L’IEF, l’instruction en famille ou à domicile en France est-elle menacée ? C’est en tout cas ce que dénoncent des parents installés à Albi (Tarn). Depuis deux ans, Jalil et Karen Arfaoui se chargent eux-mêmes de l’instruction d’une de leur fille et souhaitent faire de même avec la seconde. Mais cette nouvelle demande a été rejetée. Témoignage.
L’entrée en vigueur de la loi datant du 24 août 2021, dite “loi séparatisme”, modifie drastiquement l’instruction à domicile. Pour bénéficier de l’IEF, seuls quelques critères sont désormais requis : l’état de santé de l’enfant, une situation de handicap, l’itinérance de toute la famille, l'éloignement géographique de tout établissement scolaire public, la pratique d’activités sportives ou artistiques intenses, et "la situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif".
Dans le sillage de cette nouvelle loi, pour faire l’école à la maison, il faut désormais s’adresser au Dasen, le directeur académique des services de l’Éducation nationale. C’est lui qui donne son feu vert à une demande d’IEF. Cette année, de nombreuses familles comme celle des Arfaoui se sont vu refuser cette autorisation et devront peut-être se résoudre à scolariser leurs enfants dans des établissements scolaires.
Plusieurs recours déposés
Karen et Jalil Arfaoui, parents de Nora et Jade, se chargent depuis deux ans de l’instruction d’une de leurs filles. La seconde était encore inscrite dans un établissement scolaire, mais a demandé à pouvoir suivre ses cours à la maison, comme sa sœur.
On ne comprend pas la façon dont cette loi est appliquée
Jalil Arfaoui, père de Nora et Jade
Mais cette année, une grande partie des nouvelles demandes d’IEF ont été rejetées. Lorsqu’il a appris que son dossier avait été rejeté par le Dasen, Jalil Arfaoui a décidé de déposer un recours auprès du tribunal administratif de Toulouse (Haute-Garonne). “On ne comprend pas la façon dont cette loi est appliquée”, fustige le père de famille, qui déplore les “refus quasi-systématiques, y compris après recours et sans aucune justification”.
À Toulouse, les audiences de familles déboutées ont déjà commencé depuis la fin du mois de juillet. Mais les Arfaoui devront attendre, eux, jusqu’à la mi-août pour être entendus. “On cherche à obtenir un référé pour suspendre l’application du refus”, précise, ému, le papa. Déterminé à obtenir le droit de faire l'école à ses filles à domicile, il assure être dans son “bon droit”.
Plus de temps en famille
Depuis deux ans, les époux Arfaoui ont donc décidé de faire l’école à la maison. “Comme toutes les familles de France, en 2020, nous nous sommes retrouvés confinés. ça a été une période de prise de conscience pour nous. On s'est rendu compte que l’école à la maison était possible. On a pu ralentir, découvrir un autre rythme de vie”, explique Karen Arfaoui.
Nous avons organisé nos vies professionnelles autour de ce projet pour pouvoir passer du temps avec nos enfants
Karen Arfaoui, maman de Jade et Nora
Ce nouveau rythme de vie semble être bénéfique à toute la famille. “Nous avons organisé nos vies professionnelles autour de ce projet pour pouvoir passer du temps avec nos enfants”, raconte la maman.
Comme les Arfaoui, environ 62 398 familles avaient recours à l’instruction à domicile partout en France en novembre 2020, d’après les chiffres du ministère de l’Éducation nationale.