cela n’est pas forcément le cas ailleurs".
Pour le moment, le centre-ville, très fréquenté la nuit par les Bordelais, n'est pas concerné par la réduction de l'éclairage public pour des raisons de sécurité. Mais le maire ne s’interdit pas de réaliser des ajustements en fonction des retours d’expérience.