Confinement à Limoges : quand les parents font école à la maison

Depuis le lundi 16 mars, les écoles, collèges, lycées sont fermés et les élèves restent à la maison. Mais pas question de trainer devant la télé. Les cours sont assurés via des plateformes numériques. Une pédagogie inédite pour les jeunes et leurs parents.  

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Même si le réveil des enfants est un peu plus tardif...pas besoin de les conduire à l'école, (et ils peuvent même rester en pyjama!), les parents savent qu'une précision s'impose d'emblée au lever : "Tu n'es pas en vacances!!!"

L'organisation familiale

Et oui! pas toujours facile de motiver les plus jeunes : ils ne doivent pas quitter la maison, mais sont tenus d'ouvrir le cartable et les cahiers de cours. Parents et enseignants y veillent. Encore faut-il organiser la journée d'apprentissage. 

Chez nous, la plus jeune travaille dans le salon car elle a encore besoin d'aide, ses frères qui sont au collège et au lycée étudient dans leurs chambres. On jette un oeil mais on leur fait confiance, de toute façon, je serai bien incapable d'aider mon fils de seconde, surtout en math !


explique ce père de famille, qui se partage avec énergie entre son activité en télétravail, le travail scolaire, et la préparation des repas (pas de cantine, pas de restaurant!)  

La continuité pédagogique

Pour les cours et les devoirs, les parents et les enfants se reposent sur différents outils pédagogiques. 

Certains établissements ont fourni des codes d'accès à leurs élèves pour qu'ils profitent des enseignements du CNED. Sur "Ma classe à la maison", les élèves de la maternelle au lycée trouvent des exercices ou une classe virtuelle, en visio conférences, avec bien sûr l'appui de leurs professeurs.

Dans le second degrés, de nombreux enseignants ont choisi la continuité avec un espace numérique de travail qu'ils utilisent déjà au quotidien pour communiquer avec leurs élèves : pronote, sur l'intranet de leur établissement. Pour d'autres, ce système s'appelle "école directe"
 

Des enseignants avaient déjà mis en place des blogs pour entretenir le lien avec leurs élèves et les parents, plus que jamais utiles en cette période de communication à distance, c'est le cas de "Toute mon année"
 


D'autres enseignants encore échangent avec les familles par courriel.  

 

Est-ce que ça marche ? 

Restent que toutes ces solutions demandent d'avoir un ordinateur à la maison, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer estime que 5% des élèves n'en possèdent pas. La solution pour eux serait de récupérer les cours "papier" auprès des enseignants. 

Autre injustice de la fracture numérique : encore faut-il avoir une connection "internet" digne de ce nom, surtout quand plusieurs enfants l'utilisent pour leurs cours, en même temps que leurs parents en télétravail. 


Rapidement s'est posée la question du fonctionnement de ces différents espaces numériques de travail ou cours à distance.

Au premier jour de connection de 13 millions d'élèves en même temps, les différentes plateformes ont toutes connu des ratés. Et aujourd'hui encore, certaines tournent au ralenti. C'est ce qu'a constaté Garance ce matin. Elle prépare le bac, et cette situation ne l'amuse plus du tout : 

 

Au départ, on était content d'avoir lycée fermé et école à la maison. Finalement, pour nous les terminales, c'est compliqué, on a le bac. On ne peut pas avoir correctement accès aux cours par internet, le site est saturé. Si on reprend après la rentrée d'avril, ça va être galère pour le bac. 

D'autres élèves, comme Nathan, en seconde, se sentent isolés : 

C'est compliqué pour s'organiser. Il faut être tout le temps connecté car les enseignants rajoutent sans cesse du travail. Certains élèves comprennent rapidement, pour ceux qui ont besoin de plus de temps, le travail s'accumule, et il n'y a personne pour nous expliquer. 

Mathurin, en 5ème renchérit : 

C'est bien d'être à la maison, mais les profs ne peuvent pas nous expliquer ce que l'on ne comprend pas. Les parents, c'est pas leur travail, ils ne peuvent pas nous expliquer en détails. 

Du côté des enseignants aussi, on se pose des questions sur ces méthodes improvisées qui demandent l'implication des familles, comme cette professeure de CM1, à l'adresse des parents :

Vous êtes mis à contribution pour exercer un métier qui n'est pas le vôtre : enseigner. Je m'efforcerai de rendre cette tâche la plus simple possible, mais votre présence et votre suivi auprès de votre enfant seront indispensables pour réussir l'enseignement à distance et permettre à terme une reprise de l'école dans de bonnes conditions (...) Nous tâtonnerons les premiers jours mais nous y arriverons. 
 

