Education et confinement : les oubliés de l’enseignement à distance

Après la fermeture des établissements scolaires pour lutter contre le coronavirus, certains élèves ont du mal à rester en contact avec leurs professeurs. Fracture numérique, zone blanche, ou volonté de rester en retrait : 5 % des élèves de l’académie de Bordeaux seraient concernés.

Dans la famille Mouchès Dabadie, il y a Milan, 13 ans, Siméon, 15 ans, et leurs deux parents. Confinés tous les quatre dans leur maison située à Langoiran, en Gironde. « C’est très compliqué pour le suivi pédagogique, voire insupportable », déplore leur mère, Marion Dabadie.

Il y des jours où internet ne fonctionne pas du tout. Le problème, c’est le haut débit. Mes deux garçons ont bien du mal à participer aux classes virtuelles. Ils en ont 6 par semaine en vidéo conférence. C’est très aléatoire, un jour ça marche, un autre pas du tout. Je les réveille néanmoins à 8 heures tous les matins pour qu’ils s’installent devant leur ordinateur. Au cas où… Heureusement, mes enfants ont accès aux documents PDF envoyés sur l’espace numérique de travail de leur établissement scolaire.


Certes, la commune de Langoiran, n’est une « zone blanche » numérique. Mais, comme dans de nombreuses autres zones rurales de la Gironde, elle ne bénéficie pas d’un débit internet optimum.  « Il faut donc faire attention, on essaie de s’organiser au mieux : nous sommes quatre à la maison, on évite de se connecter en même temps. Mais ce n’est pas toujours évident » conclut cette mère de famille.

Avis d'enseignants


Un silence qui inquiète les équipes pédagogiques. Toutes mobilisées depuis le début du confinement.  Exemple au lycée Jean Moulin de Langon en Gironde où les enseignants ont plus de mal à entrer en contact avec les élèves qui étaient déjà en difficulté avant le début du confinement. Loïc Duranton, professeur de SVT, reconnaît :

Ce n’est pas toujours très simple. On appelle les parents et on vérifie avec eux les connections. Néanmoins, dans certains cas, les familles se referment sur elles- mêmes. Alors on insiste mais on a un peu l’impression de faire de l’ingérence dans leur vie privée !!!


Mathilde est professeure des écoles à la campagne, dans un village du Sud Gironde et elle s’inquiète pour certains élèves :

J’ai très peu de nouvelles, une seule fois par téléphone, aucune communication via internet. Pourtant, l’école primaire a prêté 4 ordinateurs à certaines familles.  Malgré cela, silence radio. Je me suis aperçue que certains parents n’avaient pas d’imprimante à la maison, ils ne me l’ont pas dit mais je l’ai deviné, comme s’ils avaient un peu honte de ne pas être équipés.

Des enseignants qui se démènent pour assurer la continuité pédagogique en cette période si particulière. A Bergerac en Dordogne, la proviseure du lycée Maine de Biran, Marie-Charlotte Boutier, estime :

Globalement, on arrive à contacter chaque élève. On communique par internet mais aussi beaucoup par téléphone. Sur 1500 lycéens, seuls 10 d’entre eux ne sont pas joignables. Nous avons aussi prêté beaucoup d’ordinateurs aux familles nombreuses. Dans l’ensemble, nous n’avons pas recours aux services postaux. Une chose est sûre, les élèves sont demandeurs de ce lien qui les ramène à l’école, ils ont besoin de communiquer avec leurs camarades et avec leurs profs. C’est du lien social.

Comment éviter que le système d’enseignement à distance ne creuse davantage les inégalités entre élèves ?

Les syndicats tirent la sonnette d’alarme. C’est le cas de la Fédération des Conseils de Parents d’élèves de la Gironde. Laure Meurisse, parent d’élève à Cadillac, pense que la fracture n’est pas seulement numérique, elle est d’abord sociale :

Je pense que les élèves qui sont bien soutenus par leurs parents s’en sortiront mais malheureusement ce sera plus difficile pour d’autres qui vivent dans un environnement familial moins favorable.


Pour réduire ces inégalités, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer a annoncé le déploiement de plusieurs dispositifs : « Cet été, quand nous sortirons de la crise" un système de "colonies de vacances éducatives" devrait être mis en place pour les élèves qui en ressentent le besoin ».

La rectrice de l’Académie de Bordeaux, Anne Bisagni-Faure, lance un appel aux enseignants volontaires pour donner des cours de soutien scolaire durant la deuxième semaine des vacances de Pâques.

En outre, un appel est lancé aux collectivités et aux associations pour prêter du matériel informatique aux familles. D’autre part, un accord national a été passé avec la Poste qui va permettre à chaque professeur d’envoyer à partir de son ordinateur un document imprimé à un élève dépourvu d’équipement numérique. D’autre part, cet été, un système de colonies de vacances éducatives sera mis en place pour les élèves qui en ressentent le besoin. 

L’idée étant de s’inscrire dans la durée et surtout de ne laisser personne au bord de la route. Vaste programme….
 
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