Dans les écoles, les collèges, les lycées, certains enseignants profitent de ces échanges avec leurs élèves pour leur glisser des mots attentionnés. Et ça fait toujours du bien :
 

Je vous souhaite à tous, bon courage et espère vous revoir très bientôt au lycée "en vrai", car franchement, vous allez me manquer pendant les semaines qui viennent!, écrit une enseignante d'allemand. 

Réactions d'enfants


Coincés à la maison, loin des copains, des copines, de la cour de récré, de la maîtresse ou du professeur, nos enfants vivent une situation inhabituelle. Petite compilation de leur ressenti entre amusement et inquiétude
 

C'est bien parce que ça peut être comme des vacances, mais ce ne sont pas des vacances. Du coup, c'est difficile de se mettre à travailler. Maman travaille à la maison maintenant, alors quand j'ai envie de jouer, je ne peux pas parce qu'elle me surveille - Paloma, 12 ans


C'est vrai qu'à l'école on apprend un peu plus de choses qu'à la maison, mais c'est une façon plus ludique de faire son travail. Et je préfère quand même maman à la maîtresse - Arthur, 10 ans 

On peut se réveiller plus tard, et ça c'est pratique ! C'est comme des vacances avec un peu de travail, c'est bien - Léonille, 10 ans


 



Moi, j'adore l'école à la maison. Les copains ne me manquent pas encore, même si ça va arriver. Et puis quand je pense à la maitresse, je me dis que je suis quand même mieux avec papa ou maman - Mila, 9 ans

Franchement, ça me fait pas peur. Pareil pour les devoirs. Les copains, je les retrouve sur les réseaux sociaux - Octave, 12 ans

Je trouve que c'est inquiétant parce qu'il y a des risques pour notre santé. J'ai peur pour papy et mamie parce qu'ils sont âgés - Capucine, 9 ans
 









 
Entretien avec une institutrice en milieu rural (réalisé par Margaux Blanloeil)
On s’organise comme on peut. On a reçu des documents du rectorat avec les différentes solutions qu’on doit connaître si les personnes ont accès à un ordinateur ou non.  
Plusieurs options sont possibles pour assurer la continuité pédagogique. Hier, on était dans les écoles pour savoir comment s’organiser. Ça passe par les outils numériques, ou par téléphone. 
 
Moi, je prépare des cours, des exercices et je les envoie aux parents. C’est au cas par cas. On fait ce qu’on peut pour assurer la continuité mais il faut aussi que les parents nous aident à l’assurer en allant chercher les informations sur internet, en accompagnant leurs enfants, en corrigeant…
 
On échange beaucoup par mail avec les parents et on met les devoirs dessus.
 
 
Quel travail demandez-vous aux enfants ? 
 
On cherche vraiment des solutions pour que les enfants soient le plus autonomes possibles. De manière la plus ludique possible.
 
Je leur ai envoyé de manière quotidienne, un peu de français, un peu de mathématiques, des liens vers des vidéos. Il existe plusieurs plateformes d’apprentissage. On va utiliser tout ça pour transmettre du savoir.
 
 
Extrait d'un message envoyé aux parents envoyés :
 
«Je vous laisse le soin d’organiser le temps de travail de votre enfant à votre convenance à condition de respecter 2-3 heures de travail par jour. Je vous incite à réaliser les apprentissages dans un contexte, c’est à dire, faire de la cuisine pour travailler les quantités, mesurer les meubles, faire des jeux de société, petit bac, scrabble. » 
 
Est-ce important d'assurer la continuïté pédagogique ? 

C’est hyper important, si les enfants arrêtent de travailler, ils vont perdre des acquis. On ne sait pas combien de temps, ça va durer donc c’est important. On a bien conscience que ça va être compliqué.
Certains vont travailler et vont pouvoir le faire et d’autres non, certains n’auront pas la chance d’avoir un accompagnement nécessaire. Ça va creuser les écarts.
 
 
Quel regard vous portez sur cette situation ? 
 
Ça fait bizarre de ne pas voir ses élèves. 
C’est une première de faire la classe à distance, on innove. On n'est pas totalement seul puisqu’on a quand-même des liens à distance, avec le rectorat.


 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information